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«Un agenda qui avait été élaboré en concertation avec 25 secteurs gouvernementaux et avait identifié 9 domaines prioritaires. Et l’une des principales priorités de ce plan d’action était justement les objectifs du millénaire de développement. Un budget avait été dégagé. L’Union européenne avait fait une promesse de 50 millions d’euros et 20 postes budgétaires pour des administrateurs en charge du suivi de l’agenda de l’égalité ont même été accordés», témoigne une activiste qui a participé à l’élaboration de l’agenda de l’égalité.
Aujourd’hui, les couloirs de l’Union européenne bruissent de rumeurs inquiétantes. L’UE serait en train d’envisager sérieusement d’annuler sa promesse de don face au retard enregistré dans l’exécution de ce plan d’action sur lequel le Maroc s’est pourtant officiellement engagé en mars 2011. «Peut-on vraiment parler ici de bonne gouvernance qui est le cheval de bataille de ce gouvernement quand un plan d’action ficelé et dont le financement est bouclé est mis de côté? N’est-ce pas là de la gabegie quand on décide de faire une nouvelle stratégie, minimaliste cette fois, alors qu’il s’agit d’abord et avant tout d’argent public?» se demande cette députée de l’opposition.
Les questions, jusque-là sans réponse, se bousculent. Que s’est-il donc passé pour que le principe de la continuité de l’Etat soit bafoué sans autre forme de procès? Pourquoi un plan gouvernemental et non pas sectoriel, en complète adéquation avec la Constitution qui consacre l’égalité entre les hommes et les femmes est-il jeté aux oubliettes par le seul bon vouloir d’une ministre qui a très probablement sa propre conception de l’égalité?
Un gouvernement allergique aux droits des femmes?
Faut-il en conclure que l’actuel gouvernement et la ministre islamiste en charge de la condition féminine sont tout simplement allergiques aux droits des femmes? De plus en plus de voix des défenseures des droits humanitaires des Marocaines s’élèvent.
«Aujourd’hui, nous avons peur pour les acquis que les femmes de ce pays ont arrachés de haute lutte. Nous pensions que l’agenda de l’égalité qui est le fruit de deux années de travail collectif était chose réglée et acquise. Avec ce nouvel Exécutif, ce n’est pas du tout le cas. Cela montre bien que rien n’est jamais acquis définitivement, surtout lorsqu’il s’agit de la moitié de la société», martèle cette membre fondatrice de l’Association démocratique des femmes du Maroc.
Dès la nomination du gouvernement Benkirane, la mobilisation a commencé chez les activistes de l’ADFM. La présidente nationale par intérim de cette association, Amina Lotfi, avait adressé une lettre ouverte au chef de gouvernement pour le sommer de «mettre en œuvre les dispositions constitutionnelles relatives à l’institutionnalisation de l’égalité entre les sexes et ce à travers leur traduction et leur déclinaison opérationnelles en politiques publiques intégrées». «Nous attendons que la déclaration gouvernementale soit en harmonie avec l’esprit et les dispositions de la Constitution, les engagements du Maroc en tant qu’Etat partie à la convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et avec les aspirations des Marocaines à la liberté, à la dignité et à l’égalité qui sont les principaux piliers de la citoyenneté et de l’édification de la démocratie», pouvait-on lire dans cette missive des féministes marocaines adressée au leader islamiste Abdelilah Benkirane. Et avant même l’investiture de l’équipe gouvernementale, l’Association démocratique des femmes du Maroc s’était officiellement inquiétée, en saisissant par écrit le chef de gouvernement, du devenir de l’agenda gouvernemental de l’égalité. «Cet agenda est un seuil minimal et point de départ pour l’harmonisation des lois discriminatoires en vigueur», ont fait valoir celles du mouvement féminin tout en demandant avec force au gouvernement Benkirane de prendre «les mesures législatives, réglementaires, financières et éducatives requises pour éradiquer les discriminations et violences fondées sur le genre et pour promouvoir la culture de l’égalité et la pleine citoyenneté pour les femmes».
Visiblement ni Abdelilah Benkirane ni sa ministre Bassima Haqqaoui n’ont voulu prêter l’oreille aux revendications des Marocaines et encore moins écouter leurs inquiétudes.