La chanson marocaine perd un virtuose du Qanoun : Salah Cherki s’en est allé


ALAIN BOUITHY
Mercredi 23 Novembre 2011

La chanson marocaine perd un virtuose du Qanoun : Salah Cherki s’en est allé
La chanson marocaine et arabe en général vient de perdre un de ses plus fidèles serviteurs en la personne de Salah Cherki. Le virtuose incontesté du Qanoun nous a quittés depuis ce lundi à Rabat, des suites d’une longue maladie.
La perte est immense comme le fut son talent et le génie qu’il mit au service de la musique tout au long de sa longue et riche carrière. Salah Cherki, qui fut le seul artiste marocain dont la diva Oum Kalthoum avait interprété une chanson de sa composition "Ya Rassoul Allah Khoud Bi Yadi" a grandement contribué à la modernisation de la musique marocaine moderne. Un travail auquel il avait consacré toute sa vie et dont on a pu apprécier la portée à travers des œuvres multiples et variées marquées du sceau de l’innovation.
Il faut dire que ce monument de la musique marocaine, considéré comme un des créateurs du style musical marocain contemporain, n’était pas du genre à se contenter de l’essentiel. Avec abnégation, il allait toujours au fond de son imagination suscitant ainsi autour de lui respect et considération. De cette obsession naîtront des compositions et partitions musicales mélodieuses d’une grande qualité qui ont longuement dominé la scène artistique nationale. C’est d’ailleurs dans cette même logique du travail bien fait et novateur qu’il apporta des innovations à la musique andalouse, n’hésitant pas à combiner guitare et luth à son instrument fétiche: le Qanoun. Un mariage plutôt réussi dont le public et connaisseurs ont pu mesurer à sa juste valeur la profondeur et la richesse des sonorités lors de nombreuses prestations du fameux trio Al Maoucelli qu’il créa. Il faut dire que le défunt appréciait vraiment le monde des instruments. Et ce n’est pas un hasard si l’on dit de lui qu’il fut un grand collectionneur d'instruments de musique.
En véritable ambassadeur de la musique marocaine, il parcourut le monde avec une seule idée en tête : défendre la musique du pays. Celle qu’il a toujours affectionnée et qui l’accompagné jusqu’au crépuscule de sa vie.
Chercheur-musicologue, Salah Cherki laisse aux siens et aux générations futures de prestigieux ouvrages consacrés à sa passion de toujours, la musique, tels que "La musique marocaine: Un patrimoine riche et diversifié", "Introduction à l'histoire de la musique marocaine" et une autobiographie intitulée "Joul Tara Almaaani", et bien d’autres.
Soulignons que le défunt a travaillé à l'Orchestre national de la RTM jusqu'à sa retraite. Ce que le disparu eut du mal à accepter puisqu’en tant qu’artiste, il considérait qu’il pouvait donner toujours mieux. Ce qu’il fit d’ailleurs, mais différemment. Salah Cherki s’est éteint à l'âge de 88 ans.


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1.Posté par Driss Bono le 23/11/2011 22:05
C'était mon prof. de qanoun au tout début de l'indépendance, année 1956 et suivantes,au sein du conservatoire de musique Moulay Rachid,à Rabat-médina; en bon pédagogue et homme dévoué à son art, ce grand maître nous donnait,mes collègues et moi, les clés d'accès au maniement de ce mystérieux et non moins passionnant instrument avec,si mes souvenirs sont exacts, sa centaine de cordes que ssi Salah parcourait avec une dextérité et une élégance incomparables; il nous préparait aussi avec beaucoup de sérieux et de gravité aux examens de fin d'année universitaire sous la direction des professeurs Jacques Bugard et Chottin au conservatoire central de la mamounia à Rabat. Quelles fussent sa joie et sa fierté quand il voyait ses efforts couronnés par la réussite des représentations toutes qanoun que nous devions donner soit à l'amphi. de la faculté des lettres ou encore au site des oudayas de Rabat pour le plus grand bonheur de l'assistance.
Avec la disparition de ce magicien du qanoun, le monde de la musique et le Maroc en particulier, que le défunt, soit dit en passant, représentait en digne ambassadeur de la culture et de la musique marocaines à l'échelle de tous les continents, perdent l'un de leurs meilleurs fils et l'un de leurs plus humbles serviteurs.
En cette douloureuse circonstance, je prie le tout puissant, d'entourer le défunt de toute sa miséricorde et d'accorder à sa famille, ses proches et amis, la force et la foi pour surmonter cette pénible épreuve. Wa Inna Lillahi Wa Inna Ilaïhi Raji3oune.
Driss Bono
23.11.2011
Rabat

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