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La fièvre migratoire s'empare des patrons de la pêche artisanale

La morosité du contexte économique y est pour beaucoup


Hassan Bentaleb
Lundi 4 Janvier 2021

La migration irrégulière vers les îles Canaries n’est plus l’affaire des seuls jeunes à la recherche de l’Eldorado européen, elle touche désormais les professionnels de la pêche artisanale. Leur nombre reste inconnu, mais plusieurs sources ont corroboré cette information. Une vidéo circulant sur YouTube a confirmé également cette nouvelle tendance en filmant la traversée de plusieurs personnes avec femmes et enfants et qui se sont présentées comme des patrons de la pêche artisanale. «Ce phénomène est récent puisque nous n’avons jamais vu des professionnels de la pêche parmi les candidats à l’immigration. Pis, ce phénomène ne touche pas que les simples pêcheurs, il concerne particulièrement les patrons de la pêche dont certains sont partis avec les membres de leurs familles vers les Iles Canaries», nous a indiqué Hamid Halim, expert en communication et en médias maritimes. Et d’ajouter : «C’est fort incohérent puisque ces patrons de la pêche sont mieux lotis que les autres pêcheurs». Concernant les causes de cette tendance migratoire qui a débuté en octobre dernier, elles sont à chercher, selon notre source, dans la situation économique de la région du Sud. «L’année 2020 a été catastrophique sur tous les plans. Notamment sur le plan économique. Le mauvais état de la mer a compliqué davantage cette situation et a aggravé la vulnérabilité économique des pêcheurs», nous a-t-elle affirmé. Elle estime aussi qu’il y a un problème qui est peu abordé et qui constitue un facteur indirect du départ de ces pêcheurs, c’est celui du changement climatique. En effet, plusieurs rapports ont précisé que ce phénomène oblige les poissons à migrer des zones équatoriales vers des zones plus froides, et entraîne aussi une diminution de leur taille. Il agit également sur la quantité des réserves halieutiques, leurs flux migratoires et leur taux de mortalité. Pourtant, un pêcheur natif de la région du Sud trouve une autre explication à l’immigration des pêcheurs. Il nous a confié sous le sceau de l’anonymat que si les patrons de la pêche sont aujourd’hui de plus en plus taraudés par le désir de partir ailleurs, c’est parce qu’ils ont le sentiment d’être privés d'une partie importante des recettes du secteur de la pêche dans la région dont les débarquements en poissons atteignent les milliards de dirhams. «La région du Sud bénéficie d’importantes infrastructures et de volumes importants de débarquements des produits de la pêche, mais leur impact sur les ressources humaines du secteur reste insignifiant. La valeur ajoutée et les richesses créées sont accaparées la plupart du temps par les investisseurs», nous a révélé notre source. Et d’ajouter : «Le seul gain que nous avons réussi à arracher pendant ces dernières années est celui de l’adhésion à la CNSS». Mais, quels que soient les causes de cette immigration et le nombre de ces pêcheurs, les Marocains sont, selon les médias espagnols, les premiers au classement des migrants irréguliers qui débarquent aux Iles Canaries. A en croire le journal El Confidencial, 51% de ces migrants sont des Marocains et le reste des Subsahariens, parmi lesquels les plus nombreux sont les ressortissants du Mali, de la Guinée-Conakry et de la Côte d’Ivoire. Le journal a ajouté qu’au cours des derniers mois, la proportion de Marocains a augmenté «crescendo» en précisant que depuis octobre, ils représentent la grande majorité et que leur nombre a doublé au cours du dernier mois par rapport à celui des Subsahariens. Ledit journal n’hésite pas à qualifier ces arrivées de migrants irréguliers de crise. Selon cette source, environ 23.500 migrants sont arrivés aux îles Canaries l'année dernière, soit 880% de plus qu'en 2019. «Pour la première fois, l'archipel a accueilli plus de «sans-papiers» que le reste de l'Espagne, où environ 18.100 sont arrivés, selon des données provisoires du ministère de l'Intérieur, qui n'ont pas été rendues publiques en détail», souligne le journal qui précise que cette crise reste difficile à gérer. En effet, la visibilité des migrants dans certains endroits suscite parfois le rejet de la population locale. Un rejet que partagent même certaines municipalités comme celles de Mogán et San Bartolomé de Tirajana. L’arrivée des migrants a provoqué également, selon la même source, des frictions entre les administrations qui souhaitent les envoyer vers la péninsule (gouvernement des Canaries et ministère de l'Inclusion) et ceux qui préfèrent prolonger leur séjour dans ces îles pour éviter l'effet d'entraînement produit par leur transfert vers le continent européen, d'où l'opacité relative du gouvernement sur cette question, a conclu El Confidencial. 


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