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Pour présenter le livre, est-il vraiment besoin de s’attarder sur cette période connue de tous, sur les circonstances exactes, datées et chiffrées, de leur jugement puis incarcération … Lui-même, dans son écriture, contrairement à ceux qui ont écrit suite à leur sortie de Tazmamart, préfère se concentrer sur les 18 années d’enfermement.
Ce jeudi 11 juin, dans l’enceinte de la médiathèque de l’Institut français de Tétouan, Aziz Binebine, 18 ans après sa sortie du bagne de Tazmamart, raconte, avec un détachement extraordinaire, 18 années d’enfermement. « Je vous raconte une histoire que j’ai lue et que je restitue », s’évertuera-t-il à répondre à ceux qui souhaitent coûte que coûte lui reparler de sa condition d’ex-détenu du bagne de Tazmamart.
Interrogé par Marie-Christine Vandoorne, directrice de l’Institut français du Nord, Aziz Binebine insistera sur le paradoxe entre l’oubli et la mémoire ; un paradoxe qu’il fallait cultiver dix-huit ans durant dans un lieu où l’amnésie collective était imposée. Il pouvait survivre à condition d’oublier, oublier qui il était, sa famille, son histoire. « Il fallait couper les ponts et accepter une nouvelle condition (…) Je me disais : « je suis né à Tazmamart, je vivrais toute ma vie à Tazmamart, c’est tout ce que je connais » (…) » Dix-huit ans après, une fois dehors, Aziz Binebine oubliera les années d’horreur pour pouvoir survivre… Parallèlement à cet effort incommensurable d’oubli, sa survie dépendait aussi de la mémoire. Il fallait chercher dans le passé ce qui pouvait l’aider… Les romans, histoires et films qui ont constitué et forgé sa jeunesse et son adolescence, lui qui était un véritable rat de bibliothèque, étaient une véritable bouée de survie avec laquelle il tentait tant bien que mal de se sauver et de sauver, par là même, les autres détenus dont il ne connaissait que le nom et la voix ! C’est cette culture, une fenêtre ouverte sur l’imaginaire, qui lui a permis de « meubler », dirions-nous, le temps qui passait, « cet ennemi terrible ».
Grâce à l’imaginaire, cette « nourriture aussi nécessaire que le pain quotidien », Aziz Binebine peut être là et nous raconter. Aujourd’hui, Aziz Binebine se dit mal à l’aise lorsqu’il rencontre d’autres anciens détenus qui « sont encore restés dans les cellules et qui ne sont pas passés à autre chose (…) ». A sa sortie de Tazmamart, il lui fallait également rayer de sa mémoire cette expérience personnelle pour pouvoir rebâtir une autre vie, « une troisième vie » dira-t-il. Une troisième vie qui a donné naissance à ce premier livre « Tazmamort », un livre qu’il dédie à ceux dont la mort a été oubliée… « Pour raconter leur mort, je devais raconter leur vie »…