
Conscient de jouer à la fois la crédibilité des Etats-Unis et de sa propre présidence, Barack Obama devait lancer une offensive tous azimuts pour convaincre les élus républicains et démocrates du bien-fondé d'une nouvelle intervention militaire au Moyen-Orient pour punir le régime Assad.
Il devait enregistrer pas moins de six interviews avec des chaînes de télévision qui devaient être diffusées hier, avant de s'adresser aux Américains aujourd’hui depuis le bureau Ovale.
L'intégralité d'une interview accordée par le président syrien dans laquelle il nie avoir ordonné l'emploi d'armes chimiques devait être diffusée au même moment lundi soir.
Le président Assad a "nié avoir quelque chose à voir dans cette attaque" chimique, a rapporté dimanche le journaliste de CBS qui l'a interviewé à Damas.
M. Assad a dit: "Il n'y a pas de preuve que j'ai utilisé des armes chimiques contre mon peuple+", selon le journaliste Charlie Rose.
Interrogé sur ces propos rapportés d'Assad, le secrétaire d'Etat John Kerry, qui devait achever hier à Londres une offensive diplomatique menée tambour battant en Europe sur le bien-fondé des frappes, a répondu que "les preuves parlaient d'elles-mêmes".
Au Sénat, le débat sur la résolution autorisant l'usage de la force, déjà adoptée en commission, ne commencera formellement qu’aujourd’hui. Un premier vote important pourrait intervenir dès demain.
Du côté de la Chambre des représentants, les dirigeants républicains n'ont pas annoncé de calendrier précis, se contentant de prévoir un vote "dans les deux semaines".
L'Administration Obama, sur le front intérieur comme à l'international, a jeté toutes ses forces dans cette bataille.
Sur le front diplomatique, M. Kerry devait regagner Washington hier après avoir rencontré à Londres dans la matinée son homologue britannique William Hague, dont le gouvernement a dû renoncer à s'associer à une intervention en Syrie, après un veto du Parlement.
M. Kerry a rencontré à Paris ses homologues de plusieurs pays arabes ainsi que le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil Al-Arabi. "Nous étions unanimes à dire que le recours odieux par Assad aux armes chimiques (...) a franchi une ligne rouge internationale", a dit M. Kerry.
Pour la plupart des Etats de l'UE, ce rapport attendu dans les jours à venir est une étape essentielle, susceptible de confirmer de manière indépendante les accusations d'attaques aux gaz toxiques. Pourtant il ne devrait pas, comme l'a dit Ban Ki-moon, dire qui en est l'auteur.
Principal soutien régional de Damas, l'Iran a réaffirmé dimanche son hostilité à toute intervention étrangère en Syrie, tout comme la diplomatie irakienne.