Grand potentiel Petite exploitation

Le Maroc dans le top 5 des pays africains disposant de ressources importantes en énergies renouvelables


Hassan Bentaleb
Jeudi 11 Mai 2023

Grand potentiel Petite exploitation
«De grandes capacités en énergies renouvelables mais peu ou prou exploitées», c’est ce qui ressort du dernier rapport de la Chambre africaine de l'énergie, sur le marché des énergies sur le continent, publié récemment. Le Maroc ne fait pas exception. Il figure au top 5 des pays à énormes potentiels en matière de solaire, d’éolien et d’hydrogène mais ses capacités à exploiter ces ressources laissent à désirer.

Des ressources abondantes

 Intitulé : «The State of African Energy Q1 2023 Outlook», ce rapport révèle que «la capacité totale annoncée des énergies renouvelables en Afrique est actuellement légèrement supérieure à 375 GW» tout en précisant que «plus des trois quarts de celle-ci sont actuellement au stade de concept et un peu plus de 5% sont en exploitation ». «Cela suggère un grand potentiel avec encore plus d'avantages à mesure que plus d'opérateurs et d'investisseurs entrent sur le continent avec un objectif d'énergie propre et de transition énergétique, mais peu nombreux sont ceux qui contribuent actuellement aux besoins énergétiques de l'Afrique. Cela suppose également d'importants besoins en infrastructures nécessitant  des investissements tout aussi élevés», souligne le document.

Ce dernier indique que la répartition géographique suggère que «plus de la moitié de la capacité annoncée se situe en Afrique du Nord et, mis à part la Mauritanie à l'ouest et l'Afrique du Sud au sud, l'exposition du reste de l'Afrique subsaharienne à la capacité annoncée d'énergies renouvelables est relativement beaucoup plus faible. Outre la Mauritanie et l'Afrique du Sud, la capacité éolienne annoncée au Nigeria, la capacité globale à Djibouti et la croissance prometteuse de la capacité hydrogène en Namibie complètent les principaux investissements dans les énergies renouvelables en Afrique subsaharienne ».

A ce propos, les rédacteurs dudit rapport prévoient que «le continent devrait connaître une forte croissance de la capacité des énergies renouvelables à partir de 2025. Le solaire et l'éolien devraient stimuler la capacité ainsi que la croissance annuelle à l'avenir. Près de 80% de la capacité de 2023 est alimentée par le solaire et l'éolien ; et cela passe à environ 85% d'ici 2025. La capacité solaire et éolienne cumulée moyenne de 2026 à 2030 devrait être proche de 80% de la capacité totale sur la période. Alors que la capacité d'hydrogène augmentera au cours des années 2030, la capacité solaire et éolienne cumulée moyenne devrait être proche de 75% de la capacité totale sur la période 2031 – 2035».

Un continent riche en solaire, en éolien et en hydrogène

En détail, le document explique que «la capacité totale annoncée en énergie éolienne est estimée à près de 134 GW ». Près de la moitié de celle-ci provient d'Egypte, du Maroc et de la Mauritanie qui représentent un peu plus de 30% de la capacité totale. L'Afrique du Sud et Djibouti complètent le top 5 des pays avec une capacité éolienne annoncée et une capacité cumulée d'environ 15,5 GW. Ces cinq pays totalisent 90% de la capacité éolienne totale actuelle en Afrique. Plus de 75% de la capacité éolienne actuelle est encore en phase de conception et seulement près de 7% sont en exploitation.

Le solaire en Afrique occupe la deuxième place après l'éolien avec la capacité actuelle annoncée de 120 GW. La capacité solaire annoncée également, similaire à la capacité éolienne en Afrique, est dominée par l'Égypte - capacité de 27,86 GW, le Maroc - capacité de 22,11 GW et la Mauritanie - capacité de 13,315 GW. Ces trois pays totalisent plus de 50% de la capacité solaire en Afrique. Le Nigeria et l'Afrique du Sud avec respectivement 11,1 GW et 9,97 GW de capacité complètent le top 5 des pays africains en termes de capacité solaire annoncée. Près de 96,3 GW (~80% du total) sont actuellement en phase de conception et environ 10,75 GW (~9% de la capacité totale) sont en exploitation.

Concernant les pipelines d'électrolyseurs en Afrique, leur capacité totale annoncée est de 112 GW, dont environ 40% sont liés aux pays d'Afrique du Nord. Le potentiel du continent va cependant au-delà du Nord, l'Afrique subsaharienne abritant de nombreuses perspectives de développement de l'hydrogène vert. Cette région dispose d'un pipeline d'électrolyseurs annoncé d'environ 68 GW, la Mauritanie revendiquant plus de 50% de ce total, suivie de l'Afrique du Sud et de la Namibie. Le secteur de l'hydrogène vert de la Namibie est sur le point de croître à la suite des récents accords d'exportation avec l'Allemagne et la Corée du Sud, tandis que l'Afrique du Sud, puissance voisine et régionale, détient environ 90% des réserves mondiales de métaux du groupe de platine, qui sont essentiels à la fabrication d'électrolyseurs à membrane électrolytique polymère. «Avec le récent dévoilement du plan industriel Green Deal de l'Union européenne, qui vise à promouvoir le développement des énergies renouvelables et de l'hydrogène en Afrique, le continent est prêt pour accueillir les investissements étrangers dans les énergies propres [EO1] dans les années à venir », affirme le rapport.

Gaz naturel, un secteur prometteur

Sur un autre registre, le document de la Chambre africaine de l'énergie note que «des estimations prudentes suggèrent que le potentiel actuel de gaz naturel de l'Afrique est proche de 16.000 milliards de m3. Cela inclut un potentiel de 11% "non découvert", mais cela peut être plus élevé en fonction de la quantité des superficies inexplorées et sous-explorées à la fois à terre et au large de l'Afrique. Une augmentation de ce volume augmentera considérablement le potentiel de réserve global », indique-t-il. Et de conclure : «Les 51% de réserves «découvertes » sont les réserves «échouées» ou actuellement non développées dans les volumes pré-FEED (ingénierie et conception frontales) et, dans certains cas, pré-évaluation ou pré-évaluation technique qui sont estimées en tant que futures FID (décision finale d’investissement). Il s'agit d'une grande partie du potentiel global qui se trouve dans une phase où même un schéma de développement possible doit encore être conceptualisé et finalement finalisé ».

Hassan Bentaleb


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