Exclusif : Bienvenue dans l’univers de Kabbour ! Libé vous plonge dans les coulisses du tournage du 4ème opus de la sitcom la plus suivie

Une sacrée journée en compagnie de Hassan El Fad et de son équipe de choc


Reportage réalisé par Mehdi Ouassat et Chady Chaabi
Mercredi 16 Mai 2018

A l’approche du mois sacré de Ramadan, la nouvelle saison de la sitcom à succès, “Kabbour et Lhbib”, interprétés par Hassan El Fed et Haytham Miftah, est attendue impatiemment par près de sept millions de Marocains, conquis depuis le tout début par ce rendez-vous annuel pittoresque et humoristique de 30 épisodes, diffusés quotidiennement, en début de soirée, sur la seconde chaîne marocaine. Une création originale qui n’a de cesse d’enchaîner blagues et drôleries, portée par des personnages espiègles, enjôleurs. Un feu d’artifice de rire, de passion et d’imagination pour un cocktail détonnant auquel les téléspectateurs s’identifient aisément.
Attiré par l’envers du décor, peut-être le moment le plus exaltant du septième art, Libé a posé, durant toute une journée, un œil sur les coulisses du 4ème opus de la série. Un plateau de tournage pas comme les autres, qui révèle une mécanique, rodée et réglée comme du papier à musique, guidée par un sens du détail poussé à l’extrême et une ambiance vivante et guillerette à souhait. L’aboutissement de tout un travail préalable, très long, de pré-production, d’écriture et de repérage qui laisse peu de place au hasard et où chacun occupe un rouage d’une machine bien huilée.

