Fès, la cité sacrée


Safi Azzeddine *
Jeudi 10 Février 2011

Le cadre spatiotemporel du sacré  dépend du domaine socioculturel des nations. Au Maroc, la ville de Fès est appelée cité sainte de Moulay Idriss, capitale du fondateur de la première dynastie idrisside au IXème siècle.  Le bâtisseur de la cité est le descendant de Sidna Ali, compagnon du Prophète et époux de son unique fille Lalla Faima Zahra. Le fils Moulay Idriss II, son héritier,  a continué l'édification de la ville et le règne du pays jusqu'à sa mort. Son tombeau s'est transformé en mausolée où se rendent les habitants de toutes les régions pour lui rendre visite et le solliciter d’exaucer leurs vœux.
Fès  est aussi  un sanctuaire. Les soufis, les initiés de l'islam, l'ont toujours appelée « la Zaouïa ». Le voyageur qui venait de loin savait qu'en arrivant aux portes de la ville, c'est à son fondateur et à son saint patron lui-même qu'il demandait l'hospitalité. Les paroles, lors de la prière inaugurale du saint, est on ne peut hautaine: « Ô Dieu, Tu sais que je n'ai pas construit cette ville par vanité, par désir de renommée ou par orgueil. Mais je voudrais que tu y sois adoré, que ton Livre y soit lu et ta Loi appliquée tant que durera le monde. Ô Dieu, guide vers le bien ceux qui y habitent et aide-les à l'accomplir, voile à leurs yeux l'épée de l'anarchie et de la dissidence…».
L'influence du fondateur est portée aussi sur les prénoms des habitants en se référant au nom du Prophète, de ses descendants ou de ses compagnons. Sans oublier les titres des sourates  ou  les versets du Coran, tels Taha, Nour, Tarek, Chams ou encore Yassine. Il n'était pas rare, non plus, d'entendre le nom de versets, comme Aya.
En termes de force, le comportement humain est fait d'étonnement, de crainte voire de peur. L'homme se trouve devant une force différente par sa nature. Le sacré peut donc être la paix pour lui. Il maintient sa puissance de la religion, des lieux, des noms, des circonstances, des personnes sacrées mais aussi de l'écriture, de la parole et de la musicalité des mots.  Le vocabulaire religieux est en fait une des composantes essentielles des livres sacrés, du rituel, de la liturgie. Il intervient dans l'initiation, dans la célébration, dans la prière voire dans l'enseignement.
Julien Ries  souligne en effet que « le sacré dans le monothéisme de l'Islam, est essentiellement commandé par la présence de Dieu et par sa transcendance absolue ». Par la force du sacré, Fès a connu la paix par le rapprochement entre les ethnies et les religions. La 17ème édition du Festival de Fès des musiques sacrées du monde qui aura lieu cette année du 03 au 11 juin 2011 sous le thème  « Sagesses du monde » n'est qu'un exemple pour que Fès continue d'être un grand carrefour et un lieu de rendez-vous entre  diverses nations pour pouvoir être toujours en quête d'une paix sacrée à travers le regard de l'Autre.

* Faculté des lettres et des sciences humaines, Dhar El Mehraz-Fès



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1.Posté par safi le 22/04/2011 22:31
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