
Ces cinq derniers jours, un mandat d'arrêt a été lancé à l'encontre du vice-président sunnite Tarek al-Hachémi, le chef du gouvernement chiite, Nouri al-Maliki, a réclamé le limogeage du vice-Premier ministre sunnite, et le bloc parlementaire Iraqiya, soutenu par les sunnites, a décidé de boycotter l'Assemblée et le gouvernement. Deuxième groupe parlementaire avec 82 députés, derrière la coalition chiite de l'Alliance nationale (159 députés), Iraqiya a annoncé lundi un boycottage du gouvernement, deux jours après avoir suspendu sa participation aux travaux du Parlement, en dénonçant la "dictature" de M. Maliki. L'un de ses membres, le vice-Premier ministre Saleh Moutlak a traité à la télévision M. Maliki de "dictateur pire que Saddam Hussein".
Un an après le vote de confiance du Parlement au gouvernement d'unité nationale, M. Maliki a menacé de remplacer les neuf ministres appartenant à Iraqiya s'ils continuaient de boycotter le gouvernement. Ces ministres seront "considérés comme démissionnaires (...). S'ils ne reviennent pas, nous nommerons des remplaçants", a menacé le Premier ministre lors d'une conférence de presse organisée mercredi à l'occasion de la première année au pouvoir du gouvernement d'union nationale. M. Maliki a aussi appelé les autorités du Kurdistan irakien à "prendre leurs responsabilités" et à remettre à la justice M. Hachémi, qui se trouve actuellement à Erbil, la capitale de cette région autonome. Le vice-président est soupçonné d'avoir financé et soutenu des attentats menés par ses gardes du corps. Il a rejeté ces accusations, estimant qu'elles avaient été montées de toutes pièces, et s'est dit prêt à être jugé, à condition que le procès se déroule au Kurdistan.
"Nous avons donné au dictateur Saddam Hussein un procès équitable, et nous allons nous assurer que M. Hachémi aura lui aussi un procès équitable", a répliqué le Premier ministre. Cette crise intervient quelques jours après que les derniers soldats américains ont quitté le pays, laissant derrière eux un Irak "souverain, stable, autosuffisant, avec un gouvernement représentatif qui a été élu par son peuple", selon les termes du président américain Barack Obama. Les violences en Irak ont diminué ces dernières années après avoir atteint un pic en 2006 et 2007. Mais elles n'ont jamais cessé: en novembre, elles ont fait 187 morts, selon des chiffres officiels. Les attentats de jeudi sont les plus meurtriers dans le pays depuis le 15 août, quand 74 personnes avaient été tuées et plus de 200 autres blessées dans une série d'attaques qui avait touché 17 villes.