
«Le plan était qu'Ismaël se fasse sauter près du temple. Moi, je devais attendre que les ambulances arrivent pour tuer le plus de monde possible», explique-t-il. La première partie se déroule comme prévu, la veste d'Oumar, elle, se déclenche mal. L'explosion lui déchiquette le bras et une partie de l'abdomen, mais le jeune Pakistanais n'a pas rejoint le «paradis» promis. Dans quel état d'esprit se trouvait-il? «On a d'abord enfilé nos gilets explosifs, à l'écart. Ensuite, on s'est dit au revoir et on s'est promis de prier l'un pour l'autre. Je pensais que ça ferait un peu mal, mais qu'ensuite, on serait au paradis», confie-t-il depuis son lit d'hôpital, où il se trouve toujours dans un état grave. Comme beaucoup de jeunes terroristes, Oumar s'est fait recruter à l'école, à la frontière avec l'Afghanistan. «Les talibans étaient partout. Un jour, un homme s'est présenté et m'a dit de venir avec lui, pour devenir un kamikaze. Je lui ai dit que s'il voulait tuer des gens, il pouvait le faire tout seul», raconte l'adolescent. «Mais il revenait, encore et toujours. Il disait 'Ça ne sert à rien d'étudier, il n'y a rien de mieux que le paradis, tu peux le rejoindre en tuant des hérétiques'.»
Petit à petit, l'idée fait son chemin. «Les talibans prient tout le temps et lisent le Coran. J'ai fini par penser qu'ils avaient raison. Mon cœur m'a dit d'aller m'entraîner avec eux». L'entraînement dure cinq mois. En compagnie de deux autres adolescents, Oumar apprend à manier armes et explosifs. «Souvent, ils nous bandaient les yeux», précise-t-il. Pour que l'emplacement du camp reste secret. Quand sa veste s'est mal déclenchée, Oumar a fait ce que tout terroriste formé par les talibans apprend: il a tenté de dégoupiller sa grenade de secours avec les dents, pour finir sa mission. Mais avant qu'il puisse s’exécuter, un policier est parvenu à le neutraliser, d'une balle dans le bras. Oumar dit avoir réalisé qu'il avait eu tort quand il a vu les médecins s'activer pour tenter de lui sauver la vie. «Je suis reconnaissant, ils m'ont sauvé de l'enfer. La douleur est intense, mais il y a beaucoup de gens à l'hôpital dans un état bien plus grave que le mien. Ce que nous avons fait est inexcusable, nous avons tué des enfants, des femmes et des personnes âgés. Aujourd'hui, je réalise que les attentats-suicide vont à l'encontre de l'enseignement de l'Islam. J'espère que les gens me pardonneront.»