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La guerre de blé n’aura pas lieu


Hassan Bentaleb
Lundi 15 Août 2022

Les Américains se veulent rassurants

La guerre de blé n’aura pas lieu
Le rapport américain sur les prévisions mondiales de grains, tant attendu, est enfin là. Selon les conclusions de ce dernier, la chaleur et la sécheresse, comme cela était redouté par certains analystes, vont affecter la production mondiale de maïs, particulièrement en Europe et aux Etats-Unis. Les prévisions du ministère américain de l'Agriculture (USDA) publiées vendredi tablent sur 1.179,6 millions de tonnes de maïs pour la campagne 2022/23, contre 1.185,9 millions pour cette saison. Toutefois, la bonne nouvelle demeure, notamment pour nos concitoyens, la hausse de la production mondiale de blé de +8 millions de tonnes à 779,6 millions de tonnes, grâce aussi à l'Australie (+3 millions), au Canada (+1 million) et à la Chine qui n'exporte pas (+3 millions). L'Union européenne, quant à elle, devrait perdre deux millions de tonnes de production par rapport aux projections de juillet, à 132 millions. Le dernier rapport sur les perspectives agricoles de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) concernant les perspectives à moyen terme des marchés des produits agricoles, a indiqué récemment que «les prix du blé devraient augmenter de 34% si les exportations de la Russie venaient à être réduites de moitié, et de 19% si les exportations de l’Ukraine cessaient complètement». En détail, ledit document de l’USDA a indiqué qu’en Europe, la production en maïs devrait chuter de 8 millions de tonnes à 60 millions avec un besoin d'importations supplémentaires de 3 à 19 millions de tonnes. La production américaine devrait, elle aussi, reculer de presque 4 millions de tonnes à 364,7 millions. L'USDA a ainsi listé les pays où les épisodes «d'extrême chaleur et de sécheresse» ont réduit les perspectives de récolte comme c’est le cas «en Roumanie, en Hongrie, en France, en Italie, en Espagne, en Bulgarie et en Allemagne». En revanche, le rapport a solidement révisé en hausse (de 5 millions de tonnes) la production de maïs de l'Ukraine qui devrait pouvoir exporter 3,5 millions de tonnes de plus, soit 12,5 millions. «On s'attendait à 9 millions» pour les exportations ukrainiennes alors que de premiers navires de céréales ukrainiens commencent à pouvoir quitter les ports au terme d'un accord international signé en juillet à Istanbul avec la Russie. Pour le blé, c'est la Russie qui prend le devant de la scène avec une production en hausse de 6,50 millions de tonnes à 88 millions, selon l'USDA. Les Russes vont pouvoir exporter 2 millions de tonnes supplémentaires et «prendre la place de numéro un en termes d'exportations», soulignait Gautier Le Molgat, analyste au cabinet Agritel. Les Ukrainiens vont aussi gonfler leurs exportations de cette céréale d'un million de tonnes par rapport à un mois auparavant, soit 11 millions de tonnes. «Ce n'est pas vraiment beaucoup quand on sait qu'en 2020, l'Ukraine exportait 17 millions de tonnes», tempérait l'analyste d'Agritel. Pour le soja, les chiffres du rapport américain tablaient sur une production en hausse à 392,8 millions de tonnes, avec une augmentation de 1,4 million notamment grâce aux Etats-Unis (+700.000 tonnes) et à la Chine (+0,9 million). Jason Roose, d'US Commodities, relativisait aussi ces chiffres. «Les données du gouvernement gonflent la récolte, dans certaines régions, c'est mieux en effet, mais dans d'autres, il nous faut encore de la pluie». «L'évolution du climat sera décisive pour prouver ces chiffres», ajoutait l'analyste. Le Maroc sera-t-il impacté par les effets de la chaleur et de la sécheresse sur la production agricole mondiale, particulièrement en Europe et aux Etats-Unis ? Difficile d’y répondre avec certitude puisque le Royaume a opté pour la diversification des sources d’approvisionnement en blé sur le marché international en se tournant vers l’Amérique latine. En effet, le Maroc a importé du blé lors de la précédente saison agricole, à partir de 25 pays issus d’Europe, d’Amérique du Nord, d’Amérique latine et d’Asie. Durant la première partie de la saison actuelle, le Royaume a fait ses commandes auprès de 15 pays, le Brésil et l’Argentine englobant notamment 41% des importations marocaines en février dernier. A noter que le consommateur marocain consomme en moyenne 200 kg de blé par an, soit trois fois plus que la moyenne mondiale. Pour les autres pays du Maghreb, le blé constitue un élément de base dans le régime alimentaire. Et c’est pourquoi le Maroc fait partie des pays du Sud et de l'Est de la Méditerranée qui captent 12% des importations mondiales de céréales alors qu'ils ne représentent aujourd'hui que 4% de la population du monde. Depuis le début des années 60, les importations nettes céréalières ont été multipliées par 20 au Maroc, par 21 en Algérie, par 13 en Tunisie et par 4 en Egypte. Les projections indiquent que ces importations devraient continuer de croître dans les années à venir pour satisfaire les besoins humains mais aussi la demande animale. Une situation que le Plan Maroc Vert ne semble pas avoir pris en ligne de compte puisqu'il a relégué l'incontournable notion de sécurité alimentaire aux calendes grecques, particulièrement en ce qui concerne la céréaliculture. A cet effet, il a été prévu de faire baisser de 22% les superficies qui lui seront dédiées en 2020 en espérant voir la production suivre une courbe contraire et passer de 53 millions de quintaux à 76 en cette même année, moyennant l'injection de quelque 11 milliards de DH.


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