Françoise Atlan, l’autre façon de chanter l’histoire et l’espoir


L
Vendredi 27 Novembre 2009

Quel destin particulier que celui de Françoise Atlan, née en France et bercée par les chants juifs d’Espagne puisés dans les romances judéo-andalouses. Cette perle rare était en quête constante de racines même si elle a vécu au milieu du flamenco et des noubas sépharades. Mais tout cela n’était pas en mesure de lui permettre de trouver le chaînon manquant. C’est au Maroc qu’elle allait enfin parvenir à reconstituer le puzzle.
Son premier voyage au Maroc a eu l’effet d’un déclic qui s’avérera par la suite très salutaire.
C’était en 1993 dans le cadre d’une tournée organisée par les Instituts français. Trois ans plus tard, elle est invitée à se produire au Festival des musiques sacrées de Fès pour, enfin, retrouver ce qu’elle avait toujours recherchés, à savoir les racines de cette musique arabo-judéo-andalouse avec ses noubas et sa spiritualité. Elle a aussi et surtout trouvé l’esprit de convivialité, de dialogue et de tolérance qu’elle avait depuis toujours cherché aussi. A Fès, elle va faire la connaissance d’artistes voués à la même cause, puisant dans le baroque, le médiéval et dans l’héritage musical arabe d’Andalousie. Elle rencontre ainsi Aicha Redouane, Sœur Marie Kayrouz et d’autres. Elle fait également la connaissance avec les sites du festival de Fès : les sites inspirateurs comme Bab Al Makina. Mais la rencontre la plus importante et la plus décisive, est sans conteste celle de Mohamed Briouel de qui elle a pu exprimer la plénitude de son talent et de sa voix. Elle découvre enfin sa «maghrébité» longtemps enfouie aux tréfonds de son âme.    
Une rencontre décisive
Ce grand maître auquel elle voue un grand respect lui ouvre grandes les portes de la musique andalouse. «Je suis une chanteuse, se plait-elle à dire, qui revendique son droit à aborder ce patrimoine qui fait aussi partie de mes racines ».
A Dar Mrini, à Rabat, elle a enseigné à l’occasion de la tenue de l’Académie de musique des alizés, le répertoire judéo-sépharade. Une autre occasion qui lui a permis d’interpréter et d’aider à interpréter des chants du 15ème siècle en Castillan. «C’est un lieu qui vibre, dit-elle ». En effet, Dar Mrini vibre autant que le cœur de Françoise qui a retrouvé la réconciliation grâce aux mélopées arabo-andalouses, à Al Inchad, au Moual et aux romances judéo-espagnoles.
«Je me suis réconcilié avec mon passé et c’est au Maroc que c’est venu . Je sens désormais mon appartenance à une terre et ce n’est pas un fantasme. Désormais, quand je prends l’avion à destination de Rabat, Casablancais, Marrakech ou d’Essaouira, je dis que je rentre chez moi » .
Françoise Atlan est certes, née en France, mais spirituellement, c’est au Maroc qu’elle est née.  



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