
Le diplomate algérien connu par son professionnalisme et sa circonspection a-t-il manqué cette fois-ci de perspicacité dans l’affaire syrienne?
Il faut le croire.
En effet, le voilà mis hors course par l’opposition syrienne, l’une des parties essentielles dans ce conflit complexe pour avoir déclaré que la question d’une éventuelle éviction du président Bachar Al-Assad est prématurée. Ce qui est considéré par les opposants syriens comme une prise de position mal venue. Et donc ne peut être acceptée de la part d’un médiateur qui doit faire montre d’une impartialité sans faille.
Or, Lakhdar Ibrahimi se serait rendu coupable d’une parole de trop avant même d’avoir entamé sa mission de médiation dans un conflit loin d’être facile à aborder. La crise serait-elle devenue cet écueil sur lequel viendrait buter toutes les missions de conciliation ?
Pour preuve, celle de Kofi Annan, l’ancien secrétaire général de l’Onu et prix Nobel de la paix, un diplomate chevronné qui a dû abandonner sa médiation devant l’acharnement de Bachar Al-Assad à poursuivre sa tuerie faisant fi de toutes les initiatives pour une issue pacifique au conflit syrien.
Bien qu’elle ait eu l’aval à la fois du secrétaire général des Nations unies et celui de la Ligue arabe et aussi l’accord de Damas, il n’est pas sûr que la mission du médiateur onusien puisse connaître meilleur sort que celle de Kofi Annan.
D’ailleurs, les Etats-Unis, l’un des acteurs principaux de la scène politique internationale, n’ont pas manqué de dire qu’ils voudraient tout savoir de la teneur de la mission confiée au diplomate algérien avant d’exprimer leur accord.
Autant dire donc que la médiation de Lakhdar Ibrahimi ne se présente pas sous de bons auspices.
Comment le pourrait-elle alors que le régime syrien en place ne donne aucun signe de bonne disposition?
Le jour même de la célébration de la fête de l’Aïd, alors que Bachar Al-Assad et sa clique faisaient la prière se plastronnant devant les caméras de la télévision, les canons de l’armée bombardaient des villes syriennes déjà en ruine, alourdissant le bilan des victimes.
C’est à croire que Bachar Al-Assad est décidé à poursuivre le massacre effréné des Syriens et la destruction du pays jusqu’à l’anéantissement total.
Pendant ce temps, la communauté internationale pourra toujours continuer à palabrer pour essayer de sauver ce qui peut l’être encore d’un pays soumis à un dictateur atteint d’une folie sans nom.