James Gray, scénariste et producteur américain de "The Immigrant"

J’aime le cinéma qui me rappelle ce que signifie être une personne

Mercredi 4 Décembre 2013

James Gray, scénariste et producteur américain de "The Immigrant"
Rendu célèbre par ses films "Two Lovers",  "Little Odessa" ou encore "La nuit nous appartient", James Gray est hanté par son passé familial. Comme en témoigne "The immigrant", sa dernière œuvre cinématographique inspirée de l'histoire de ses grands-parents, qui a été présentée dimanche hors-compétition au Festival de Marrakech. Entretien.

Libé: Vous avez dit avoir "une fascination pour les sujets sociaux", pourquoi cela?

James Gray : Cette fascination est certainement liée à mon enfance. J'ai grandi dans un univers assez modeste, au sein de la classe ouvrière, observant de ma fenêtre le sommet des gratte-ciel dans un quartier proche de Manhattan. Je pense que mes parents, particulièrement ma mère, étaient  préoccupés par cette idée de "classe sociale". J'ai senti que la vie était pour eux une lutte, principalement d’ordre financier.
Quand je suis entré au lycée, j'étais scolarisé dans un établissement privé. Je passais beaucoup de temps au cinéma et je ne prêtais pas vraiment attention au système scolaire. J’étais un mauvais élève au point qu’à l’école certains camarades issus de bonnes familles me méprisaient parfois.

Justement, est-ce que durant cette période le cinéma constituait un moyen d'évasion pour vous?

C’est certain. Sauf que le genre de film que j'aime n'a rien d'une échappatoire. Pour moi, le meilleur du cinéma est à l'opposé de ces films situés hors du réel. J'aime le cinéma qui me rappelle ce que signifie être une personne.

Comment fut votre collaboration avec Marion Cotillard pour le tournage de "The immigrant"?

Marion Cotillard est une actrice exceptionnelle. J'ai passé d'incroyables moments à travailler avec elle. En tant que réalisateur, vous essayez d'apporter de l'aide aux acteurs, mais avec elle, la situation était tout à fait différente. Je n'ai jamais eu autant besoin d'aider un acteur qu'elle. Cela était déstabilisant au début : je ne savais pas comment me comporter, car j'avais l'impression qu'elle savait exactement ce que je voulais faire ressentir au public. Elle savait ce que je voulais faire. Mieux, elle réussissait à y ajouter sa touche personnelle.

Avez-vous voulu faire de "The immigrant" une œuvre historique?

J'ai voulu produire un film historique, il se trouve que cette histoire est également très personnelle. Ce récit s’inspire à 80 % de l’histoire de mes grands-parents qui étaient présents à Ellis Island en 1983. Chaque anecdote est inspirée de leur expérience. Je suppose que j'ai voulu parler de l'histoire et de la manière dont elle est oubliée; mais j'ai également tenté de m'expliquer à moi-même comment j'en suis arrivé à être la personne que je suis. Et la réponse se trouvait directement dans mon arbre généalogique.

Parlez-nous de votre prochain film…

J'ai trois projets en cours. Mais je ne saurais pour le moment vous dire ce qu'il en adviendra. Quoi qu’il en soit, je les finaliserai tous. Beaucoup me reprochent ma lenteur, mais ils se trompent, je ne manque pas de rapidité. C’est une entreprise très complexe que de trouver les fonds nécessaires et les acteurs pour le porter, ce qui explique ce temps nécessaire.

Vous allez donner une masterclass pour le FIFM…

Je préférais nommer cela un "moment de questions-réponses". D’abord, parce que je ne suis pas un "master", cela est absurde. Ensuite, l'idée que je devrais rester assis face à l'auditoire comme une sorte de Bouddha me parait tout à fait ridicule. Cependant, je suis ici pour donner cette masterclass car j'aime Martin Scorcese, mais également le Maroc qui est un pays magnifique.

Propos recueillis par Danaé Pol

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