L’histoire de la médina de Tétouan inspire Mohamed El Mahdaoui : «Fayd» à Tétouan

Jeudi 22 Octobre 2009

L’histoire de la médina  de Tétouan inspire Mohamed El Mahdaoui : «Fayd» à Tétouan
Dans le cadre de la rencontre «Tétouan des sept portes», organisée du 18 au 25 octobre, par l’Association Tétouan Asmir, l’artiste marocain Mohamed El Mahdaoui et la commissaire d’expositions Bérénice Saliou ont présenté l’exposition « Fayd » (Débordement) au grand public, le dimanche 18 octobre dans l’enceinte d’un riad de l’ancienne Médina.
C’est au sein d’une résidence d’artistes intitulée «Première porte» qui aura duré trois semaines que Mohamed El Mahdaoui a créé une œuvre spécialement conçue pour la rencontre «Tétouan des sept portes»; un travail artistique inédit entièrement inspiré d’un des joyaux du patrimoine national : la Médina de Tétouan, d’ailleurs inscrite au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO, en 1997.
Mohamed El Mahdaoui s’est penché sur l’histoire de la médina de Tétouan, joyau architectural. Les sept portes qui ponctuent les fortifications de la médina racontent le passé de la ville : les vagues d’immigration successives telles que l’arrivée des Andalous, bâtisseurs de la ville au XVème siècle puis l’arrivée massive des Mauresques au début du XVIIème siècle, le déplacement du quartier du Mellah en 1808, l’ouverture des murailles au XXème siècle afin de lier la médina au nouveau quartier espagnol (Ensanche) ou encore le fameux « Sgundo », réseau souterrain d’alimentation en eau. Les différentes portes témoignent des étapes de développement de la ville et des bouleversements qui ont façonné son architecture ; elles ont inspiré à l’artiste une œuvre protéiforme, oscillant entre performance, documentaire et installation.
 Mohamed El Mahdaoui est un jeune artiste marocain, diplômé de l’Institut national des Beaux-Arts de Tétouan. Actuellement, il vit et travaille à Tiznit. La pratique artistique de M. El Mahdaoui est essentiellement tournée vers la performance et les installations in situ. L’artiste travaille principalement à partir de matériaux collectés sur les lieux où s’enracine son travail. Son oeuvre, toujours pensée en harmonie avec le site, développe une réflexion poétique sur le geste artistique et l’acte créatif. En se basant sur l’histoire et la réalité contemporaine de Tétouan, M. El Mahdaoui a développé un projet artistique qui a également donné lieu à des collaborations avec les étudiants de l’Institut national des Beaux-Arts de Tétouan. «Première porte» constitue le premier jalon de l’événement artistique « Trankat Street », qui investira la médina de Tétouan en 2010. Durant une semaine, Mohamed El Mahdaoui a fait escale à toutes les portes de la Médina : Bab al-Oqla, Bab Essaïda, Bab Sefli, Bab Mkaber, Bab Nouader, Bab Ettout et Bab Erremouz. Là, il s’est installé pour réaliser sa performance muni d’un dispositif lui permettant d’évoquer de manière poétique la manière dont ces portes hautement symboliques continuent à juguler le flux d’une population dont le nombre ne cesse de s’accroître…. Le dispositif se décline en une toile blanche sur laquelle est posé un pot de terre rempli d’encre dont la taille dépend de l’importance de la porte au XVIIe et XVIIIe siècles. A chaque passage d’une personne par la porte, un système de goutte-à-goutte laisse tomber une goutte dans le pot qui débordera sur la toile…
Tout a été fait pour ne pas rompre les habitudes des commerçants, des habitants et des passants. L’essentiel était sans aucun doute la rencontre entre l’artiste et la population, la rencontre entre l’art et le public, comme nous le rappelle l’artiste lui-même. D’ailleurs, comme le précise Bérénice Saliou, la population n’a en aucune manière perturbé le travail de l’artiste. C’est avec une certaine curiosité que les gens s’approchaient de lui pour parler, le questionner et l’inviter à se livrer. La présence de l’artiste au milieu des passants a même, pour certains jours, été à l’origine d’échanges entre les habitants du même quartier qui pour discuter, qui pour raconter l’histoire des portes…
Du 18 au 25 octobre, l’exposition «Fayd» sera hébergée dans une maison d’hôtes traditionnelle de la médina (Riad Gasela) dont la configuration porte les marques de l’évolution de l’architecture tétouanaise. L’exposition qui s’invitera jusque dans les chambres, présentera une installation inspirée par les recherches de l’artiste ainsi que par diverses traces de la performance réalisée dans l’espace public de la médina. «Fayd» est un projet aux limites floues, prenant racine dans des interrogations socio-urbaines mêlant le passé historique de la médina à la réalité contemporaine de Tétouan, cité aux influences multiples dont les frontières poreuses se redéfinissent au quotidien.

Amel NEJJARI

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