En cette matinée du jeudi 10 mai, planquée en rase campagne, une petite maison dans la prairie s’est transformée en plateau de tournage. De toutes les façons, comment aurait-il pu en être autrement ? Gage d’une recherche d’authenticité, l’atmosphère paysanne qui émane de ce lieu sied parfaitement aux nouvelles aventures de Kabbour et Lhbib, de retour dans leur élément.
A l’extérieur de la modeste habitation, des poules slaloment entre d’imposants camions de production, assiégés par les techniciens. Certains d’entre eux s’affairent à décharger le matériel, en y mettant le plus grand soin, pendant que d’autres avalent vite fait leur petit déjeuner. Projecteurs, pieds, costumes et caméras, c’est tout un attirail qui se révèle à nos yeux, disposé à l’entrée d’une maison dont la porte laisse échapper un timbre familier.
Passé le palier, c’est un monde fascinant qui nous ouvre les bras: le plateau de tournage. Un monde où tourner la tête et poser les yeux ailleurs est tout aussi intéressant que de regarder à l’endroit. Un monde où règne une atmosphère au grand soleil contrairement à la météo extérieure. On s’y sent vraiment comme des petits enfants dans un cirque.     
La voix de tout à l’heure s’amplifie, à son origine Kabbour en tenue de Hassan El Fed. Tel un chef d’orchestre, le comédien et créateur de la série joue son rôle, comme il aime le dire, « de directeur artistique et accompagnateur du projet, depuis l’idée jusqu'au prêt à diffuser ». Taquin, dynamique et pointilleux, il donne des directives très précises aux acteurs. Répète inlassablement la mécanique de la scène à tourner, en faisant preuve d’un impressionnant sens de la mesure, sans doute hérité de son expérience musicale, lorsqu’il était saxophoniste dans un groupe de jazz au tournant des années 80.  
En face de lui, texte à la main, les comédiens, Abdelkader Ayzoun et Zhour Slimani, ne détournent jamais le regard, concentrés à l’extrême, les oreilles tendues, attentifs aux conseils. Ils ne ratent aucune miette des instructions et consignes qui leur sont prodiguées. Car, à cet instant, se joue l’un des moments les plus déterminants d’un tournage, la mise en place. Un moment où on est dans l’artificiel, où on diminue la part du hasard. Des instants que Hassan El Fed aime à protéger pour ne pas tomber dans le surfait.
Deux mètres plus en retrait, derrière son imposante moustache, entouré de sa garde de techniciens rapprochée, le réalisateur, Abdelhak Chaabi, alias Chacha, se fond la poire devant les répétitions qui se jouent devant lui, tout en s’appliquant, avec le plus grand intérêt et soin, à boire les paroles de son acolyte. Une étape cruciale, dont la finalité est de convertir une vision artistique en prouesse  technique.
Justement, le choix d’une mise en scène théâtrale, en plan fixe, évoque l’attachement et l’amour qu’éprouve Hassan El Fed pour la scène, lui qui a été diplômé du Conservatoire de théâtre et de musique de Casablanca. « A l’origine, cette idée m’est venue de ma passion pour le théâtre. Je suis un homme de théâtre avant tout », argue-t-il, avant d’ajouter: «Et puis, le plan fixe a fait l’histoire du cinéma, notamment parce qu’il donne l’opportunité à l’acteur de s’exprimer et au personnage de vivre. C’est lui qui crée le mouvement et non l’inverse ».
Ce type de scénographie, Chacha y est également rompu et en maîtrise toutes les subtilités, porté par une expérience de plusieurs dizaines d’années à écumer les plateaux de tournage, y façonner et modeler les images, malgré la difficulté inhérente à l’exercice. Il nous en résume les clés en deux points distincts: « Le premier est de poser les caméras de la manière la plus juste possible, c'est-à-dire de trouver le bon axe. Et puis le second consiste à choisir le bon cadrage, le plan adéquat pour telle ou telle situation. Mais tout est simple à réaliser avec Hassan et son équipe. Ils sont très forts pour donner du caractère à l’image ».
Si la difficulté du procédé dans son aspect purement technique est atténuée par la rigueur et le talent des comédiens, pour ces derniers, tout n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît. Réalité qui n’échappe guère à l’acteur principal de la série, Hassan El Fed: « La difficulté en tant qu’acteur réside dans le fait d’assurer fluidité et continuité dans la narration, conséquence de la structure imposée par les sitcoms, à savoir un enchaînement de situations comiques entrecoupées de chutes ». Et cette saison, plus que jamais, la difficulté de la tâche est amplifiée « par la durée rallongée des épisodes », enchaîne-t-il. « Ce qui fait qu’on utilise des plans fixes à l’ancienne, en découpant la scène en différents plans, avant de dynamiser le tout lors du montage en post-production », explique-t-il.
La mise en place effectuée, les comédiens quittent le plateau pour un passage obligatoire en HMC (habillage, maquillage, coiffure), faisant place nette à la grande tribu des techniciens. Comme dans une fourmilière, ces hommes et femmes de l’ombre, dans un infini va-et-vient, obéissent au réalisateur, qui, après avoir mis la main à la patte et balancé d’innombrables vannes à tout bout de champ, prend place face aux moniteurs. Il guide éclairagistes et décorateurs, appuyé par une assistante qui court partout, Hinda Oulmouddane, véritable trait d’union entre Hassan El Fed, Chacha et le reste de l’équipe. Une fonction qu’elle appréhende sans peine. « Travailler avec ce duo est un réel plaisir », avoue-t-elle. « Je n’ai jamais ressenti cela comme une difficulté, d’autant plus que j’ai déjà collaboré  avec Hassan et Chacha », conclut-elle.
A côté des caméramans engagés dans la périlleuse tâche de placer leur trépied au millimètre près, Bissar Abderrahim, chef éclairagiste, la cinquantaine passée, manipule un énorme projecteur, les mains gantées. Un travail éprouvant qui tranche avec sa mine des beaux jours.  « Comment ne pas être de bonne humeur, alors que je suis fier et honoré d’être au service d’un duo de cinéaste aussi compétent qu’humain dans sa gestion ?», nous a-t-il confié, à l’instant même où les comédiens, Hassan El Fed en tête, envahissent la scène.
