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David Diop, 55 ans, est ainsi devenu le premier auteur français à remporter ce prix, décerné aux livres étrangers traduits et publiés dans l'année au RoyaumeUni ou en Irlande. "Je suis extrêmement heureux d'avoir gagné, cela montre bien que la littérature n'a pas de frontière", a déclaré le romancier à l'AFP, jugeant "magnifique" que sa traduction ait permis à "la charge émotionnelle qui a touché les lecteurs français" d'être "prolongée dans le monde anglophone".
La traductrice Anna Moschovakis, par ailleurs poétesse reconnue, partage avec M. Diop les 50.000 livres (58.000 euros) venant avec ce prix, l'un des seuls à récompenser le rôle majeur des traducteurs. Ce deuxième roman de David Diop, qui a été élevé au Sénégal et dont l'arrière-grand-père s'est battu pendant la Grande guerre, peut se lire comme un hommage aux combattants de ce conflit et notamment aux 200.000 africains ayant combattu dans l'armée française. Le narrateur, Alfa Ndiaye, est un tirailleur sénégalais. Lors d'un assaut, son compagnon d'arme et ami d'enfance est grièvement blessé. Il supplie son ami de l'achever mais celui-ci ne peut s'y résoudre.
Le livre raconte la tentative de rachat d'Alfa Ndiaye à l'égard de son compagnon, mort dans d'effroyables souffrances. Malgré la "spécificité du contexte" qui parle plus aux lecteurs francophones, les "questions de la domination fondée sur la race et de la violence coloniale, qui existent partout dans le monde", ont su parler au jury anglophone, juge Mme Moschovakis. "Cette histoire de guerre, d'amour et de folie a un pouvoir terrifiant", a elle estimé dans un communiqué la présidente du jury, Lucy Hughes-Hallett, racontant que la "prose incantatoire et la vision sombre mais brillante" du roman avait "jeté un sort" à tous les membres du jury, "époustouflés".
Devant l'impossibilité de traduire le jeu de mots dans le titre français, Anna Moschovakis a intitulé la version anglaise "At Night All Blood is Black" ("La nuit tous les sangs sont noirs"). Cette phrase tirée d'un des premiers chapitres du roman avait déjà été évoquée comme titre potentiel "avec mon éditeur en France" (Le Seuil), avant sa publication en 2018, a confié M. Diop. Le romancier le trouve "tout à fait intéressant", car "il traduit bien la volonté du roman de suggérer que la guerre et sa violence touchent tout le monde, et que quand le sang s'écoule, il a la même couleur quels que soient les êtres humains".
"Frère d'âme", déjà distingué par le Prix Goncourt des Lycéens ainsi que le prix suisse Ahmadou Korouma, a remporté la mise contre cinq autres finalistes: l'argentine Mariana Enriquez, le chilien Benjamin Labatut, la danoise Olga Ravn, la russe Maria Stepanova et le français Éric Vuillard. Au total, 125 livres étaient cette année en compétition pour le Booker prize international.