L’obligation de résultat


Par Adnan Debbarh*
Dimanche 10 Juillet 2011

La mise en place de la nouvelle Constitution qui dans beaucoup de ses aspects revêt un caractère novateur devrait  contribuer à l’éclosion d’une nouvelle rationalité politique et économique.
 Basée sur les principes qui ont cours dans les démocraties avancées de la légitimité conférée uniquement par les urnes, de la responsabilité liée à la reddition des comptes, d’un partage clairement identifié des pouvoirs, la nouvelle rationalité que nous avons longtemps appelée de nos vœux permettra, à ne point en douter, au Maroc de réaliser des avancées substantielles dans les sphères politiques, économiques et sociales.
Un futur gouvernement doit proposer et  mettre en œuvre une politique, sur une durée connue à l’avance, sauf accident 5 ans, à la fin de laquelle, et en fonction de ses performances, il sera reconduit ou sanctionné par les électeurs.
 Règle qui peut sembler à priori simple, sauf que dans sa simplicité, pour des raisons qu’il est inutile de rappeler, elle n’a jamais été appliquée dans notre beau pays.
La performance chez les électeurs  dans les pays démocratiques,  se jauge à la capacité d’un gouvernement à mettre en place  les conditions  susceptibles de créer les emplois suffisants à occuper les ressources humaines disponibles, à satisfaire les besoins fondamentaux de la population, bref à  améliorer le bien être économique et social.  
Lors de différentes enquêtes d’opinion, la majorité écrasante des Marocains ne fait pas exception à cette règle, mettant à la tête de ses priorités l’emploi et la satisfaction des besoins fondamentaux,  savoir : l’alimentation, l’enseignement, l’habitat et la  santé.
Aussi, l’électeur au Maroc jugera à l’aune des mêmes critères les performances  d’un gouvernement issu des urnes.
La compétition pour le pouvoir se faisant entre les partis politiques, il appartient dès à présent à ceux-ci de s’atteler à préparer des programmes crédibles, susceptibles de répondre aux véritables attentes des citoyens, et de proposer les équipes disposant des compétences requises pour les appliquer.
Démarche  aussi qui semble simple, mais à la réalisation autrement plus ardue.
L’aspect programmatique a toujours été le parent pauvre du débat politique au Maroc.
 Quelques explications peuvent être fournies. Les partis qui étaient invités à participer au gouvernement devaient fournir des individualités pas des programmes.
Longtemps la décision économique a été l’apanage de technocrates, surs de leur faits et tenant en piètre estime les élites partisanes.
Avec le gouvernement d’alternance, il ya eu quelques tentatives de lancement de programmes économiques, toutefois la multitude des centres de décision a limité leur efficacité.
Aujourd’hui, nous assistons carrément à des partis politiques qui réussissent le tour de force de faire l’économie d’un programme, les autres  qui en ont, restent dans le cadre d’orientations globales en se gardant bien d’avancer des objectifs chiffrés.
La contrainte programmatique absente, quelle a été notre tristesse en entendant souvent des premiers responsables de partis politiques avouer, le tout naturellement du monde, leur ignorance des affaires économiques. Comme nous avons vu des premiers responsables être élus à la tête de leur parti avec des programmes farfelus, avec des mots d’ordre qui ne le sont pas moins.
Il faut croire que la nouvelle donne politique va obliger les partis politiques  à réviser de manière sérieuse leur mode opérationnel en organisant de véritables congrès, de manière régulière, comme c’est prévu par la loi, en donnant aux aspects programmatiques leur véritable place et en recrutant les cadres ayants les compétences nécessaires pour les appliquer .
 Faut-il rappeler que la majorité des cadres compétents ont fui les partis politiques incapables d’offrir des  perspectives de carrière ou un espace de débat programmatique.  
Les voix qui s’élèvent ici et là pour dénoncer l’incompétence des élites politiques ne véhiculent pas une  idée totalement infondée, elles sont par contre injustes, parce qu’elles généralisent à l’ensemble des élites et  taisent les causes qui ont conduit à cette situation.
Le processus de construction d’une élite politique capable de gérer un pays demande du temps et des efforts. Notre conviction est qu’elle se fera, car dans la nouvelle rationalité politique qui s’instaure, nous tous, nous sommes tenus à une obligation de résultat.

*(Membre du Conseil nationalde l’USFP)



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