Bayân et figures de style



Kamila Valieva :Toupie russe façonnée à l'écoleTutberidze

“Je crois que quand j'avais trois ans, j'avais dit à ma mère que je voulais devenir championne olympique. Ce que j'ai réussi maintenant, Dieu merci. Je vais continuer à travailler, et je crois que mon rêve va se réaliser de nouveau”


Libé
Vendredi 11 Février 2022

Kamila Valieva :Toupie russe façonnée à l'écoleTutberidze

A quinze ans seulement, Kamila Valieva, contrôlée positive à une substance interdite et dont le sort dépend désormais du Tribunal arbitral du sport (TAS), est la dernière incarnation à succès de l'usine à championnes moscovite d'Eteri Tutberidze, et de la génération "quad" qui a pris le pouvoir sur la scène internationale.

Comme tout ce qui s'est fait de mieux ou presque depuis plus de cinq ans dans le patinage féminin, Valieva, arrivée en archifavorite pour l'or olympique à Pékin à 15 ans seulement, est un pur produit de la très rigoureuse école Tutberidze.

Parmi ses anciennes protégées les plus illustres, mais souvent à la trajectoire météorique, il y a Alina Zagitova, championne olympique 2018 et championne du monde 2019, Evgenia Medvedeva, vice-championne olympique 2018 et double championne du monde (2016 et 2017), Ioulia Lipnitskaïa, championne d'Europe et vice-championne du monde 2014, ou encore Alena Kostornaia, championne d'Europe 2020.

Dans ses rangs actuellement figurent aussi Anna Shcherbakova, championne du monde en titre, et Alexandra Trusova, médaillée de bronze européenne et mondiale, les deux autres patineuses russes engagées aux Jeux de Pékin. Avec Valieva, précisément les trois qui ont trusté le podium européen il y a moins d'un mois et ont débarqué dans la capitale chinoise promises au podium olympique.

Née à Kazan le 26 avril 2006, l'ado russe à la silhouette longiligne et aux cheveux bruns coiffés en chignon vit son tout premier hiver en seniors.

La championne du monde juniors 2020 est jusque-là invaincue dans la cour des grandes. Elle a remporté ses deux Grand Prix, les Championnats de Russie -- là où elle a été contrôlée positive à la trimétazidine fin décembre--, a été sacrée championne d'Europe mi-janvier et a partagé l'or de la compétition par équipes avec les Russes sous drapeau neutre lundi.

C'est à cette occasion que Valieva a signé les tout premiers quadruples sauts féminins de l'histoire olympique. Un quadruple Salchow d'abord, puis un quadruple boucle piquée en combinaison avec un triple boucle piquée. Sa troisième tentative s'est soldée par une chute.

"C'est une sensation fantastique", s'est-elle alors réjouie, en avouant s'être sentie "très nerveuse".

Valieva s'est aussi emparée des trois records du monde de points depuis le début de la saison: programmes court (90,45), libre (185,29) et score total (272,71).

"Elle est incroyable. Personne ne peut nier que ses capacités athlétiques sont juste extraordinaires", admirait le patineur américain Jason Brown avant les JO-2022.

Au cours de l'épreuve par équipes sur la glace chinoise, la "quad girl" a dominé tant le programme court, en frôlant justement son récent record du monde, que le programme libre, avec près de trente points d'avance sur la deuxième, la Japonaise Kaori Sakamoto.

Invitée à se remémorer ses premiers souvenirs olympiques en conférence de presse lundi, Valieva a évoqué Ioulia Lipnitskaïa en 2014, --"Je me souviens encore de son programme libre"--, Alina Zagitova et Evgenia Medvedeva en 2018.

"Je crois que quand j'avais trois ans, j'avais dit à ma mère que je voulais devenir championne olympique, s'est-elle remémorée en début de semaine. Ce que j'ai réussi maintenant, Dieu merci. Je vais continuer à travailler, et je crois que mon rêve va se réaliser de nouveau".

Mais, après son contrôle positif et ses conséquences incertaines pour son équipe et sa participation désormais en suspens pour la suite des Jeux, la réalité risque de rattraper Valieva.

Au-delà de son cas personnel, l'affaire jette aussi le trouble sur l'école Tutberidze, dont elle n'est qu'un des nombreux visages gagnants des dernières années.

A Pékin, la sévère entraîneure russe accompagne aussi le Géorgien Morisi Kvitelashvili et le couple russe Evgenia Tarasova et Vladimir Morozov.



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