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Interrogé par le HuffPost,Youssef Chehbi, l’avocat du réalisateur marocain, a estimé que la décision du tribunal de Marrakech est «un signal clair de la part de la justice que quiconque ne pourrait avoir la qualité d’agir contre la réalisation d’un film».
Pour rappel, le long-métrage de Nabil Ayouch, évoquant dans un réalisme cru la prostitution, n'a pas été le bienvenu en son pays. Présenté pour la première fois, en mai dernier, à la Quinzaine des réalisateurs, à Cannes, il a déclenché l'ire des responsables politiques marocains et été cloué au pilori sur les réseaux sociaux. Il a notamment été interdit de diffusion sur le territoire national par le ministre de la Communication Mustapha El Khalfi, qui voyait en cette œuvre un «outrage grave aux valeurs morales et à la femme marocaine», bien que le réalisateur n'ait pas demandé de visa d'exploitation au Centre cinématographique marocain.
Il faut dire que la polémique autour de ce film révèle la mentalité de la société marocaine. Celle-ci est tiraillée entre la volonté d'accéder à la modernité, notamment matérielle et la volonté d'affirmer son identité religieuse, morale et culturelle. Deux camps se dessinent grosso modo dans la société: un camp majoritaire traditionaliste, toujours très attaché aux coutumes et plutôt arabophone; et le camp moderniste, généralement francophone favorable à la défense des libertés individuelles et à une véritable démocratie.
En effet, dans cette affaire, le Maroc a fait sienne la devise des trois petits singes: «Ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire». N'importe quel Marocain sait que la prostitution est une réalité dans son pays. Sur les réseaux sociaux, au moment fort de la polémique autour de «Much Loved», beaucoup s’étaient montrés virulents en postant leur diatribe filmée contre l’œuvre. Mais de nombreux reconnaissaient l'existence de la prostitution au Maroc. Simplement, il ne faut pas en parler. Cette réalité ne doit pas être livrée au regard des Marocains et au reste du monde, alors qu'elle crève les yeux. La donner à voir à l'écran est absolument insupportable dans une société traditionnelle où règne une certaine hypocrisie. L’idée de Nabil Ayouch était de créer un débat sur une question du quotidien. Or la prostitution est une réalité sociale au Maroc. Le film s'attache à la décrire avec un réalisme brut, il y a des scènes très crues, pas de doute là-dessus. Mais malgré tout, «Much Loved» est une œuvre de fiction. Malheureusement on s'est beaucoup plus intéressé au caractère sensationnel du film qu'à son contenu et à sa portée sociale.
Notons enfin que même si le film a été interdit de diffusion au Maroc, cela ne l’a pas empêché de cartonner en dehors du pays et de rafler de nombreux prix prestigieux. Dernier en date, celui du meilleur film francophone. «Much loved» a, en effet, remporté, lundi dernier, le Prix du meilleur film francophone lors de la cérémonie des «Prix Lumières de la presse étrangère», récompenses cinématographiques décernées chaque année par l'Académie des Lumières et qui rassemble quelque 200 correspondants de la presse internationale en France.