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La gestion des déchets, un casse-tête marocain


Hassan Bentaleb
Jeudi 5 Décembre 2019

Aziz Rebbah, ministre de l'Energie, des Mines et de l'Environnement vient de se dédouaner de toute responsabilité concernant les résultats mitigés du Plan national des déchets ménagers (PNDM) lancé en 2008 et qui était censé mettre en place des décharges contrôlées dans toutes les communes urbaines du Maroc en 2015. En 2016, seuls 48% des déchets environ sont enfouis dans des décharges qui  répondent aux normes environnementales. Selon lui, la gestion de ce dossier est exclusivement du ressort des collectivités territoriales.
Intervenant devant la Chambre des conseillers, mardi dernier, le ministre a indiqué que l’Etat est intervenu dans la gestion de ce dossier afin de combler le manque en moyens dont souffrent les collectivités locales. « L’Etat a élaboré le PNDM afin devenir en aide à ces collectivités locales comme ce fut le cas avec le Programme d'électrification rurale généralisé (PERG) et le Programme national des routes rurales (PNRR2) », a-t-il souligné. Et de préciser : « En effet, ce dossier a l’air d’être facile à gérer mais la réalité est plus compliquée. Ce plan qui doit être achevé en 2022 a  englouti 40 milliards de DH en provenance du budget des ministères de l’Intérieur et de l’Environnement et de celui des collectivités locales. Cela a permis la réalisation de 52 décharges contrôlées. 21 villes et communes seront concernées sur la période 2019-2020 ».
Aziz Rebbah avance à ce propos que le véritable problème aujourd’hui réside dans l’incapacité des collectivités locales à assumer la transition vers des décharges modernes. « Nous sommes entrés dans l’ère des décharges modernes, mais nos communes n’ont pas les moyens d’y accéder. En effet, si le traitement d’une tonne de déchets ménagers coûte entre 50 et 70 DH/tonne dans les décharges contrôlées, son coût atteint les 200 DH dans les décharges modernes. Un coût difficile à supporter même pour les grandes communes », a-t-il expliqué. Et de poursuivre : « Il faut noter que le PNDM ne concerne que les déchets ménagers et n’englobe pas les déchets industriels, les déchets dangereux, les déchets issus de la transformation des olives en huile, les déchets éoliens… Des dossiers qui demandent de l’audace et une véritable révision. Il y a également le problème de l’immobilier qui plombe la gestion de ce dossier puisqu’il faut choisir des lots de terrain qui répondent à certaines conditions comme celle d’être situés loin des ressources en eau et de la population».
Selon un rapport du secrétariat d’Etat auprès du ministre de l‘Energie, des Mines et du Développement durable, chargé du Développement durable daté de 2019, une partie limitée des déchets industriels est éliminée/valorisée dans des unités adéquates avec un protocole d’acceptation conforme aux réglementations internationales en la matière. Les produits à valeur ajoutée potentielle (verre, plastique, bois, métaux, papier et carton) jouissent de propriétés physiques leur permettant d’être réutilisés et revalorisés. Plusieurs entreprises marocaines opèrent dans ce secteur vu le gisement important existant
sur le marché. Toutefois et malgré l'adoption de certains textes juridiques, la totalité des déchets industriels est récupérée, collectée, transportée et parfois valorisée de manière informelle.
Que faut-il faire ? « Notre département et celui de l’Intérieur sont en train de réfléchir sur une nouvelle forme de gouvernance de ce dossier en incluant le volet recyclage et valorisation des déchets », a-t-il annoncé en faisant allusion à la Stratégie nationale de réduction et de valorisation des déchets en le confiant au groupement de cabinets d’études qui vise entre autres à maximaliser la réutilisation, le recyclage et l’utilisation de matériaux de substitution respectueux de l’environnement au niveau de l’ensemble des 12 régions du Royaume et contribuer à la création d’emplois verts. En fait, le Maroc produit 6,3 millions de tonnes par an. L’industrie génère quant à elle plus de 1,5 million de tonnes annuellement dont 256.000 tonnes sont constitués de déchets dangereux et 6.000 tonnes de déchets médicaux.
Selon ledit rapport du secrétariat d’Etat, la gestion de ce secteur ne peut être considérée comme durable que si elle ne s’appuie que sur l’enfouissement des déchets collectés. En effet, et malgré les précautions prises, l’enfouissement demeure une option dont les impacts environnementaux sont souvent difficiles à maîtriser. Il est consommateur d’espaces, souvent au détriment de terrains agricoles productifs et n’est pas sans risques environnementaux (gestion des lixiviats, risque de contamination des ressources en eaux et des sols, émissions de gaz à effet de serre, etc.). D’ailleurs, avec l’accroissement continu du nombre de décharges, l’acceptation sociale des sites d’enfouissement contrôlés est de plus en plus difficile.
Par ailleurs et faute d'installations spécialisées suffisantes de traitement et d'élimination des déchets industriels et notamment des déchets dangereux, ces derniers sont souvent stockés sur des sites industriels ou dans des décharges non contrôlées.
Cette situation engendre de graves conséquences aussi bien pour la santé publique et l’environnement que pour l’avenir des activités socioéconomiques dans notre pays.
Sur un autre registre, ledit rapport indique que le Maroc a fait des progrès dans la définition d’un cadre de développement de filières basées sur des principes reconnus au niveau international suite à l’adoption de la loi-cadre portant Charte nationale de l’environnement et du développement durable
et de la SNDD. Cette dernière considère la gestion des déchets parmi les secteurs et activités disposant d'une haute potentialité de durabilité et présentant un caractère prioritaire en termes d'exigence de respect du développement durable.
En effet, elle a énuméré la « Promotion d’une gestion intégrée des déchets pour mettre en oeuvre une économie circulaire » parmi les axes stratégiques de mise en oeuvre du 2ème enjeu relatif à la question de «Réussir la transition vers une économie verte».
Aujourd’hui, le recours à l’économie circulaire (réduire, réutiliser, recycler), concept consacré par la SNDD, est considéré comme un chantier clé de la gestion durable des déchets et constitue une référence pour le lancement du Programme national de valorisation des déchets (PNVD) dont le principal objectif est le développement des filières de valorisation des déchets.


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