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L'après coronavirus taraude déjà les esprits

Les exceptionnels efforts déployés ne doivent pas faire oublier la fragilité de notre système de santé


Hassan Bentaleb
Samedi 2 Mai 2020

L'après coronavirus taraude déjà les esprits
Deux milliards de DH est le montant octroyé par le Fonds spécial de la gestion de la pandémie de coronavirus au ministère de la Santé afin qu’il puisse acheter du matériel médical et hospitalier (lits de réanimation, appareils respiratoires, équipements d’échantillonnage, kits de détection, appareils d’examen radiologique...). Ce montant a été également alloué à l’achat de médicaments, de produits pharmaceutiques et au renforcement des capacités de ce département, y compris l’indemnisation des professionnels de santé, la stérilisation, le nettoyage et le carburant pour le transport. Mais, qu’en est-il des autres circuits de soins dispensés par le département de la Santé ? Ont-ils bénéficié des moyens et des budgets alloués ? Le personnel de ces circuits a-t-il vu son quotidien changer ?
« Nous n’avons rien vu venir encore. Le nombre du personnel soignant demeure identique à celui d’avant la propagation du Covid-19. Au niveau des moyens, il est encore tôt pour évaluer la situation puisque les données manquent concernant l’ensemble des programmes médicaux. Ce qu’on a constaté jusqu’à présent, c’est une amélioration progressive dans les moyens accordés à la lutte contre le Covid-19 et c’est normal puisque tous les efforts sont mobilisés pour affronter ce virus », nous a déclaré Dr Mostafa Chanaoui, secrétaire général de la CDT santé.
De son côté, une infirmière casablancaise nous a indiqué, sous couvert d’anonymat, qu’il y a aujourd’hui deux filières de soins séparées (une pour les personnes atteintes de Covid-19 et une autre pour les malades normaux). « Les malades normaux qui ne présentent aucun symptôme du virus sont pris en charge dans les urgences ou dans les centres de santé. Ils bénéficient des consultations médicales comme ce fut toujours le cas. En cas d’urgence, le malade doit être pris en charge et rentrer chez lui le plus tôt possible», nous a-t-elle expliqué. Et de préciser : « Mais, ces services d’urgence et centres de santé tournent aujourd’hui au ralenti. Depuis le début de la crise liée à la pandémie de Covid-19, nombreux sont les malades qui boudent ces lieux de peur de la contamination. Ceci d’autant plus que beaucoup de médecins ont décidé de reporter les interventions chirurgicales jugées non urgentes et certaines consultations. Ces médecins optent davantage pour des traitements à domicile ou les téléconsultations ».
En outre, notre source craint, comme c’est le cas dans d’autres pays, un retour en masse de ces malades normaux après la fin du confinement et une saturation des circuits de soins alors que notre système de santé n’a pas les moyens de répondre à des flux massifs et instantanés. « S’il est vrai que beaucoup de moyens ont été accordés à la lutte contre le coronavirus et c’est normal puisque nous sommes en état d’urgence sanitaire, les circuits de soins normaux n’ont rien vu venir encore et c’est là où réside le problème puisqu’on sera contraints de fonctionner au double ou au triple de nos capacités d’accueil et par rapport à nos effectifs», nous a-t-elle confié.
Pour sa part, Dr Mostafa Chanaoui tire la sonnette d’alarme et estime que malgré les moyens accordés et les efforts entrepris, le système de santé national demeure fragile. « Les efforts entrepris dernièrement sont importants, mais restent insuffisants », a-t-il précisé. Selon lui, notre pays doit tirer la leçon de la crise actuelle et placer le secteur de la santé ainsi que les autres secteurs sociaux comme priorité sur son agenda politique. « Partout dans le monde, le constat est identique : le secteur de la santé va mal et on devrait changer cette situation », nous a-t-il fait savoir. Mais, il pense que  « la reconstruction de ce secteur ne sera pas de tout repos puisqu’il faut s’attendre à des attaques des hérauts du capitalisme sauvage qui ne vont pas lever leur mainmise sur le secteur si facilement. D’où notre responsabilité commune à tous, partis politiques, syndicats, société civile, citoyens de sauver ce secteur des griffes du capital ».


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