Florence Arnold expose à Dar Souiri : Les origines du monde


ABDELLAH CHEIKH
Lundi 13 Avril 2009

Florence Arnold expose à Dar Souiri : Les origines du monde
Dans le cadre du Festival de musique classique d'Essaouira « Le printemps musical des alizés », les cimaises de la galerie Dar Souiri abritent les œuvres récentes  de l'artiste peintre Florence Arnold  du 16 au 20 avril courant.
La peinture expressionniste de cette artiste rêveuse se veut   la projection d'une subjectivité qui tend à déformer la réalité  du corps pour inspirer au spectateur une réaction émotionnelle. Les représentations sont souvent fondées sur des visions fragmentées, déformant et stylisant  le corps pour atteindre la plus grande intensité expressive. Celles-ci sont le reflet de la vision  synthétique que l'artiste a de son époque, hantée par la menace de la perte des valeurs et de la crise des sens. Florence Arnold  met souvent en scène des symboles, influencés par la psychanalyse naissante et les recherches du symbolisme. Elle ne s'attache plus à la réalité  objective et la soumet à  ses états d'âme.
A la différence des artistes figuratifs, Florence est convaincue  que l'art pouvait capter le sens créatif de la nature et c'est pour cela qu'elle rejette  l'abstraction absolue. Concrètement, elle se laisse influencer par la loi optique sur les contrastes simultanés.
Sa poétique se définit comme un expressionnisme lyrique dans lequel l'échappatoire tend  non pas vers le monde sauvage mais vers la spiritualité de la nature et du monde intérieur. Pour Florence, la peinture devait s'étendre de la pesante réalité matérielle jusqu'à l'abstraction de la vision pure, avec la couleur comme moyen, d'où le développement d'une théorie complexe de la couleur.  C'est la peinture comme art pur  et une réalité séparée voire  un monde en soi, une nouvelle forme d'être, qui agit sur le spectateur à travers la vue et qui provoque en lui de profondes expériences spirituelles.
Placée sous le thème « Origines du monde »,  cette exposition  met en scène les corps  qui  semblent,  selon Christe Jhelil, critique d'art, s'abandonner à la volupté sensuelle des jeux d'amour. S'ils se fondent dans la surface du tableau en un mouvement circulaire, ce n'est que pour mieux consommer leur rupture avec l'angularité du cadre géométrique dans lequel  ils s'inscrivent et évoluent. La ligne fait l'oeuvre qu'elle déroule, sinueuse, tel un ruban de gymnastique, de courbes en circonvolutions diverses. “Ombres et lumières” se répondent en échos équilibrés, tantôt dominés par le grave du noir et autres couleurs sombres, tantôt exacerbés par l'éclat de blancs plus ou moins effleurés d'un léger voile de couleur. Le temps s'inscrit radicalement dans ce travail tout en finesse. Et quand le regardeur, promptement séduit, croit d'emblée saisir les fictions picturales de l'artiste, un obstacle soudain se dresse: effacements, trouées, abîmes et autres fenêtres virtuelles, recouvrements, coulures et flaques surgissent comme autant de masques. Chaque peinture délivre ses propres émotions, ses histoires, toutes énigmes à résoudre. Jusqu'à l'énigme originelle de la naissance dans les formes ovoïdales des corps en mouvement.
Florence Arnold représente la vie à travers la légende de ses corps à la fois à peine esquissés et pétris de matière. Insaisissables.
Le plus grand intérêt de  cette  artiste oniriste et hypersensible  est   de détruire de manière nouvelle et originale les vieilles conventions des aspects formels, à l'identique  et  à la ressemblance. L'inspiration coule  librement et donne  expression immédiate aux pressions émotionnelles. Le contenu subjectif  est plus important  que la forme.
Florence Arnold (née à Schirmeck, Alsace, France) nous invite,  donc,  à découvrir ses fantasmes  à travers l'harmonie des formes et des couleurs. Devant ses tableaux,   l'œil  est charmé par la beauté des  jets chromatiques  qui provoque une impression  d'extase beaucoup plus profonde  et entraîne une émotion et une vibration de l'âme : c'est la  résonance intérieure de façon mystérieuse, énigmatique et mystique, puis elle acquiert une vie autonome, elle devient un sujet indépendant animé d'un souffle spirituel. Cette résonance gère  le contact efficace de la forme avec l'âme humaine. Toute forme est la délimitation d'une surface par une autre, elle possède un contenu intérieur qui est l'effet qu'elle produit sur celui qui la regarde avec attention. Cette nécessité intérieure qui met en scène les fragments du corps  est le droit de l'artiste à la liberté illimitée.


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