Johann Wadephul. Un critique de Poutine, nouveau chef de la diplomatie allemande


Libé
Mardi 29 Avril 2025

Johann Wadephul. Un critique de Poutine, nouveau chef de la diplomatie allemande
Ancien soldat, le conservateur Johann Wadephul, désigné par son parti lundi pour prendre la tête de la diplomatie allemande, s'est fait remarquer ces dernières années comme l'un des critiques les plus acerbes de Vladimir Poutine.

Ce membre de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) a rapidement après le début de l'invasion russe il y a trois ans ciblé la Russie comme l'ennemi numéro un.
Cela n'allait pas de soi dans une Allemagne qui a longtemps mené une politique conciliante envers Moscou, notamment pour s'assurer un approvisionnement en gaz bon marché.
Peu connu du grand public, hors du radar des politologues, Wadephul, âgé de 62 ans, est décrit comme pragmatique dans les médias défend des positions très claires en faveur de l'aide militaire à Kiev
"La menace la plus aiguë pour nous - pour nos vies, pour le système juridique, mais aussi pour la vie physique de tous les habitants d'Europe - est désormais la Russie", a-t-il encore récemment déclaré lors d'une conférence à Berlin.

Dans un récent entretien au journal Frankfurter allgemeine Zeitung, il avait déclaré que Poutine était "disruptif, agressif, affamé" de conquêtes.

Peu connu du grand public, hors du radar des politologues, cet homme de 62 ans décrit comme pragmatique dans les médias défend des positions très claires en faveur de l'aide militaire à Kiev.

Il a notamment plaidé pour lui permettre de frapper le territoire russe avec des armes fournies par les alliés occidentaux, à un moment où ces derniers l'excluaient formellement par crainte d'une escalade avec la puissance nucléaire russe.

Il est aussi partisan de livrer à l'Ukraine des missiles Taurus d'une portée de 500 km, ce que n'a pas exclu le nouveau chancelier Friedrich Merz. Mais que Moscou considèrerait comme une participation directe à la guerre en Ukraine.

L'absence de notoriété de Johann Wadephul ne l'a pas empêché d'être piégé, comme avant lui Angela Merkel, Elton John ou le prince Harry, par un duo de comédiens russes "Wovan et Lexus" -considérés comme des relais de la propagande de Poutine-, qui l'ont appelé en se faisant passer avec succès pour des collaborateurs du président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Lors de cet entretien réalisé avant les élections du 23 février, il avait estimé que Kiev pouvait raisonnablement espérer recevoir des Taurus, mais pas dès la prise de pouvoir de Merz en mai, selon le quotidien Die Welt.

Le natif de Husum, une commune portuaire de la région historique de Frise, près du Danemark, a un faible pour l'armée: il a servi à la Bundeswehr de 1982 à 1986, juste après avoir décroché son bac.

Aujourd'hui, il est réserviste avec le grade de lieutenant-colonel et défenseur d'un retour à la conscription obligatoire que rejette le parti social-démocrate SPD, allié à la coalition de Merz.

Après ses années sous le drapeau, il étudie le droit et devient avocat. Entré en 1982 à la CDU, son engagement politique a grandi au fil des années pour finalement le conduire au Parlement régional, puis à partir de 2009 à la Chambre nationale des députés.
 
Rompu au travail parlementaire, il s'est spécialisé en politique étrangère et devient au fil des années vice-président du groupe conservateur CDU/CSU au Bundestag.

Comme Merz, il est partisan d'une relance du moteur franco-allemand, quelque peu négligé sous Olaf Scholz, d'autant plus crucial à un moment où les Etats-Unis de Trump tournent le dos à l'Europe et laissent planer le doute sur leur volonté de continuer à la placer sous protection du parapluie nucléaire américain.

Dès 2020, Wadephul avait préconisé une coopération avec Paris en matière d'armes nucléaires, estimant que Paris devrait placer cet arsenal dissuasif sous l'égide de l'Alliance atlantique ou de l'UE.

En matière de politique intérieure, il a récemment joint sa voix à ceux au sein de la CDU qui encouragent une certaine ouverture avec le parti d'extrême droite dans le cadre des procédures parlementaires au Bundestag.

Il a ainsi estimé que des candidats de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) pourraient être nommés présidents de commissions "s'ils ne se sont pas fait remarquer de façon négative dans le passé". L'AfD représente le deuxième groupe au Bundestag, a-t-il rappelé, "il faut reconnaître cette réalité".


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