Pour la seule période allant du 26 au 28 janvier 2014, les autorités algériennes ont refoulé pas moins de 77 ressortissants syriens, dont femmes et enfants (certains) sont âgés de moins de deux mois) d’Algérie vers le Maroc via les frontières terrestres. Abandonnés à leur sort par l’Algérie, le Maroc les a recueillis dans la province d’Oujda dans l’attente d’un statut de “protection temporaire” qui leur permettrait, de demeurer légalement sur place voire de bénéficier d’un programme d’assistance à l’instar des milliers et plus de réfugiés syriens qui se trouvent actuellement sur le sol marocain.
Face à cette situation on ne peut plus dramatique, le ministère des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur d’Algérie au Maroc pour lui faire part de sa forte désapprobation au sujet de ce refoulement en masse, tout à fait contraire aux règles de bon voisinage que seul le Maroc semble observer.
Pour la petite et malheureuse histoire, certains de ces refugiés avaient pénétré chez le voisin de l’Est tout à fait légalement, visas aéroportuaires attestant de leur entrée en territoire algérien. Mais bien au-delà de la fraternité et de la solidarité arabe envers le conflit syrien, cette situation n’est pas nouvelle pour le Royaume.
En effet, depuis des décennies, le Maroc n’a cessé à cause de la permissivité volontaire des autorités algériennes d’assumer la porosité des frontières à ses dépens en gérant le problème de refoulement de clandestins pour la plupart des Subsahariens qui passaient par le désert algérien dans leur quête d’une éventuelle traversée de la Méditerranée qui, forcément, passait par le Royaume.Le Nord du Royaume devenant pour ces derniers une étape obligée, le Maroc ne s’en trouvait que plus, pris entre l’enclume et le marteau. D’un côté, le Maroc ayant à gérer une zone limitrophe longue de plus d’un millier de kilomètres difficilement contrôlable et volontairement ouverte à l’accès chez nous par les gardes-frontières et autres autorités algériens et de l’autre côté, paradoxalement la minuscule frontière avec l’Espagne des présides occupés, inaccessible et pour le moins fermée de par ses barbelés aux clandestins venus du Sud du continent.
Aujourd’hui, Alger doit revoir ses cartes et assumer ses responsabilités en optant pour un langage autre que celui de la provocation. Une coordination et une coopération appropriées auraient été plus à même de distinguer le vrai du faux dans cette histoire et surtout d’atténuer une tension dont ni nos voisins ni nous n’avons, si raison garder, besoin.