«Nous faisons une application à la lettre et dans l'esprit des accords» de Schengen, a déclaré M. Guéant, en évoquant la vérification par la France de l'existence de ressources des migrants tunisiens venus d'Italie, avant de les autoriser à entrer sur son territoire.
Rome a décidé d'octroyer des permis de séjour de six mois aux plus de 20.000 Tunisiens arrivés sur ses côtes depuis janvier, pour qu'ils puissent rejoindre «amis et parents» en France et ailleurs en Europe. Une initiative qui a irrité Paris.
«Il y a une règle qui prévaut dans les accords de Schengen qui est que le premier pays d'entrée gère les populations migrantes», a souligné le ministre.
Selon lui, les ressortissants étrangers auxquels l'Italie donne des autorisations de séjour provisoire doivent montrer qu'ils disposent des ressources financières pour séjourner dans le pays de deuxième séjour et pour rentrer chez eux ensuite.
En l'absence de ces ressources, «nous reconduisons ces personnes en Italie, qui est le pays de premier séjour», a dit M. Guéant.
Le ministre a par ailleurs justifié la décision la veille de Paris de suspendre la circulation des trains depuis la ville italienne de Vintimille par le risque de désordre public que posait un train avec à bord des manifestants voulant accompagner en France des immigrés tunisiens.
«Un problème d'ordre public était en perspective et la façon la plus simple de le traiter était d'interrompre l'avancée de ce train», a-t-il expliqué.
Par ailleurs, la presse italienne a dénoncé lundi le blocage dimanche par la France de la circulation des trains depuis la ville de Vintimille vers la Côte d'Azur pour empêcher l'entrée d'immigrés tunisiens, le quotidien La Repubblica (gauche) évoquant «une gifle de Paris à Rome».
«Immigration: Paris gifle Rome en bloquant hier pendant de longues heures le transit des trains de Vintimille vers la France», écrit en première page ce journal qui consacre à la tension entre les deux pays un éditorial intitulé «Les deux populismes».
«Depuis plusieurs semaines, deux populismes s'affrontent en Europe offrant un spectacle pas très édifiant. Je dirais misérable. L'adjectif n'est pas trop fort car au centre de la dispute il y a ces réfugiés, économiques ou politiques - la différence est souvent annulée par le drame humain - qui arrivent tous les jours sur nos côtes après avoir vu souvent se noyer leurs enfants, leurs parents ou leurs amis dans la Méditerranée», écrit l'éditorialiste.
«Une vague croissante de populisme rend semblables l'Italie et la France mais en même temps rend leur affrontement plus dur. A Rome, le gouvernement dépend d'un parti xénophobe, indispensable pour la majorité parlementaire», la Ligue du Nord, «dont un dirigeant est même ministre de l'Intérieur», précise Bernardo Valli.
«A Paris, à un an de l'élection présidentielle, Nicolas Sarkozy affronte les plus mauvais sondages (...) et cherche à récupérer les voix de l'extrême droite en insistant, dans les limites imposées par son poste, sur l'aversion à l'égard des immigrés», affirme le journaliste.
«La France arrête les trains en provenance d'Italie», titre en Une le principal quotidien italien, le Corriere della Sera, poursuivant son article sur «le nouveau duel entre Rome et Paris sur les immigrés».
«Tension à la frontière, Paris bloque les trains», écrit pour sa part en première page La Stampa, le quotidien du groupe Fiat.