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Cette table ronde a été ainsi l'occasion de mettre en lumière plusieurs pages rayonnantes de l'histoire de cette communauté qui, d'une génération à l'autre, a su toujours garder son attachement indéfectible au Maroc, et à défendre ses intérêts suprêmes avec dévouement et sens élevé de responsabilité.
Ouvrant les débats, M. Ahmed Harrouz a, au nom de l'Association Essaouira-Mogador, mis l'accent sur l'importance à la fois scientifique, académique, historique et anthropologique de l'histoire de la communauté juive d'Essaouira, notant que cette communauté avait toujours contribué au rayonnement de Mogador et à son meilleur positionnement à l'international et ce, grâce aux liens que ces citoyens marocains de confession juive entretenaient avec leurs familles et proches installés notamment en Grande Bretagne et aux USA à cette époque. Intervenant de son côté, M. Sidney Corcos, juif d'Essaouira et membre de l'équipe scientifique de Bayt Dakira, a présenté un exposé détaillé sur "la présence juive au Maroc", avec un focus sur la particularité des juifs d'Essaouira, précisant que cette partie intégrante de la société marocaine, au-lendemain de la création de Mogador par le Sultan Sidi Mohammed Ben Abdellah, a joué un rôle important dans la dynamisation du port de la ville. Il a, dans ce contexte, rappelé que le Sultan Sidi Mohammed Ben Abdellah avait, à cette époque, encouragé plusieurs commerçants de confession juive dits : "Toujars A Soultan" à venir s'installer à Essaouira pour dynamiser le port de la ville et renforcer la trésorerie publique, rappelant que grâce à leur engagement, à leurs solides liens avec l'étranger et à leur parfaite maîtrise des langues étrangères, le port de Mogador s'était vu, à certains moments, s'accaparer près de 80% des flux commerciaux du Maroc.
Cette dynamique économique et sociale créée par les juifs d'Essaouira a eu pour effet d'encourager l'ouverture de plusieurs Consulats étrangers (Danemark, France, Italie, Portugal, Brésil....), a poursuivi M. Corcos, mettant en avant les avantages et le statut privilégié dont jouissaient ces négociants à cette époque.
Sur un autre volet, M. Corcos s'est attardé sur le contexte sociopolitique qui marquait à cette époque le Maroc, sur les changements survenus après le Protectorat Français, ainsi que sur les mesures prises par Feu Sa Majesté Mohammed V pour la protection de cette communauté. Poursuivant son raisonnement, documents officiels, photos et chiffres à l'appui, M. Corcos a mis en avant les efforts déployés au plan national comme à l'échelle locale pour la préservation et la revivification de cette partie de l'histoire du Royaume, saluant à titre d'exemple l'initiative de doter la cité des Alizés, du Festival des Andalousies Atlantiques, l'unique au monde à mettre côte à côte, Juifs et Musulmans pour chanter ensemble, la paix et la fraternité.
M. Hassan El-Aich, intellectuel souiri et chercheur autodidacte dans l'histoire de la ville a mis en relief cette capillarité si étroite qui avait toujours existé entre Judaïsme et Islam au niveau de la ville d'Essaouira, citant à titre d'exemple le quartier El Mellah où des familles juives et musulmanes vivaient en symbiose et se partageaient un quotidien paisible. "A Essaouira, les différences de culte ou d'ethnicité, voire même d'appartenance géographique n'avaient jamais aucune raison d'exister. On vivait en paix et dans la convivialité. Ici à Essaouira, nous entretenons au quotidien cette culture d'ouverture, et d'acceptation de la différence et d'autrui. Nous favorisons l'humanisme dans le respect des droits et des libertés de chacun'', a-t-il dit.
"Ce sont ces valeurs de paix, de solidarité, d'ouverture, de respect mutuel, d'acceptation de la différence...bref, c'est cet esprit qui tend vers l'humanité et l'universalité qui caractérise et forme l'ADN d'Essaouira et du Maroc", a conclu M. El-Aich.