Le Maroc interpellé parmi les pays grands consommateurs
-
Driss Lachguar : Passerelle importante vers l’Afrique, la ville d’Agadir requiert un intérêt considérable
-
Le délai raisonnable pour statuer sur les affaires, un engagement constitutionnel en faveur des droits des justiciables
-
Mustafa El Ktiri : La récupération de Sidi Ifni, une étape majeure dans le processus de parachèvement de l’indépendance nationale
-
Débats entre experts dans la perspective de la tenue du 12ème Congrès de l’USFP
Un rapport de l’agence Apicorp Energy Research datant de 2017 a affirmé que le Royaume constitue une exception dans la région MENA dans la mesure où il est le seul à consacrer autant d’importance au charbon dans une région majoritairement «pétrolière». En fait, et jusqu’à 2015, le charbon a représenté 31% du mix énergétique marocain contre 22 et 20% respectivement pour le gaz et le pétrole importés alors que l’énergie hydraulique et l’éolien n’en représentent que 15 et 10%. Malgré sa fulgurante ascension, l’énergie solaire ferme la marche avec 2%.
Le même document a indiqué que si le Maroc compte sur les importations pour subvenir à ses besoins en matière de charbon, il renforce en outre son infrastructure avec la construction de nouvelles installations dédiées à l’importation et à la production tout en précisant que 9GW est la capacité totale de production d’énergie en 2016 qui devrait passer à près de 12GW d’ici 2021. A noter qu’actuellement, le Royaume possède trois centrales de charbon, avec une capacité totale d’environ 2.5GW sans oublier les deux projets supplémentaires (Safi et Jerada) dotés d’une capacité combinée de 1.7GW. Si les installations existantes nécessitent des importations de charbon de plus de 11 millions de tonnes par an, les deux usines en construction nécessiteront des quantités supplémentaires avoisinant 7,8 m t/a. La contribution de la première unité de Safi, propriété du consortium Engie, Nareva et Mitsui, s’élèvera à hauteur de 1.4GW dès sa mise en service en 2018. En revanche, le deuxième projet de la centrale de Jerada, construite par le chinois SEPCO et dont la mise en service est prévue cette année, est d’une capacité de 318MW.
Se basant sur les chiffres de la Banque mondiale, sur la production de l’électricité à partir du charbon, les experts de cette institution ont noté une augmentation de 314% en 44 ans, pour l'ensemble de la période 1971-2015, soit une moyenne annuelle de 39,61%. Le changement enregistré entre la première et la dernière année est de 314 %. C'est en 2015 qu'on enregistre la valeur la plus élevée (55,526) et c'est en 1971 qu'on enregistre la valeur la plus basse (13,406).
Sur la base des données disponibles, ces experts estiment qu'en 2025 la valeur devrait osciller autour de 74,428. Cette prévision présente un niveau de fiabilité relativement élevé puisque les valeurs disponibles ont une structure plutôt linéaire, malgré des variations notables (coefficient de corrélation = 0,73 et coefficient de détermination = 0,54).
Un état de lieu que confirme un autre rapport : l’« Energy Policies beyond IEA Countries : Morocco 2019 » qui a également affirmé que l’électricité exportée est produite essentiellement par le charbon qui demeure la principale source de combustible pour la production d'électricité au Maroc avec 54% de la production nationale totale en 2017. Le document a précisé également que l’utilisation du charbon a augmenté rapidement depuis le milieu des années 90 pour atteindre les 41% entre 2007 et 2017. Quant à l’électricité au gaz naturel, elle a été introduite dans le processus en 2004, lorsque le Maroc a commencé à importer du gaz algérien afin d’alimenter ses centrales électriques. Depuis lors, l’énergie produite via le gaz naturel a considérablement augmenté et plus que doublé au cours de la dernière décennie pour atteindre les 19% de la production totale en 2017.
Concernant le rôle joué par le pétrole dans la production globale d’électricité, le rapport a indiqué que cela a diminué au cours de la dernière décennie, notamment avec la production via le gaz naturel. Cependant, précise le rapport, 9% de l’électricité produite provient toujours du pétrole, principalement dans les zones rurales isolées. Par rapport aux autres membres de l’AIE Agence internationale de l’énergie), ces 9% placent le Maroc au troisième rang derrière le Mexique et la Grèce comme pays qui utilisent le plus le pétrole dans la production d'électricité.
En somme, les combustibles fossiles (charbon, gaz, pétrole) ont représenté 82% de la production totale d’électricité en 2017 contre 18% pour les énergies renouvelables. La part totale des combustibles fossiles du Maroc dans la production d'électricité classe le Royaume au quatrième rang par rapport à ceux d’autres membres de l'AIE, derrière l’Estonie, la Pologne et l’Australie. Des chiffres qui en disent long sur les engagements marocains en matière de lutte contre le changement climatique et notamment les émissions des gaz à effet de serre (GES). En effet, notre pays s’est engagé dans le cadre des Accords de Paris à réduire ses émissions de 42% d’ici 2030, soit une réduction cumulée de 523,5 Mt éq-CO2 sur la période 2020-2030.
Une situation des plus problématiques puisque l’AIE souligne l’absence d’une stratégie dédiée à l’efficacité énergétique à l’horizon 2030, assortie de ressources financières. Ceci d’autant plus que la consommation d’énergie primaire du Maroc a augmenté de 32% entre 2007 et 2017 et que la demande d’électricité est en forte croissance, tendance qui pourrait se poursuivre à un rythme moyen de 5% par an d’ici à 2021, selon la même source.