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L'Italie espère de la souplesse de l'Europe vis-à-vis de son budget


Samedi 7 Septembre 2019

Le nouveau gouvernement italien, qui doit relancer un pays à l'arrêt, espère plus de souplesse de l'Europe sur son déficit public, une demande qui pourrait recevoir un accueil plus favorable que par le passé. La façon de faire repartir la croissance sera au coeur du forum The European House - Ambrosetti, qui s'est ouvert vendredi pour trois jours à Cernobbio, sur les rives du lac de Côme, en présence de dizaines de dirigeants politiques et d'entreprises.
Le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire est attendu samedi à ce mini-Davos à l'italienne, comme le président italien Sergio Matarella, le député d'extrême droite Geert Wilders et la démocrate américaine Hillary Clinton. Du côté du nouvel exécutif italien sont annoncés les ministres des Transports et de l'Education. Formé de l'inclassable Mouvement Cinq Etoiles (M5S) et du Parti démocrate (PD, centre-gauche), le nouveau gouvernement a prêté serment jeudi, mettant fin à une coalition populiste dominée par Matteo Salvini et un mois de crise.
"Le risque politique a disparu, le spread (l'écart entre les taux d'emprunt allemand et italien, ndlr) a fortement baissé, c'est un énorme coup de fouet pour repartir", s'est félicité l'ancien ministre démocrate de l'Economie, Pier Carlo Padoan, présent à Cernobbio.
Dans son programme, le nouvel exécutif a indiqué vouloir mener une politique économique "expansive", mais "sans mettre en péril l'équilibre des finances publiques". Il plaide pour une remise en cause des règles budgétaires européennes, jugées "excessivement rigides", estimant qu'elles doivent être davantage orientées vers la croissance.
"Sur la base des 29 points, très vagues, du programme de gouvernement, on comprend déjà qu'il y aura plus de dépenses publiques et un peu moins d'impôts, et donc plus de déficit", analyse pour l'AFP Francesco Daveri, professeur d'économie à l'université Bocconi de Milan.
L'exécutif a promis d'annuler la hausse automatique de la TVA prévue en 2020, qui devait rapporter 23 milliards d'euros. Très impopulaire, elle risquait de toucher avant tout les familles modestes et de plomber la demande et donc la croissance, qui s'annonce proche de zéro cette année.
Toutefois, certaines recettes supplémentaires ou dépenses moindres lui permettront de compenser quelque peu cette mesure: une demande plus faible que prévu pour le revenu de citoyenneté destiné aux plus pauvres; un allégement du coût de la dette grâce à la confiance retrouvée des investisseurs; et les retombées de la lutte contre l'évasion fiscale, plus efficace grâce à la numérisation des procédures, note M. Daveri. Mais ce sera loin d'être suffisant. Nicola Nobile, du cabinet Oxford Economics, estime ainsi que le déficit pourrait atteindre 2,7% du PIB l'an prochain, sous le seuil maximal de 3% fixé par l'Union européenne, mais en nette hausse par rapport aux 2% attendus cette année et 2,1% prévus pour 2020 par le précédent gouvernement. Mais la différence sera la manière d'aborder cette question avec Bruxelles: le nouvel exécutif est "largement pro-européen" et aura "une approche beaucoup plus conciliante", note M. Nobile.
Dans cette perspective, le nouveau ministre des Finances, Roberto Gualtieri, qui était président de la commission des Affaires économiques du Parlement européen depuis 2014, sera un atout. "M. Gualtieri connaît très bien le fonctionnement des institutions européennes, et on peut imaginer que chaque action du gouvernement italien sera préparée et définie (avec Bruxelles). Cela ne se passera pas comme avec le précédent gouvernement: une loi de finances défiant l'Europe et les marchés, mal accueillie à Bruxelles et devant être corrigée en quelques jours fin décembre", anticipe M. Daveri. Cet expert, tout comme M. Nobile, pense que Rome demandera de "la flexibilité" à Bruxelles, en plaidant pour une vraie relance de la troisième économie de la zone euro.
La marge de souplesse qui pourrait être concédée ne suffira pas à compenser le manque à gagner de 23 milliards d'euros, mais le contexte a changé: la future présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, semble prête à étudier une révision des règles européennes pour favoriser les investissements publics. Et son homologue de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, prône un "instrument" de financement pour la zone euro. "Alors que l'Italie a besoin d'énormément d'investissements, elle profiterait d'un plan européen de ce type, ce qui représenterait indirectement une aide pour son budget", note M. Daveri.


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