Hassan Diab, un Premier ministre autoproclamé “technocrate”

Je suis sûr que la solution à la plupart des défis économiques, sociaux, financiers ou encore liés au chômage, repose sur l'éducation sous toutes ses formes


Vendredi 24 Janvier 2020

Hassan Diab, à la tête du nouveau gouvernement libanais, est un universitaire et ancien ministre de l'Education qui clame son indépendance et s'est autoproclamé "technocrate", en écho aux revendications de la rue.
Peu connu du grand public, cet enseignant en ingénierie de 61 ans à l'Université américaine de Beyrouth (AUB) va prendre la succession de Saad Hariri, après plusieurs mois d'intenses tergiversations.
Sa désignation intervient plus de trois mois après le début d'un mouvement populaire de contestation dans un contexte de crise économique sans précédent depuis la fin de la guerre civile (1975-1990).
Il a été poussé au poste de Premier ministre, réservé à un sunnite, avec le soutien des mouvements chiites Hezbollah et Amal, ainsi que celui du Courant patriotique libre (CPL), la formation du président Michel Aoun, un chrétien.
Mais le principal bloc sunnite et ses alliés chrétiens n'ont pas apporté leur soutien à ce sexagénaire né à Beyrouth, compliquant encore plus la tâche que représente la formation d'un gouvernement dans ce pays multiconfessionnel.
L'annonce de sa nomination, le 19 décembre, avait été accueillie avec beaucoup de scepticisme par les contestataires.
Au Liban, où la classe politique est restée quasi inchangée depuis des décennies, il lui aura fallu plus d'un mois pour former son équipe de 20 ministres. Le pays régi par un système politique qui doit assurer un équilibre entre les communautés est habitué aux marchandages et tractations politiques interminables.
Resté à l'écart des projecteurs depuis son départ du poste de ministre de l'Education en 2014, il s'est engagé après sa nommination à former un gouvernement de "technocrates indépendants".
Hassan Diab n'est membre avéré d'aucun parti politique et ne soutient pas de groupe en particulier. Sur son site Internet, il se présente comme "l'un des rares ministres technocrates depuis l'indépendance".
Père de trois enfants, Hassan Diab a obtenu en 1985 un doctorat en génie informatique à l'Université de Bath, au Royaume-Uni.
Il est professeur en génie informatique et en ingénierie électrique à l'Université américaine de Beyrouth, où il a occupé plusieurs postes --tant dans l'enseignement que dans l'administratif--, dont celui de vice-président, depuis qu'il y est entré en tant que professeur assistant à l'âge de 26 ans.
Défenseur d'une réforme du système éducatif au Liban, il a signé plusieurs ouvrages et articles universitaires sur le sujet.
"Je suis sûr que la solution à la plupart des défis économiques, sociaux, financiers ou encore liés au chômage, repose sur l'éducation sous toutes ses formes", écrit-il sur son site Internet.
Il fut ministre de l'Education de 2011 à 2014, brève expérience dans la politique dans un contexte de forte polarisation politique, au sein d'un gouvernement dominé par le Hezbollah et ses alliés après l'effondrement d'une coalition gouvernementale déjà dirigée à l'époque par M. Hariri.
Selon des observateurs, l'histoire pourrait se répéter.
"Le prochain gouvernement sera dominé par le Hezbollah (et ses alliés) sans couverture politique pour Hariri et les sunnites", pronostiquait déjà en décembre Imad Salamey, chercheur en sciences politiques à l'Université libanaise américaine (LAU).
Tout comme il était arrivé à la tête du ministère de l'Education, M. Diab a accédé au poste de Premier ministre après le retrait de Saad Hariri.
M. Hariri était vu comme le candidat le plus probable à la tête d'un gouvernement de technocrates. Mais à plusieurs reprises il a dit renoncer au poste, face à l'opposition de ses rivaux politiques à un tel cabinet, selon lui.
Il avait démissionné le 29 octobre, près de deux semaines après le début du mouvement de contestation contre l'ensemble de la classe dirigeante.
Trois jours après le début de cette contestation, M. Diab avait lui qualifié le mouvement d'"historique", écrivant sur les réseaux sociaux que "le peuple libanais" s'était "uni pour défendre ses droits à une vie libre et digne".
Mais des manifestants l'ont critiqué pour avoir précédemment participé à ce qu'ils considèrent comme un gouvernement incompétent et corrompu. D'autres, sur les réseaux sociaux, ont attaqué un livre vantant ses mérites et son bilan de ministre, publié par le ministère de l'Education après son départ.
Interrogée par l'AFP, Samar Hamdan, une voisine depuis 15 ans, dit n'avoir "vu que de bonnes choses venant de lui".
"C'est un éminent universitaire (...) qui est resté humble en devenant ministre", a-t-elle affirmé.


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