-
Les Houthis annoncent 68 morts dans des frappes américaines sur un centre de détention de migrants
-
Le représentant de la Palestine devant la CIJ : Israël utilise le blocage de l'aide comme "arme de guerre" à Gaza
-
Un automobiliste fonce dans une foule au Canada et fait plusieurs morts
-
Une explosion dévastatrice dans le principal port d'Iran fait 25 morts et 1.000 blessés
Organisateur d'un convoi à Berlin dimanche dernier qui avait rassemblé 400 véhicules,Christian Freier, 40 ans, reçoit depuis, quotidiennement des centaines de menaces de mort et des images difficilement soutenables de corps déchiquetés ou brûlés. Le site internet de son garage automobile a été piraté et ses notations en ligne ont chuté: "ma vie est un enfer", se plaint ce Russo-allemand.
Peu de messages politiques ont été brandis dans le cortège qui a choqué la classe politique allemande, le jour même où les atrocités de Boutcha étaient mises au jour. Une femme a cependant été arrêtée pour avoir affiché la lettre "Z", symbole de soutien à l'armée russe et désormais interdit à Berlin. "Mon but était seulement de protester contre les agressions que subissent au quotidien les Russes en Allemagne", assure M. Freier, prétendant que sa manifestation n'avait aucun rapport avec le conflit dont il ne veut surtout pas parler.
Depuis le début de l'invasion russe en Ukraine, 383 délits antirusses et 181 délits anti-ukrainiens ont été rapportés officiellement à la police allemande. L'Allemagne abrite 1,2 million de personnes originaires, elles ou leurs familles, de Russie et 325.000 d'Ukraine auxquels s'ajoute l'arrivée depuis un mois de plus de 316.000 réfugiés ukrainiens.
"Chaque guerre est condamnable et aucune n'est justifiable", avance le co-organisateur du cortège berlinois, l'Allemand René Hermann, 50 ans.Il allègue ne "passe positionner dans ce conflit". Mais loin des journalistes, l'homme s'avère être un blogueur influent aux milliers d'abonnés sur le réseau social Tiktok. Jusqu'à la suspension récente de son compte, il y diffusait de nombreux messages typiques de la propagande pro-Kremlin.
L'un d'eux prétendait que "des prisonniers racontent que Kiev a ordonné de mettre en scène un massacre pour manipuler la pensée occidentale". "Les motifs de participation à ces manifestations sont très hétérogènes", analyse Jochen Töpfer, sociologue à l'Université Otto-von-Guericke de Magdebourg et spécialiste de la société russe. "L'organisateur a parlé d'une manifestation contre la discrimination en Allemagne.
A côté de cela, des fans de Poutine participent certainement, ou des personnes qui n'aiment pas Poutine mais ne veulent pas voir leur pays discrédité, malgré la guerre", explique-t-il à l'AFP. Le défilé berlinois a suscité une vague d'indignation nationale: le quotidien Bild a parlé de "cortèges de la honte".
"Pour l'amour du ciel, comment avez-vous pu autoriser ce cortège de voitures de la honte en plein Berlin?", s'est offusqué en s'adressant à lamaire de Berlin, Franziska Giffey, l'ambassadeur d'Ukraine en Allemagne Andrij Melnyk. Elle lui a répondu "comprendre" sa colère maisindiqué qu'elle ne pouvait pas interdire une manifestation où étaient brandis "des drapeaux russes".
Les autorités de sécurité "surveillent de près dans quelle mesure les citoyens russes, mais aussi ukrainiens, sont en danger en Allemagne", a déclaré la ministre allemande de l'Intérieur Nancy Faeser. Ajoutant: "nous devons veiller très attentivement à ce que cette guerre ne soit pas importée dans notre société". Une hypothèse dont doute le chercheur Tobias Rupprecht de l'Université libre de Berlin: "la plupart des Russes ici ont une image beaucoup plus critique du conflit, ils ont tendance à être beaucoup plus occidentaux que les Russes en Russie".
Toutefois, "plus la guerre dure, plus le risque est grand de voir un nombre plus élevé de délits commis dans ce contexte en Allemagne", redoute M. Töpfer. Des organisations russes ont aussi condamné les défilés. "Nous ne tolérerons pas que les quelques cas de discrimination soient utilisés comme couverture pour des événements propagandistes pro-Poutine", a prévenu la communauté d'intérêts des Allemands de Russie en Hesse (IDRH).