
-
Driss Lachguar : Passerelle importante vers l’Afrique, la ville d’Agadir requiert un intérêt considérable
-
Le délai raisonnable pour statuer sur les affaires, un engagement constitutionnel en faveur des droits des justiciables
-
Mustafa El Ktiri : La récupération de Sidi Ifni, une étape majeure dans le processus de parachèvement de l’indépendance nationale
-
Débats entre experts dans la perspective de la tenue du 12ème Congrès de l’USFP
Triste record de contaminations
Pour la première fois depuis l’apparition du premier cas Covid-19 dans le pays, le 2 mars dernier, 811 nouveaux cas ont été recensés en 24h (19.645 au total), comme annoncé par le ministère de la Santé lors de son point de presse du samedi après-midi (18h). 708 d’entre eux ont été détectés grâce au suivi des cas contacts et l’identification de clusters. En pole position des nouvelles contaminations, on retrouve, encore une fois, la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima avec 455 nouveaux cas (427 à Tanger, 21 à Tétouan, 5 à M'diq, 1 à Al Hoceima, 1 à Larache). S’en suivent les 185 cas enregistrés à Casablanca-Settat (127 à Berrechid, 40 à Casablanca, 11 à Settat, 5 à El Jadida, 1 à Mohammedia, 1 à Nouaceur). Puis Fès-Meknès (103).
Laisser-aller et absence
de contrôle à Berrechid
Concernant les 127 cas de la ville de Berrechid, il s’agit principalement de foyers professionnels. « A cause du laisser-aller et de l’absence de contrôle sanitaire des employés d’une usine de fabrication de câbles électriques, quand bien même certains d’entre eux présenteraient des symptômes, la ville de Berrechid est maintenant sous le joug du nouveau coronavirus », s’agace Driss Elhabchi, responsable du service de chimie et toxicologie à l’Institut Pasteur de Casablanca. Et d’ajouter : « Le pire, c’est que lesdits employés ont côtoyé d’autres personnes travaillant dans différentes unités de production de la ville, en plus de leurs familles et proches », d’où une certaine appréhension, somme toute légitime, quant à un reconfinement de la ville. « La ville est proche d’être mise sous cloche. Pourtant, il existe encore des personnes qui croient que le Sars-Cov-2 n’est qu’une illusion », se désole Driss Elhabchi. Et il n’est pas le seul dans ce cas, tant ce genre de théories fumeuses fleurissent à tout bout de champ. Pourtant, la réalité est difficilement contestable.
Des décès plus fréquents
Pendant longtemps, le nombre de décès liés au coronavirus n’inquiétait pas les autorités sanitaires tout comme les cas graves. Aujourd’hui si, même si les chiffres ne sont pas catastrophiques. Avec 6 nouveaux décès enregistrés samedi à 18h (2 respectivement à Fès, Tanger et Marrakech), le cumul est de 305 décès. La donne a changé notamment à Tanger où « ces derniers temps, nous avons constaté l’apparition de cas graves et un nombre de décès en hausse par rapport à d’autres villes comme Casablanca ou Fès » confirme Khalit Aït Taleb, le ministre de tutelle. Pour les cas graves, on en compte pas moins de 54 dont quatre sont sous assistance respiratoire. Vendredi dernier, on a recensé pas plus de 34 cas graves. Ce bond est à mettre à l’actif du relâchement constaté récemment. Il coïncide également avec la 3ème phase du déconfinement. Les autorités se sont-elles précipitées ? De toute évidence, oui. La situation ne peut être expliquée autrement alors que le taux de reproduction de base du virus a grimpé à 1,59 et les cas actifs ont explosé. On en compte 3.058 cas, localisés principalement à Tanger-Tétouan-Al Hoceima (1.242), Casablanca-Settat (740) et Fès-Meknès (593).
Manque de responsabilité civique
A l’instar du taux de rémissions qui demeure quasi-inchangé (83% pour un total de 16.282 guérisons), le manque de responsabilité civique n’a pas non plus bougé d’un iota. Au moment du confinement, plusieurs quartiers populaires en ont été le théâtre. Absence de masque et de gestes barrières. Rassemblement des jeunes et vendeurs ambulants sans protection et au contact de plusieurs personnes à la fois. Maintenant que le déconfinement a été acté, forcément ce manque de responsabilité civique aura des conséquences amplifiées. D’ailleurs, il est affligeant de constater que les mêmes personnes qui ont eu assez du confinement sont souvent celles qui ne portent pas de masques. Un non-sens total. Mais du coup, la responsabilité des autorités est elle aussi à souligner.
Outre l’absence de contrôle dans les unités industrielles, les autorités ne veillent que très peu à appliquer l’obligation du port du masque en extérieur. La preuve ? Elle est effective depuis le 7 avril dernier par le biais de l'article 4 du décret-loi 2.20.292 qui prévoit une peine de prison allant d'un à trois mois et d'une amende entre 300 et 1.300 DH, ou l'une des deux en respectant le principe de la peine la plus lourde. Plus de trois mois plus tard, les autorités rappellent encore les citoyennes et citoyens à leurs obligations. Pensez-vous que si l’absence de masque était sanctionnée plus souvent, on en serait encore là aujourd’hui à rappeler cette obligation pour le bien de tous ? Certainement pas. Comme quoi, on finit toujours par récolter ce que l’on sème.