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«Ce chiffre est très faible par rapport à la réalité de ces transferts», nous a précisé Mohamed Kerkab, professeur à la Faculté des sciences économiques, juridiques et sociales de l’Université Cadi Ayyad à Marrakech. Et de poursuivre : «En effet, la lecture de telles données exige une distinction entre les revenus primaires et les dépenses des investissements. Les dernières statistiques de l’Office des changes datées de 2015 évoquent un revenu primaire de 23,5 milliards de DH qui englobe les bénéfices et les services rendus pas les sociétés-mères à leurs filière au Maroc».
Le Royaume est-il victime d’une évasion fiscale orchestrée par les multinationales ? Selon l’ONG Oxfam, l’année 2010 a enregistré la fuite de 40 milliards de dollars par une manipulation des prix de transfert. Une opération qui permet à une entreprise de fixer artificiellement les prix auxquels ses filiales s’échangent des biens ou services dans le but d’échapper à l’impôt. Ceci d’autant plus que ces multinationales bénéficient de taux d’imposition des sociétés tournant autour de 28% en moyenne sur le continent noir, ce qui correspond à un manque à gagner fiscal de près de 11 milliards de dollars. Une tendance qui semble s’accélérer depuis cette année puisque ces entreprises ont de plus en plus de leviers pour échapper à l’impôt. « On assiste souvent à une surfacturation des produits importés de leurs filières mères et tout le monde sait qu’une partie des bénéficies est transférée illégalement. Mais comme on n’a pas une administration fiscale efficace, ces transnationales, à l’instar des entreprises marocaines, profitent de la situation afin d’éviter de payer leur juste part d’impôts ».
Ces multinationales représentent-elles un risque pour l’économie marocaine? «Les investissements étrangers constituent aujourd’hui les piliers de l’économie nationale puisqu’ils contribuent à la croissance et à la création d’emplois et sans ces investissements, il n’y aura pas d’exportations de biens industriels », nous a indiqué Mohamed Kerkab. Et de poursuivre : «Le seul bémol reste celui de transfert à l’étranger des bénéfices en devises, ce qui oblige notre pays à en avoir suffisamment en réserve. Parfois, le Royaume s’endette pour s’approvisionner en devises».
Notre source estime qu’il faut cependant distinguer entre un investissement étranger direct et un investissement de portefeuille. «Le premier est plus utile au Maroc puisqu’il lui permet, entre autres, de créer de nouvelles usines ou de procéder à l’extension des entreprises existantes. Ceci d’autant plus que les IDE sont censés n’entamer les transferts des bénéfices que des années plus tard. Et ce à l’inverse des investissements de portefeuille qui chercheront à réaliser des bénéfices immédiats en achetant et en vendant des actions à la Bourse». Et de conclure : «Les investissements ne poseront pas problème tant que l’Etat dispose de devises. Il faut préciser également que ce problème se pose aussi au niveau des investissements marocains à l’étranger qui se chiffrent aujourd’hui à 5,7 milliards de DH libellés en devises».