
«L’intervention française qui a chassé les jihadistes du nord malien n’a pas pour autant résolu le problème», notait l’ancien juge anti-terroriste français Jean-Louis Bruguière, lors d’un passage à Nouakchott fin juin.
Les attentats du 23 mai dans le nord du Niger contre le camp militaire d’Agadez (24 morts, essentiellement des soldats nigériens) et contre un site d’uranium de l’entreprise française Areva à Arlit (un mort), ainsi que des combats fin avril/début mai dans le sud de la Tunisie entre l’armée et des éléments jihadistes, semblent lui donner raison.
Les attentats au Niger, ainsi que l’attaque le 1er juin de la prison de Niamey (trois gardiens tués, plusieurs islamistes évadés), ont été revendiqués par les Signataires par le sang, groupe de Mokhtar Belmokhtar, un des anciens dirigeants d’Al-Qaïda au Magheb islamique (Aqmi), tandis que Tunis accusait des membres d’Aqmi, «venus du Mali», d’être entrés en Tunisie.
Depuis les attentats de mai, le régime de Niamey sonne l’alerte sur la situation en Libye, dont le Sud est présenté comme un nouveau sanctuaire pour les islamistes armés.
«Les jihadistes qui ont fui le Nord Mali n’ont pas traversé notre frontière», affirme un haut gradé de l’armée tchadienne, très impliquée dans la lutte contre les islamistes armés au Mali aux côtés des soldats français. «Ils errent entre le nord du Niger et certaines villes libyennes aux côtés des islamistes libyens», affirme-t-il.
Outre les accusations de pays voisins, des experts et des diplomates occidentaux estiment également que le Sud libyen s’est transformé en sanctuaire où se sont reconstituées les cellules jihadistes depuis leur départ forcé du nord du Mali.
Des combattants et beaucoup d’armes étaient arrivés au Mali depuis la Libye lors du conflit de 2011 qui a renversé le régime de Mouammar Kadhafi. Les combattants et armes transitaient par les pays frontaliers comme le Niger ou l’Algérie, en profitant du chaos régnant après le conflit libyen.
Mais un retour au Mali des islamistes armés liés à Al-Qaïda n’est cependant pas impossible, estime un expert mauritanien d’Aqmi, Isselmou Ould Salihi.