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La Chine à l’heure de la transition


AFP
Mercredi 7 Novembre 2012

La Chine à l’heure de la transition
Les héritiers de Mao Tsé-toung désignent cette semaine l’homme qui dirigera jusqu’en 2017, et sans doute 2022, une Chine devenue une formidable puissance économique, tenue d’une main de fer par un parti communiste peu disposé à céder de son immense pouvoir à une société avide de changements à l’heure d’internet.
A 59 ans, M. Xi Jinping, un homme d’appareil inconnu du grand public, va sortir de l’ombre et prendre la relève de M. Hu Jintao, de 10 ans son aîné, à la tête d’un parti unique de 82 millions de membres qui réunit jeudi son 18e congrès à Pékin, place Tiananmen.
Dauphin désigné, M. Xi est vice-président de l’Etat chinois depuis 2008. Sa nomination attendue au poste de secrétaire-général du Parti communiste chinois (PCC) fait de lui ipso facto le prochain président de la République populaire, une formalité prévue en mars 2013 lors de la réunion annuelle de l’Assemblée nationale populaire (ANP).
«Fils de prince» son père, «héros révolutionnaire», a combattu aux côtés de Mao M. Xi Jinping hérite d’une Chine en pleine mutation, qui entend tenir son rang de deuxième puissance mondiale. Jusqu’au Conseil de sécurité de l’ONU, où elle donne du fil à retordre à ses partenaires sur nombre de sujets, Syrie, Iran et Corée du Nord en particulier.
Puissance maritime montante, elle dispute son territoire sur les mers au Japon, au Vietnam, aux Philippines ou à Brunei, sur fond de rivalité croissante avec les Etats-Unis dans le Pacifique.
Défiant Tokyo, sa flotte croisait ces derniers jours dans des eaux revendiquées par Pékin autour des îles Diaoyu —Senkaku pour le Japon—, théâtre d’une gesticulation navale à forte connotation nationaliste.
Aucun diplomate n’attend de virage soudain du nouveau leadership: la diplomatie chinoise devrait maintenir ses priorités, dont celle d’éviter une aggravation de la crise financière en Europe, son premier marché à l’exportation.
En matière de droits de l’Homme, la Chine léguée à Xi Jinping par Hu Jintao est toujours sous le feu de la critique. Un premier test sera de savoir si M. Xi fait libérer de prison le prix Nobel de la paix 2010, l’intellectuel et dissident modéré Liu Xiaobo.
Car M. Xi Jinping n’en aura pas pour autant les mains libres. Il devra, comme son prédécesseur, rechercher en permanence le consensus auprès de ses pairs du Comité permanent du Bureau politique, l’organe suprême du PCC. Leur nombre pourrait être réduit de neuf à sept, afin d’en faciliter les prises de décisions en y réduisant les risques de conflit entre «conservateurs» et «réformistes».
M. Xi est généralement présenté comme un homme de compromis acceptable par les deux parties. Il doit être secondé par M. Li Keqiang, qui succéderait en mars à Wen Jiabao au poste de Premier ministre.
Les incertitudes pèsent en revanche plus lourdement sur la situation économique, où la «décennie d’or» de Hu Jintao va laisser la place à une croissance ralentie à 7,5%, la plus basse depuis la crise financière asiatique de 1997-98. Une situation qui donne déjà lieu à une agitation sociale récurrente, relayée par les acteurs chinois de l’internet en dépit de la censure.
En outre, M. Xi accède au pouvoir au terme d’une «annus horribilis» pour le PC chinois, marquée par l’affaire Bo Xilai, le plus retentissant scandale de ces dernières années, et des révélations sur la fortune de sa propre famille et de celle du Premier ministre Wen Jiabao.
Membre du Bureau politique jusqu’en avril, Bo Xilai, aujourd’hui au secret et exclu du PCC, doit être jugé pour corruption et abus de pouvoir, impliqué notamment dans l’assassinat par son épouse de l’homme d’affaires britannique Neil Heywood.
La corruption massive des milieux dirigeants chinois figure parmi les préoccupations majeures du congrès et de ses quelque 2.200 délégués. Entourés d’un épais mystère, ses travaux doivent, sauf surprise, avaliser en une semaine environ les décisions du comité central qui l’a précédé la semaine dernière.
Si la tradition est respectée, M. Xi devrait effectuer deux mandats de cinq ans.
En dépit de son départ, M. Hu Jintao pourrait conserver la présidence de la puissante commission militaire du PCC et maintenir ainsi son influence en sous-main.
Les membres du nouveau Comité permanent doivent être présentés aux caméras à la fin du congrès.
M. Xi sera le sixième dirigeant de la Chine populaire après Mao Tsé-toung (1949-1976), Hua Guofeng (1976-78), Deng Xiaoping (1978-92), Jiang Zemin (1992-2002) et Hu Jintao (2002-2012).


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