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Concernant la question de la pénurie d’eau, si le porte-parole reconnaît que « la situation est inquiétante », il estime, cependant, que « le débat sur ce sujet doit se faire dans la sérénité avec de nouvelles manières de voir et en se basant sur une lecture réaliste, loin de toutes impulsions politiques afin de trouver les solutions adéquates ».
Indifférence
Pour Mohamed Chaoui, politologue, la réponse du porte-parole du gouvernement n’arien de surprenant malgré la récurrence des demandes appelant à repenser le modèle agricole marocain qui a démontré ses limites lors de la crise de Covid-19 et lors de la guerre en mer Noire. « Le gouvernement ne peut, en aucun cas, remettre en cause le modèle agricole national puisqu’Akhannouch a assumé la responsabilité de ce dossier pendant longtemps en tant que ministre de l’Agriculture avant d’en être responsable en tant que chef du gouvernement », nous a-t-il indiqué. Et de poursuivre : « Ainsi, il n’est pas question d’évoquer une quelconque reconfiguration d’autant que la durée de vie de ce modèle a été prolongée avec Génération Green pour la période 2020-2030 qui remplace le Plan Maroc Vert et qui fait également des exportations des fruits et légumes une priorité. Pis, l’Exécutif cherche à faire croire que l’actuelle flambée des prix des fruits et légumes est due à des facteurs externes et conjoncturels allant jusqu’à considérer toute critique n’allant pas dans ce sens, comme étant de la surenchère politique ! Tel est le cas du patron du HCP, Ahmed Lahlimi, qui a déclaré, dans une interview au site d’information Médias24, que « l’actuelle crise questionne la viabilité du modèle agricole marocain, notamment dans un contexte marqué par la récurrence des sécheresses et fortement exposé au dérèglement climatique ». A ce propos, il soutient la nécessité d’une révolution du modèle de production agricole assurant une souveraineté alimentaire ».
Critique
En outre, notre interlocuteur rappelle que le PMV a toujours suscité les critiques et les controverses depuis son lancement. « En effet, nombreux sont les études, documents et rapports qui ont remis en cause la viabilité du modèle agricole marocain et ses capacités à durer. «Les spécialistes ont souvent critiqué ses aspects jugés trop technicistes, productivistes et indifférents concernant la spécificité du secteur agricole », nous a-t-il précisé. Et d’ajouter : « Pourtant, la crise de Covid-19 et l’inflation ont mis à nu ce modèle. En fait, la population s’est trouvée contrainte d’acheter des légumes sur les marchés locaux presque aussi chers que dans certains supermarchés des pays du Nord ».
Echec
Des propos que confirme Mohamed Taher Sraïr, de l’Institut Agronomique et vétérinaire Hassan II, à Rabat, dans un article intitulé : « Repenser le modèle de développement agricole du Maroc pour l’ère post-Covid-19 ». Selon ce chercheur, « le PMV n’a pas induit de changement significatif de pratiques de production, mais il a consolidé la substitution de l’orge par le blé tendre, vu les évolutions des habitudes alimentaires de la population marocaine. L’amélioration des rendements de céréales demeure limitée (une moyenne de 1,64 tonne par ha durant la période du PMV, alorsqu’elle était de 1,17 tonne par ha entre 2001 et 2007, selon l’ONICL, 2020), inférieure à la moyenne africaine (2,34 tonnes par ha) ».
A ce propos, il explique que « malgré les efforts pour généraliser les usages des engrais dans un pays leader en termes de production et de transformation des phosphates (Lyon et al., 2020), les niveaux limités de productivité des céréales reflètent une gestion perfectible de l’eau pluviale et de la fertilité des sols. Ils démontrent aussi les faiblesses structurelles du système de conseil agricole, intimant que des interventions sur le long terme sont nécessaires pour assurer la diffusion des bases de l’agriculture de conservation, comme ce la a été démontré dans des contextes similaires (Bahri et al., 2019) ».
Et de poursuivre : « La focalisation sur le développement des surfaces irriguées est basée sur la théorie des avantages comparatifs, qui pousse l’agriculture du Maroc à exporter toujours plus de fruits et légumes en contribuant à l’assèchement des nappes, à l’instar de ce qui est relevé dans d’autres régions semi-arides du monde (Dalin et al., 2017), tout en mobilisant une main-d’œuvre bon marché. Elle astreint aussi le pays à importer l’essentiel de ses produits vivriers de base (céréales et légumineuses, huiles végétales, sucre, aliments du bétail, etc.) ».
Et de conclure : « C’est ainsi que pour les 9 premiers mois de l’année 2020, les importations de blé tendre ont crû significativement du fait de la sécheresse et de la volonté des pouvoirs publics de constituer des stocks de sécurité, atteignant un record de 5,9 millions de tonnes. Enfin, pareille stratégie passe sous silence tous les impacts environnement auxqu’elle génère (baisse de la fertilité des sols, épuisement des nappes, pollution des sols et des eaux du fait de l’utilisation croissante et non régulée de pesticides et fertilisants, perte de biodiversité, etc.) et promeut un modèle de développement dont les limites ont été dévoilées par l’irruption de la pandémie : dépendance alimentaire, vulnérabilités par rapport à la volatilité des prix des denrées exportées, manque d’eau (la distribution étant devenue rationnée dans certaines villes et dans de nombreux périmètres agricoles) ».
Hassan Bentaleb