
Un feu d'artifice et des coups de canon ont été tirés et l'Ode à la joie de Ludwig Van Beethoven, hymne de l'UE, a retenti dans Zagreb pour marquer son accession à l'UE, vingt-deux ans après la proclamation de l'indépendance et le début des guerres en ex-Yougoslavie.
Des milliers de personnes s'étaient rassemblées dimanche soir sur la place Ban Jelacic de Zagreb pour célébrer l'événement.
Après la Slovénie en 2004, la Croatie est le deuxième Etat issu de l'éclatement de l'ex-Yougoslavie à intégrer l'UE. Le chemin sera sans doute beaucoup plus long pour les quatre autres (Serbie, Bosnie, Macédoine et Monténégro).
C'est aussi la première adhésion d'un pays depuis l'entrée de la Roumanie et de la Bulgarie en 2007.
Avec l'entrée de la Croatie, l'UE compte désormais 508 millions d'habitants et une 24e langue officielle, le croate.
A Bruxelles, la Croatie aura sept voix au sein du Conseil pour les votes à la majorité qualifiée, comme le Danemark, l'Irlande, la Lituanie, la Slovaquie et la Finlande (contre 29 pour l'Allemagne, la France, l'Italie et le Royaume-Uni, 27 pour l'Espagne et la Pologne, par exemple).
Rares sont ceux cependant, parmi les 4,4 millions d'habitants, qui accueillent l'événement avec un grand enthousiasme. Au contraire, c'est plutôt l'inquiétude qui domine. Car le pays vit sa cinquième année de récession et le chômage y touche 21% de la population active, un niveau record.
La Commission européenne a demandé à la Croatie de maîtriser ses dépenses publiques. La dette publique atteint près de 60% du PIB et le déficit budgétaire représente 4% du PIB.
La manne touristique - dix millions de touristes par an - est certes un atout pour ce pays des bords de l'Adriatique, grand comme deux fois la Belgique. Mais, estiment certains, la Croatie peine à séduire les investisseurs étrangers et l'économie est freinée par la bureaucratie, une justice inefficace, la lenteur du processus législatif et un marché du travail rigide.
Pour en arriver à l'adhésion à l'UE, la Croatie a traversé sept années de réformes tortueuses et souvent impopulaires, sous la houlette de Bruxelles.
Elle a livré à La Haye une quinzaine de chefs militaires et hommes politiques, tant croates que bosno-croates, inculpés de crimes de guerre par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY).