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La durée d’infectiosité du Covid-19 sur les différentes surfaces partage les spécialistes

On ne saurait parler de durée de survie, le virus n’étant pas à vrai dire vivant


Chady Chaabi
Jeudi 2 Avril 2020

La durée d’infectiosité du Covid-19 sur les différentes surfaces partage les spécialistes
 Ça ne vous aura certainement pas échappé. Depuis quelques semaines, on entend tout et son contraire en réponse à la question : « Risque-t-on d’être infecté en touchant avec ses mains des surfaces qui sont ou ont été en contact avec des malades du Covid-19 ? » Ce dont on peut être sûr, c’est que le risque existe selon les scientifiques qui ont tenté d’établir la durée de survie du nouveau coronavirus. En revanche, ces durées sont à prendre avec des pincettes car elles sont impactées par la façon dont les mesures ont été prises par les chercheurs. Explications.

Le temps de maintien
de l’infectiosité


Selon les deux principales études scientifiques publiées à ce jour sur la question, la stabilité du SARS-CoV-2 est intimement liée aux types de surfaces. Publiée le 6 février dans le Journal of Hospital Infection, la première étude a d’abord testé la résistance du virus sur huit surfaces différentes, avant de faire la même expérience avec d’autres coronavirus tels que ceux à l’origine du SRAS de 2003 ou du MERS de 2012. Cette expérience a révélé que le virus avait la capacité de persister sur les huit surfaces entre deux heures et six jours. Des durées qui peuvent être moins longues selon la température ambiante et notamment à l’approche des 30 °C.
Plus en détail, sur l’acier, le verre ou encore la céramique, les scientifiques ont retrouvé des souches viables du virus jusqu’à cinq jours après pulvérisation. Par contre, ils ont été dans l’incapacité de mesurer la quantité retrouvée sur chacune de ces surfaces. Si sur le plastique, des résultats assez variables allant de deux à six jours ont été obtenus, sur le latex et l’aluminium, quelques heures (8h à peu près) suffisent à tuer toutes les souches.
Selon les auteurs d’une seconde étude plus récente, publiée le 17 mars dans le New England Journal of Medicine, sur le carton, le cuivre ou dans l’air, les durées de persistance semblent inférieures à celles de la première étude citée. Ainsi, on y apprend que le virus peut résister trois heures en aérosols et trois jours au maximum sur l’acier et le plastique. Sur le carton, on parle de valeur intermédiaire de l’ordre de 24h.
A la lumière des différences de résultats entre les deux études, le flou persiste et du coup on ne sait plus où donner de la tête. Mais au-delà de toutes ces divergences, les deux études s’accordent sur le fait que le plastique et l’acier représentent les surfaces favorites du virus. Là où sa stabilité a été la plus longue. Mais quand même, les différences de résultats interpellent. Interrogé par « Le Monde », Astrid Vabret, chef du service de virologie du CHU de Caen et spécialiste des coronavirus,  se veut optimiste. « Ces études sont importantes pour donner une idée, un ordre de grandeur du temps pendant lequel le virus reste infectieux », assure-t-elle tout en précisant : « Il ne faut pas s’accrocher à un chiffre précis, parce que ça ne correspond à rien dans le vivant. L’intérêt de ces études, c’est que la façon de compter est la même pendant toute la durée de l’expérience, la comparaison entre deux surfaces reste valable». La spécialiste conclut en faisant le point sur une erreur largement répandue : « Il est impropre de parler de « survie » du virus, étant donné que le virus n’est pas réellement vivant. On parle plutôt de maintien de l’infectiosité, combien de temps il reste infectieux ».  

Le risque de
contamination


Aujourd’hui, le risque de contamination en touchant des surfaces infectées est très difficile à cerner. D’ailleurs, les chercheurs desdites études soulignent bien que la transmissibilité du virus aux personnes qui entreraient en contact avec des surfaces infectées n’est pas démontrée, faute de données. La principale donnée manquante est la quantité du virus suffisante pour générer une infection. Pourquoi ? Car cela change du tout au tout l’interprétation des durées de persistance du virus. De toute évidence, si la dose infectante est minime, cela revient à dire qu’une surface reste infectieuse bien plus longtemps que si cette dose infectante est élevée. 
 
Nettoyer tous les
produits que l’on touche


Finalement, la difficulté de faire ses courses ne réside pas uniquement dans les longues files d’attente ou l’absence de certains produits, il y a aussi cette crainte de faire rentrer chez soi des emballages infectés par le virus. Résultat, on les nettoie comme jamais on ne l’a fait auparavant, en passant tout ce qui peut avoir été touché par d’autres à l’eau de Javel diluée. D’après le professeur Vabret, cette recommandation est aussi anxiogène qu’excessive : « Si vous vous lavez les mains régulièrement, et que vous ne les portez pas à votre bouche, vous éliminez ce que vous auriez pu ramasser».
Donc finalement, s’acharner à nettoyer des emballages est certes rassurant, mais pas plus utile que de se laver les mains après avoir fait les courses. Logique, les mains étant le principal vecteur de transmission. Par contre, il est utile de nettoyer et désinfecter vos surfaces de travail. Enfin, il existe une autre surface pour laquelle les données de résistance du virus sont inexistantes : le textile. Plusieurs scientifiques expliquent à ceux  qui veulent les croire, que le virus est facilement détruit à 30 °C. Mais en l’absence de données scientifiques, difficile d’être rassuré.  


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