
L'inquiétude courrait depuis des semaines, le ministre turc de l'Economie l'a exprimée sans détour. "Il faut jeter l'accord d'union douanière à la poubelle et le remplacer par un accord de libre-échange", a lancé Zafer Caglayan; "dans sa forme actuelle, l'union douanière est loin d'assurer le libre marché et le libre-échange".
Au bord de la récession, l'UE a commencé à négocier avec plusieurs de ses partenaires commerciaux des accords de libre-échange, avec l'espoir de relancer sa croissance et de freiner la hausse du chômage.
Même si elle n'en est pas partie prenante, cette politique s'avère lourde de menaces pour la Turquie. Car aux termes de l'accord d'union douanière signé en 1995 entre Ankara et Bruxelles, tout pays tiers qui signe un traité commercial avec l'UE se voit directement offrir un accès au marché turc. Par contre, les entreprises turques ne bénéficient en retour d'aucun des avantages accordés aux exportations européennes.
Pour le gouvernement turc, l'enjeu est de taille. Les 27 absorbent à eux seuls près de 40% des exportations turques, pour un montant de 152,5 milliards de dollars en 2012. Alors que sa croissance a lourdement chuté à 2,2% l'an dernier après deux années folles à plus de 8%, pas question donc pour Ankara d'accepter une telle perspective.
Déjà très irritée par le blocage de son processus d'adhésion à l'UE, la Turquie se sent "mise sur la touche", résume l'expert Mustafay Kutlay, du centre de réflexion USAK d'Ankara. "Ces accords font peser un risque évident sur l'avenir de son économie", dit-il.