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La monnaie unique européenne à un nouveau plancher au-dessous de 1,20 $ : Crise de l’euro: le Maroc est-il menacé ?


Abdelouahed Kidiss
Mardi 8 Juin 2010

La monnaie unique européenne à un nouveau plancher au-dessous de 1,20 $ :  Crise de l’euro: le Maroc est-il menacé ?
Les mauvaises nouvelles conjoncturelles et financières de ces dernières semaines ne sont vraiment pas agréables. L’euro, de nouveau plonge, lundi, à son plus bas niveau depuis quatre ans. Ce déclin de la monnaie unique malmène les principales places financières internationales et ne facilite pas non plus les choses aux partenaires méditerranéens, dont le Maroc. Les effets de la crise budgétaire européenne commencent à faire tâche d’huile. Le risque de contagion des problèmes d’endettement public est désormais avéré : après le lot de désolation au sujet de la Grèce, on parle d’une faillite de la Hongrie (sous perfusion du FMI). La situation devient plus compliquée avec la révision à la baisse de « l’Investment grade » de l’Espagne, notre 2ème partenaire européen après la France et les nouvelles mesures d’austérité annoncées dans la zone euro, sans oublier la dégradation de la situation financière du Japon. Autant d’éléments qui ne font qu’enfoncer l’Occident dans l’abysse financier.
Pour bon nombre d’analystes, il est difficile d’entrevoir une lueur au bout du tunnel de la dette souveraine en Europe. S’agissant de l’euro, qui s’est installé, lundi, au-dessous de la barre de 1,20 $, «il pourrait y avoir un peu de résistance autour de 1,18  dollar», mais les stratégistes sur les marchés de changes s’attendent à un recul jusqu’à 1,15 dollar pour un euro.
Question : A qui profite la baisse de l’euro ? A tous les exportateurs de la zone euro, en l’occurrence l’Allemagne dont la croissance est tirée par le commerce extérieur, mais aussi la France et l’Italie, dont « les exportations deviennent mécaniquement plus compétitives face aux produits américains et à ceux des Etats émergents dont les monnaies sont arrimées au dollar». En revanche, la baisse ne profite pas aux ménages et aux secteurs consommateurs de matières premières: la baisse de l'euro renchérit le coût des matières premières, libellé en dollar.
Pour le Maroc, dont l’essentiel des échanges commerciaux est concentré sur trois pays européens (France, Espagne et Italie), la baisse de l’euro signifie avant tout une dégradation des agrégats extérieurs, en l’occurrence la balance des paiements. Par ailleurs, le rétrécissement du pouvoir d’achat des consommateurs européens dont nos MRE, pourrait se traduire par une baisse des flux touristiques et une baisse de recettes de voyages.

Répercussions négatives

Les nouvelles politiques budgétaires en Europe, visant à réduire les déficits publics, pourraient ramener une baisse de consommation et donc moins d’importations. In fine, le Maroc, pays importateur net, verrait sa balance commerciale aggraver son déficit. La plupart des analystes marocains estiment que «les menaces d’une propagation de la crise budgétaire vers notre économie sont intimement liées à l’évolution du commerce extérieur, des avoirs en devises, des recettes touristiques et des investissements étrangers émanant de la zone euro».
Les analystes de la banque d’affaires Attijari Capital Market ne laissent aucun doute sur les répercussions négatives de la baisse de l’euro sur l’économie marocaine : « Du point de vue des exportations, l’Europe se place, d’une part, comme principal partenaire du Maroc, participant dans les transactions commerciales à hauteur de 66% au terme du mois de mars 2010, contre 64.3% en 2008. Le déficit commercial à l’égard de l’Europe est d’ailleurs ressorti à 58.5% du déficit global en 2008. De plus, nos exportations sont principalement dirigées vers la France, l’Espagne et l’Italie, avec une part en 2010 respectivement de 23.7%, 15.2% et 4.8%, ce qui laisserait croire qu’un freinage d’activité dans ces pays réduirait le volume de nos échanges, induisant ainsi un creusement du déficit commercial.  
D’autre part, si la monnaie unique, qui constitue 63.3% du total de nos recettes en devises au terme de mars 2010, s’attarde dans sa descente en enfer, elle condamnerait la valeur de nos exportations, entraînant la poursuite de la détérioration de nos avoirs en devises entamée depuis l’avènement de la crise financière en 2008. Cette tendance s’est poursuivie au premier trimestre de 2010, avec un repli de 10% au terme du mois de mars, contre un recul de 6.9% un an auparavant et de 4% en décembre 2009, en évolution annuelle. La détérioration de nos avoirs en devises a fortement pesé sur la liquidité de notre système bancaire au cours de l’année 2009 ».   
Cela dit, la monnaie unique coulait à pic, et rien ne dit qu’elle pourrait se redresser dans les prochains jours. Chez nous, l’ambiance est à l’insouciance : le marché boursier casablancais reste invariablement orienté à la hausse. Du côté de l’économie réelle, après un premier trimestre réellement paresseux, le marché interbancaire pâtit encore du problème de liquidités. Bank Al Maghrib a de nouveau servi 22 milliards DH, au titre des avances à 7 jours. Des montants de plus en plus supérieurs dans le but de stabiliser le marché monétaire. De même, le Trésor fait constamment recours au marché intérieur des adjudications. Pour ce mois de juin, le Trésor établit ses besoins prévisionnels de financement à hauteur de 7,5 milliards DH. Ses tombées de près de 40 milliards qui s'étaleront sur le reste de l'année 2010, combinées au déficit budgétaire qui a atteint 4,5 milliards DH au terme du 1er trimestre confirment la continuité de la  tendance haussière des levées de cette année.
Alors, même si la croissance dans la zone euro devrait se contracter dans les trois prochaines années, nos analystes financiers pensent que «la conjoncture économique au Maroc n’inquiète pas pour le moment… ». Autrement dit, le doute sur la pérennité de la croissance au Maroc n’est pas permis !


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