Le Maroc, en tant qu'unique représentant arabe au sein du Conseil de sécurité de l'ONU, veille à ce que «les différents textes proposés au sein de l'Organe exécutif tiennent compte des exigences du niveau atteint par la crise en Syrie et intègrent le référentiel» de la Ligue arabe qui appelle à une résolution contraignante sur la Syrie, a indiqué lundi à New York, l'ambassadeur du Maroc à l'ONU, Mohamed Loulichki.
«Depuis son entrée au Conseil, le Maroc a été de toutes les initiatives destinées à promouvoir le dialogue politique en Syrie. Récemment, l'émissaire international, Kofi Annan a demandé aux membres du Conseil de sécurité de faire pression sur les parties et de les rendre comptable des conséquences de leurs actions», a rappelé, M. Loulichki.
De son côté, «le Secrétaire général de la Ligue arabe (Nabil Al-Arabi) avait demandé au CS de l'ONU que son action (concernant la Syrie) soit placée sous chapitre VII, compte tenu de l'aggravation de la situation dans ce pays», a déclaré l'ambassadeur à la presse, à l'issue d'une séance à huis clos des Quinze consacrée à la Syrie. Le Chapitre VII prévoit la possibilité de sanctions pour forcer un pays à appliquer une résolution, rappelle-t-on.
Aujourd'hui, à la veille de l'expiration du mandat de la Mission de supervision des Nations unies en Syrie (MISNUS), le 20 juillet, «nous avons deux projets de résolution sur la table du Conseil qui divergent sur l'application ou non de ce chapitre», a-t-il fait savoir.
Les deux projets de résolution sont présentés respectivement par la Russie et soutenue par la Chine, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne et le Portugal.
En effet, si les deux parties appuient le plan Annan et les directives pour une transition politique définies lors de la réunion de Genève du Groupe d'action pour la Syrie (30 juin dernier), leurs vues divergent sur la meilleure approche pour assurer la mise en œuvre.
Concernant la décision du Maroc de déclarer persona non grata l'ambassadeur de Syrie à Rabat, le diplomate a souligné que cette mesure est «un cheminement logique dans la prise en considération par le Maroc de la situation grave qui prévaut» en Syrie.
Il a été «établi que malgré les engagements, le plan Annan n'a pas été pleinement mis en œuvre alors que nous nous approchons des 20.000 victimes, un seuil intolérable et qui interpelle toute les consciences de la communauté internationale», a dit le diplomate marocain. Et de poursuivre : «La situation s'oriente malheureusement vers la militarisation de la crise qui relègue au second plan le processus politique et sa promotion à travers la médiation de l'envoyé conjoint ONU/Ligue arabe», et «devant cette situation chaque Etat prend ses responsabilités».
Le Maroc a pris cette décision selon «sa propre évaluation de la situation, et également selon ses valeurs et les fondamentaux de sa politique étrangère, à savoir le dialogue, la sauvegarde de l'unité et de l'intégrité territoriale de la Syrie, la protection et la sauvegarde des vies humaines et des droits de l'Homme et le respect du droit international humanitaire», a-t-il conclu.