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En effet, ces deux musiciens ont épaté l’assistance par une prestation relevée et des airs où les mélodies orientales ont côtoyé celles jazzy et fort recherchées. Tout était parfait ce soir-là. La musique bien entendu, mais aussi l’accueil et l’attention particulière des organisateurs sous la houlette de Nawal Saâda.
Le public qui connaît très bien Said Chraibi et l’étendue de son savoir instrumental, a pu découvrir un autre virtuose du luth et non des moindres. Seuls quelques initiés, en effet, connaissent Karim Kadiri qui s’est forgé un style propre à lui qui intègre parfaitement le luth et des airs orientaux dans le jazz.
D’ailleurs, il a deux albums à son actif : le premier créé en 2002 intitulé «Shades of brown» qu’il qualifie de «world music anti-guerre de tendance hippie, composé après le 11 septembre entièrement par ses soins avec la collaboration de plusieurs musiciens américains. Karim Kadiri qui a vécu aux Etats-Unis entre 1987 et 2001 est très influencé par les grands jazzman comme John Coltrane, Ornette Coleman, John Maclaughlin ou encore Chick Corea, ce qui en dit long sur la consistance de sa carrière et de son style.
« C’est un style qui m’est propre et qui n’est basé que sur ce que j’entends dans ma tête. Ma joie personnelle est de trouver des rythmes qui n’existent pas », explique-t-il à cet égard.
Son deuxième album « Modal citizen », sorti en 2006, consacre la naissance du groupe M’oud Swing et d’un jazz aux emportements spirituels qui donnent libre cours aux improvisations.
« Notre musique est libre et totalement spirituelle. Quand nous sommes sur scène, nous obéissons à l’impulsion du moment. C’est une folie douce et une communion magnifique, où chacun réagit au talent de l’autre », précise-t-il encore.
De retour au Maroc en 2008, il participe avec son groupe à des festivals dont Tanjazz et Mawazine.
Son groupe actuel «Marital Bliss» regroupe d’excellents musiciens dont le pianiste italien Guiseppe de Gregorio, le batteur américain David Brown et le bassiste marocain Hamza Souissi.
«Nous jouons du jazz soufi, une musique très expérimentale qu’on revisite selon nos humeurs et au rythme de nos sensations. Les mélodies sont innovantes et les rythmes sont cassés, totalement libres de tout carcan. C’est du ressenti pur et dur. Avec ce quatuor, je crée des sons que je n’aurais jamais imaginé composer», dit Karim Kadiri. Et d’expliquer :«J’ai déjà réalisé des compositions arabes, du vrai charki et je suis en attente d’une voix qui les mette en valeur».
Un virtuose doublé d’un chercheur qui ne cesse d’explorer les fins fonds des mélodies à travers les cordes de son luth, cet instrument noble qui se prête parfaitement à l’innovation et à l’improvisation, à condition d’être comme Karim Kadiri, c'est-à-dire d’en connaître les secrets et les subtilités.
Le récital à l’auditorium de l’ONA a constitué une excellente occasion pour ceux qui ne connaissaient pas cet artiste original, de découvrir un nom et un talent dont le rayonnement à l’international est incontestable.