La baisse du déficit commercial s’explique par le recul des échanges

Le déficit commercial du Maroc poursuit sa baisse. Sur les dix premiers mois de l’exercice en cours, il a reculé de 5,4 milliards de dirhams. Une embellie en trompe-l’œil qui ne reflète pas une amélioration de la compétitivité des exportations,  ni une rationalisation des importations marocaines.
A fin octobre, les indicateurs préliminaires des échanges extérieurs de l’Office des changes font apparaître que le déficit a été de 163,6 milliards de dirhams (MMDH), en baisse de 3,2% par rapport à la même période de l'année précédente. Mais cette amélioration est avant tout liée au repli des importations de 2,7% et non au rebond des exportations, qui ont reculé de 2%.
Ainsi les importations, en recul de 8,57 MMDH (314,37 MMDH contre 322,94 MMDH), ont-elles bénéficié d’une diminution des achats constatée au niveau de la majorité des produits, principalement les produits bruts (-19,2%), les produits alimentaires (-12,2%) et les produits finis de consommation (- 4,8%).
S'agissant des importations des produits énergétiques, elles se sont chiffrées à plus de 84,62 MMDH, contre plus de 87,74 MMDH à fin octobre 2012, soit une baisse de 3,6%. Par désignation, la même source fait ressortir une hausse des importations des demi-produits (2,7%) et des biens d'équipement (5,3%).
Théoriquement, entendre dire «amélioration  du solde commercial» ou «allègement du déficit de la balance commerciale» sous-entend un accroissement des exportations. Les chiffres en provenance de l’Office des changes disent le contraire. Les exportations sont, pourtant, en panne. Elles marquent, sur la même période, une baisse de 2% par rapport à la même période de 2012. Ce qui représente un manque à gagner de 3,16 MMDH.
Même si ce recul n’a concerné que les ventes de phosphates et dérivés en baisse de 21,7% et celles du secteur textile et cuir qui ont diminué de 4,1%, le reflux des livraisons des produits de l’OCP s’avère déterminant.    En s’établissant sur 32,32 MMDH à fin octobre, contre près de 41,28 MMDH à la même période de 2012, elles ont affiché  une baisse de 212,7%, tirant ainsi l’ensemble des exportations vers le bas.
Par ailleurs, hors phosphates et dérivés,  les exportations ont progressé de 5,15% durant les dix premiers mois de l'année 2013, en glissement annuel, passant de plus de 112,6 MMDH à fin octobre 2012 à plus de 118,4 MMDH durant la même période de 2013, selon l'Office qui vient de publier les indicateurs préliminaires des échanges extérieurs. Les exportations ont bénéficié du dynamisme de la majorité des secteurs durant cette période. Ainsi, les exportations du secteur automobile ont enregistré une nette poussée de 18,1%, bénéficiant de la hausse de 55,5% des exportations de la construction automobile durant cette période.
Pour ce qui est des exportations du secteur agricole et agroalimentaire, elles ont progressé de 6,2%, alors que les ventes de l'électronique et de l'industrie pharmaceutique ont augmenté respectivement de 10,5% et de 13,9%, précise la même source, soulignant que le secteur aéronautique enregistre, quant à lui, une croissance de 13,8% à fin octobre 2013.
Dans ce sillage, l'Office a relevé que le taux de couverture des importations par les exportations a atteint 48% contre 47,7% à fin octobre 2012, alors qu'en dehors des importations de produits énergétiques, ce taux s'établit à 65,6% à fin septembre 2013 contre 65,4% un an auparavant.
Par ailleurs, selon la même source, les flux des investissements directs étrangers (IDE) ont atteint environ 25,24 MMDH, contre 20,19 MMDH un an auparavant, soit une augmentation de 25%. Et les recettes des Marocains résidant à l'étranger (MRE) ont atteint près de 50 milliards de dirhams (MMDH) à fin octobre 2013, contre 49,72 MMDH durant la même période de 2012, soit une hausse de 0,5%.
En substance, l’embellie, qui est en effet à relativiser, ne doit pas nous faire oublier que le commerce extérieur marocain a enregistré l'année dernière sa plus mauvaise performance, avec le record de 201 MMDH. Ce dernier a été atteint suite à la multiplication du déficit par cinq sur les douze dernières années, selon une étude de la Direction des études et des prévisions financières (DEPF) intitulée «Compétitivité des exportations marocaines : quel bilan ?».
Cette étude avait identifié une faiblesse qualitative et structurelle des exportations marocaines, en relevant que celles-ci se caractérisent par un faible niveau de diversification tant en termes de produits qu’au niveau des marchés.  Elle avait, dans ce sens, mis en cause la dépendance très importante vis-à-vis de l’Union européenne. Un constat qui nécessite l’élaboration d’une nouvelle stratégie export.