Le gouvernement ukrainien pro-européen, confronté à des insurrections armées pro-russes faisant craindre l'éclatement du pays, a lancé dimanche une opération "antiterroriste" de reconquête à hauts risques.
"Une opération antiterroriste a débuté à Slaviansk", une des villes de l'Est de l'Ukraine visées samedi par les attaques de groupes armés pro-russes, a annoncé sur sa page Facebook Arsen Avakov, ministre de l'Intérieur du gouvernement intérimaire.
Ces forces, bien équipées et organisées mais ne portant aucun insigne et présentées comme des milices locales, y avaient pris le contrôle des bâtiments de la police et des services de sécurité.
"Des unités de toutes les forces du pays participent. Que Dieu soit avec nous", a écrit le ministre sur sa page Facebook, avant de recommander un peu plus tard aux habitants de "ne pas sortir et se tenir éloignés des fenêtres".
Des hélicoptères survolaient la ville à basse altitude, a constaté un photographe de l'AFP sur place. Une épaisse colonne de fumée noire s'élevait mais le photographe n'a entendu ni tirs ni explosions.
Samedi soir, M. Avakov avait dénoncé une "agression" russe, après une série d'attaques visiblement cordonnées lancées tout au long de la journée contre des bâtiments publics dans l'Est russophone, frontalier de la Russie. Il avait évoqué des combats dans plusieurs localités, sans faire état de victimes.
A l'issue d'une première série de soulèvements le 6 avril, des insurgés pro-russes avaient proclamé à Donetsk, grande ville de l'Est, une "république souveraine", tout en ne contrôlant alors que deux bâtiments.
Ils réclament le rattachement à la Russie, ou au minimum une "fédéralisation" de la Constitution ukrainienne pour donner de grands pouvoirs aux régions. Le gouvernement de Kiev refuse, y voyant la porte ouverte à un éclatement du pays, et accepte seulement une "décentralisation".
Ces assauts, menés par des hommes en uniformes non marqués, armés et visiblement bien organisés, rappellent le scénario qui s'est déroulé en mars en Crimée, et ont fait craindre que la Russie, qui a massé jusqu'à 40.000 hommes à la frontière, ne se saisisse du prétexte de ces troubles pour intervenir sur le territoire de son voisin.
Les assaillants sont "équipés d'armes russes et des mêmes uniformes que ceux portés par les forces russes qui ont envahi la Crimée", a ainsi tweeté l'ambassadeur des Etats-Unis à Kiev, Geoffrey Pyatt.
Washington a lancé samedi soir un avertissement aux Russes. Dénonçant des attaques "orchestrées et synchronisées", le secrétaire d'Etat John Kerry a averti son homologue Sergueï Lavrov que Moscou devra faire face à des "conséquences supplémentaires" si la tension ne retombe pas et si les troupes russes ne se retirent pas de la frontière.
Paris préconisera "de nouvelles sanctions en cas d'escalade militaire" en Ukraine, où les affrontements se durcissent entre pro-Russes et le gouvernement pro-européen de Kiev, a déclaré dimanche un membre du gouvernement français.
"Il est clair que nous serions amenés à nous prononcer pour de nouvelles sanctions en cas d'escalade militaire", il faut "un apaisement des deux côtés", a déclaré Jean-Marie Le Guen, le secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement lors d'une émission politique sur Europe 1, Le Monde et i-TELE.
Moscou dément toute responsabilité dans les troubles et M. Lavrov a de nouveau affirmé samedi que Moscou n'avait aucune intention de rattacher à la Russie les régions orientales de l'Ukraine.