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Kamel Daoud affirmait notamment que "le sexe est la plus grande misère dans le monde d'Allah" et que "la femme est niée, refusée, tuée, voilée, enfermée ou possédée". Un collectif d'historiens et de sociologues lui avait alors reproché de véhiculer des "clichés orientalistes éculés" en réduisant les musulmans à une entité homogène. "Ce que j'ai écrit sur nos liens malades avec le désir, le corps et la femme, je le maintiens et le défends", dit l'écrivain, 46 ans. Kamel Daoud revendique son droit à l'insoumission.
"Quand vous réclamez ce droit-là, vous provoquez des réactions qui sont violentes car vous vous retrouvez dans une sorte de dissidence", analyse-t-il. Pas question de renoncer pourtant. "J'ai le droit de penser et de défendre mes idées. Chaque Algérien n'a pas besoin d'être sur la même longueur d'onde".
En 2014, un activiste salafiste avait appelé à exécuter l'écrivain pour "crime d'apostasie" après des propos sur le rapport des musulmans avec leur religion. "Les collectivismes aboutissent à l'immoralisme", affirme l'écrivain qui se revendique "libéral".
Envisage-t-il de se lancer en politique? "Non", répond-il sèchement. "Je fais ce que je sais faire. Je garde les pieds sur terre". Affirmant "ne pas détenir la vérité", l'écrivain admet cependant "provoquer des réactions" par les sujets qu'il aborde. "Si quelqu'un d'autre à partir d'un mot, d'une phrase, trouve en lui-même la vocation de faire de la politique à partir de ce que j'écris, je me sentirai quand même très utile", souligne-t-il.
Aujourd'hui, Kamel Daoud n'écrit plus dans le Quotidien d'Oran (la ville où il réside). "J'ai envie de me consacrer à la littérature, j'ai envie d'interroger le monde autour de moi mais d'un point de vue littéraire". Outre le fait que ses chroniques en disent long sur l'islamisme, le régime algérien, les relations avec la France, la cause des femmes ou les révolutions arabes, elles frappent également par leur style marqué par le vif du trait. "Écrire une chronique par jour vous mène à la faire dans la hâte, la vitesse, le sens de la formule développée comme un tir à l'arc, le lapidaire, le bref et l'outrancier".
Ecrivain algérien, Kamel Daoud a choisi d'écrire en français. "C'est une langue du désir et de plaisir, de l'imaginaire. Pourquoi ne pas en jouir?", interroge l'écrivain. "La langue française n'est pas ma langue maternelle, elle n'est pas la langue paternelle mais elle peut être une langue fraternelle", dit-il joliment. "Un jour, mon fils m'a demandé pourquoi il fallait apprendre beaucoup de langues. Je lui ai répondu qu'une maison avec beaucoup plus de fenêtres est mieux éclairée".