Au fil des versions de ce texte sur la Syrie, les Occidentaux ont fait des concessions à la Russie, qui bloque depuis des mois une résolution, jusqu'à abandonner toute référence explicite au départ du président Bachar al-Assad.
Une des dernières versions du texte, mise sur la table jeudi matin, "soutient pleinement (...) la décision de la Ligue arabe du 22 janvier 2012 de faciliter une transition politique". Mais les détails de cette transition --notamment le transfert des pouvoirs du président Assad à son vice-président-- n'apparaissent plus, à la demande de Moscou. La dernière mouture du projet, dont l'AFP a obtenu copie, doit être transmise aux capitales pour avis, à la suite des discussions jeudi entre les ambassadeurs des 15 pays à New York. Le texte peut encore être amendé par les gouvernements et le vote au Conseil pourrait intervenir dans les tout prochains jours, vraisemblablement lundi, selon des diplomates. Ils soulignent que des consultations sur la Syrie pourraient avoir lieu entre Occidentaux et Russes à l'occasion de la Conférence sur la sécurité de Munich ce week-end. Le processus de transition démocratique avait été proposé par la Ligue arabe en janvier dans son plan de sortie de crise pour la Syrie, où des milliers de personnes ont été tuées depuis mi-mars 2011, quand a éclaté une révolte sans précédent contre le régime.
La Russie insiste pour que le Conseil de sécurité ne préjuge pas de l'issue de la crise en demandant a priori que le président Assad cède le pouvoir. Comme les textes précédents, le dernier en date "condamne la violence d'où qu'elle émane". Il abandonne aussi toute référence aux sanctions économiques décidées par la Ligue arabe contre Damas en novembre 2011, ainsi qu'aux ventes d'armes à la Syrie, que Moscou souhaite poursuivre. Malgré ces concessions, Moscou a continué jeudi de vouloir affaiblir le texte alors que les Occidentaux insistaient pour exprimer un soutien ferme à la Ligue arabe, selon des diplomates. Sur le terrain, cinq civils ont été tués jeudi à Deraa (sud) et Idleb (nord-ouest), selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Les militants pro-démocratie avaient appelé à des manifestations jeudi et vendredi pour commémorer la terrible répression --entre 10.000 et 40.000 morts-- à Hama (centre) d'une révolte du mouvement interdit des Frères musulmans en 1982 contre le président d'alors, Hafez al-Assad. Dans la capitale, les manifestants, en majorité adolescents, ont défilé jusqu'à la place de la Liberté où ils ont été attaqués par les services de sécurité, d'après une vidéo postée sur YouTube par un groupe de militants.
A Daraya, dans la province de Damas, des vidéos montraient également des manifestations d'étudiants, dont de nombreuses filles.