«Ce qui ressort du 34ème Sommet de l’Union africaine tenu les 6 et 7 février, c’est le recul de l’influence de l’Algérie et de l’Afrique du Sud au sein des institutions de cette organisation panafricaine». C’est ce qu’a déclaré Moussaoui Ajlaoui, expert associé à Ames-Center dans une déclaration à Libé. Selon ce chercheur, la présidence tournante de l'UA est désormais assurée par le président de la République démocratique du Congo, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, qui est une personnalité politique modérée, alors que le Tchadien Moussa Faki Mohamat a été reconduit à la tête de la Commission africaine et l’ancienne gouverneure adjointe de la Banque nationale du Rwanda, Monique Nsanzabaganwa, a été élue vice-présidente de cette Commission. «Mais ce qui est plus important, c’est l’échec de l’Afrique du Sud dans la course pour la présidence de la puissance Commission de la réforme des institutions de l’UA, à savoir la Commission chargée des affaires politiques, de la paix et de la sécurité», nous a précisé Moussaoui Ajlaoui. En effet, c’est le candidat du Nigeria, en l’occurrence Bankole Adeoye, qui a remporté les élections pour ce poste en battant le Sud-africain, Jeremiah Kingsley Mamabolo, qui était soutenu par l’Algérie qui tablait sur ce dernier pour poursuivre les manœuvres insidieuses fomentées durant des années par l’Algérien, Ismail Cherki, (ancien président de la CPS) contre le Maroc et son intégrité territoriale. Bankole Adeoye qui vient d'être porté à la tête de cette commission, rappelle notre interlocuteur, avait souligné dans une lettre rédigée en 2019 par lui en qualité de représentant permanent du Nigeria auprès de l’UA et adressée aux représentants permanents des autres pays membres, que le CPS n’avait pas le droit de soulever ou se référer à la situation au Sahara de quelque manière que ce soit. Son élection, a affirmé le chercheur marocain spécialiste des questions africaines, met donc fin à la domination algérienne sur le CPS qu'elle avait présidé depuis sa création en 2004 jusqu'en 2008 et entre 2013 et 2021. Pour cette raison, le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger, Nasser Bourita, a considéré lors d’une conférence de presse tenue à l’issue de ce Sommet africain, que le renouvellement des structures de l’UA va dans le bon sens car il permettra de promouvoir plus de professionnalisme et de renforcer davantage les éthiques de l'action de cette organisation panafricaine, tout en affirmant que ce renouvellement permettra à l'UA de s'affranchir des commissaires qui ont utilisé l'Organisation africaine pour servir un agenda qui ne sert ni les décisions de l'Organisation, ni les intérêts de l'Afrique. «L’autre volet important de ce Sommet de l’UA, c’est que le dossier du Sahara marocain n’a pas été évoqué malgré les machinations et les manœuvres d’Ismail Cherki qui a fait des pieds et des mains pour que l’UA reprenne l’initiative dans l’affaire du Sahara marocain», a encore souligné Moussaoui Ajlaoui. L’on sait que le Sommet africain tenu à Nouakchott en juillet 2018 avait pris une décision à ce sujet réaffirmant l’exclusivité de l’ONU dans la recherche d’une solution politique à ce conflit artificiel et mis en place une troïka composée du président en exercice de l’UA, de son prédécesseur et de son successeur et dont le rôle se limite à l’accompagnement et au soutien du processus de médiation conduit sous l’égide des Nations unies. Il convient de signaler que lors des élections organisées à l’occasion de ce Sommet africain, Josefa Sacko de l'Angola a été réélue commissaire chargée de l'agriculture, du développement rural, de l'économie bleue et de l'environnement durable et qu'Albert Muchanga de la Zambie a été reconduit en tant que commissaire chargé du développement économique, du commerce et de l'industrie et des mines et Amani Abou-Zeid (Egypte) a été réélu commissaire chargée des infrastructures et de l'énergie. En outre, les élections pour les postes de la santé, des affaires humanitaires et du développement social; et de l'éducation, de la science, de la technologie et de l'innovation ont été reportées à la prochaine réunion du Conseil exécutif, a relevé un communiqué de l’UA, ajoutant que «les élections témoignent des progrès accomplis dans la mise en œuvre des réformes institutionnelles de l'Union». Ce Sommet, placé sous la thématique: «Arts, culture et patrimoine: des leviers pour construire l’Afrique que nous voulons», a examiné un rapport sur les progrès réalisés en ce qui concerne la réponse de l’Union africaine à la pandémie du coronavirus en Afrique et un autre sur la mise en œuvre de la réforme institutionnelle de l’Union outre l’élection du nouveau leadership de la Commission de l’Union africaine.