Le Parlement ukrainien, dominé par les députés pro-pouvoir, a adopté jeudi des lois vivement dénoncées par l’opposition comme des tentatives de mettre fin au mouvement de contestation auquel sont confrontées les autorités depuis fin novembre.
Ces textes durcissent les sanctions à l’encontre des manifestants. L’installation non-autorisée de tentes ou d’estrades dans des endroits publics est désormais passible de 15 jours de détention.
Par ailleurs, d’autres lois prévoient des peines de prison allant jusqu’à cinq ans pour les personnes bloquant les bâtiments officiels, des mesures et des amendes à l’encontre des personnes manifestant avec un masque ou un casque sur la tête ou de personnes manifestant dans des cortèges de voitures.
La diffamation sur Internet sera aussi punie par une amende ou des travaux d’intérêt général.
L’un des chefs de file de l’opposition, Arseni Iatseniouk, a dénoncé une violation de la Constitution et un coup de force.
«Après de tels événements, il faut s’attendre à une nouvelle vague d’actions de protestation en Ukraine», a-t-il averti.
«Toutes ces lois ont été adoptées en violant les règlements et n’ont aucune force légale», a pour sa part déclaré le boxeur et autre leader de l’opposition Vitali Klitschko.
La procédure pour voter les lois a en effet été modifiée en cours de session parlementaire, les députés de l’opposition tentant d’empêcher ceux du pouvoir de voter par boîtier électronique. Ces derniers ont alors décidé de voter à main levée.
L’ambassadeur de l’Union européenne en Ukraine, Jan Tombinski, s’est dit «préoccupé par la façon dont certaines lois ont été votées au Parlement aujourd’hui.»
«Les lois devraient être adoptées selon des procédures précises. Autrement la crédibilité des institutions démocratiques et du système légal est en jeu», a-t-il déclaré.
Washington a également exprimé ses préoccupations, la porte-parole du Département d’Etat Jen Psaki estimant que le Parlement avait voté «plusieurs mesures controversées aujourd’hui sans le faire dans le cadre des bonnes procédures».
Kiev est le théâtre depuis fin novembre d’une contestation sans précédent contre le régime de Viktor Ianoukovitch.
Des centaines de milliers de pro-européens sont descendus dans la rue pour protester contre la volte-face du pouvoir, qui a refusé de signer un accord d’association avec l’Union européenne, ainsi que contre la dispersion violente d’une manifestation étudiante fin novembre.
Les manifestants ont installé des tentes sur la place centrale de Kiev et l’ont entourée de barricades. Ils contrôlent aussi la mairie qu’ils ont prise d’assaut début décembre.