Un débarquement qui transforme la préparation bruyante en étape qui s’ouvre en sourdine. Les techniciens ont fini de s’activer. Les membres de l’équipe sont quasiment tous là. Pendant que l’assistante du réalisateur lance un « En place tout le monde s’il vous plaît », les producteurs supervisent en compagnie du directeur de production. L’ingénieur du son équipe les comédiens de microphones et n’échappe pas aux griffes de Kabbour, qui s’évade un instant, de son ultime aparté avec ses compagnons, où il les réglait, après leur avoir donné une partition, pour lui asséner une vanne acérée au menton. Quand il s’agit de détendre l’atmosphère, Hassan El Fed sait le faire. Les yeux rivés sur son moniteur, Chacha supervise les derniers réglages de lumière. Les comédiens répètent leurs répliques. Les caméramans finissent de cadrer pour accueillir ce qui va se passer.
La minute suivante se réapproprie le calme machinalement. Personne ne bronche, personne ne bouge. Le bruit du silence amplifie l’écho du plus petit son. Ça y est, tout le monde est prêt; comédiens et techniciens sont en place, le tournage va pouvoir vraiment commencer.
Comme sur la ligne de départ d’une course olympique, tout le monde est aux aguets. Un silence de cathédrale envahit les lieux. Dans un souci de perfectionnisme, les comédiens jouent une dernière répétition plus communément appelée « mécanique ». La moustache de travers rectifiée, les dernières retouches de maquillage et les réglages de lumière sont autant d’ajustements qui rappellent que tout est aussi important qu’incertain. La magie peut maintenant opérer.
A l’instar de tout le monde, quand la fameuse expression, synonyme d’un coup de feu du stater « Moteur demandé s’il vous plaît. Ça tourne. Action » est prononcée, les barrières d’un univers parallèle et ensorcelant s’ouvrent et nous arrachent à notre condition de terriens, pour nous projeter lors d’une évasion ponctuelle, au cœur d’un creuset de créativité.
La scène qui nous est présentée, sans être dithyrambique, est d’une drôlerie à sculpter les abdos. On a vraiment éprouvé un mal fou à contenir nos rires, contrairement aux membres de l’équipe qui restaient stoïques, alors que, lors de la mise en place, une heure auparavant, tous, sans exception, se marraient à s’en tenir les côtes. Cela a éveillé notre curiosité quant à cette gestion émotionnelle sans faille, dégainée face à des situations comiques en rafales. Ibnou Abdoune Abderrahman, cadreur, souvent poussé dans ces derniers retranchements de par sa position d’homme de terrain le plus proche de l’action, incarne ce professionnalisme qui régit l’équipe. Il nous explique: « Par moments, il est très compliqué d’étouffer nos rires, car avant tout, on est fan de la série. Mais nous nous devons d’être irréprochables et en faire abstraction. Le métier de comédien est trop compliqué pour les perturber avec nos ricanements ». A vrai dire, certaines règles ont été édictées et approuvées par l’ensemble des protagonistes, dès le premier jour des trois semaines de tournage et marqué par une attention soutenue et un grand altruisme.    
« Coupé ! ». Après de multiples prises dans une recherche incessante de perfection, l’annonce fait l’effet d’un soulagement pour comédiens et techniciens. L’affaire est dans la boîte. Entre deux scènes, il n’y a pas de temps à perdre surtout quand il s’agit d’en gagner. Les intermittents du spectacle accélèrent le pas pour la mise en place suivante. Hassan El Fed, toujours aussi fringuant et percutant, en transmet le mode d’emploi, avant de s’engager dans un conciliabule avec Chacha. Pas timide pour un sou, on s’est rapproché du duo pour épier leurs faits et gestes. Choper quelques bribes de la discussion qu’ils ont engagée. Rapidement, on se rend compte que l’hilarante et néanmoins constructive complicité acquise pendant le tournage d’« El Fed Tv» ne s’est pas évanouie sous l’effet du temps et des huit ans qui ont séparé les deux productions.  
Leur relation ? Elle est décrite unanimement comme une association sans fierté mal placée, où leurs efforts convergent vers un seul objectif, celui d’atteindre des altitudes audacieuses de performances. Mais est-ce que cette vérité suffit à expliquer la confiance aveugle qu’accorde Hassan El Fed à l’expertise technico-artistique de Chacha ? En réalité, à force de les observer, on a fini par assimiler que le duo est aux antipodes d’une démarche archaïque et monolithique, qui veut que le cinéma soit uniquement un vieux monde dominé par la soif tyrannique d’un seul cinéaste, qui impose son point de vue.
Car au fond, ils savent tout de cette vie professionnelle, ensemble et en même temps parallèle. Avec ce recul nourri par l’influence d’une longue expérience. La fidélité est là, l’amitié est là, mais avec cette distance quand vient le soir et que chacun rentre chez lui.   Rentrer, c’est également notre destinée. C’est triste que notre exploration soit terminée. Mais en quittant le plateau, on emporte de belles images en souvenirs. Un inestimable lot de consolation. En s’éloignant, on pouvait entendre le perpétuel rituel « Moteur demandé … ». On se rend compte que nous et le soleil avions fini notre journée bien avant eux. Preuve des sacrifices et du travail de géant, que s’imposent ces artistes d’une grande dévotion.  

Kabbour et Lhbib en making off

Lieu : La région de Bouskoura
12 : Le nombre de focales ou objectifs utilisés par les caméramen.
3. Les caméras haute définition mobilisées, souvent en simultanées.  
180. A raison de trois par plan en moyenne, c’est le nombre de prises tournées.
2000. En giga, la taille des rushes (images) tournées avant l’intervention des monteurs   
10. Les projecteurs de tous types utilisés pour éclairer les scènes.
100 costumes dont plus du tiers sont réservés au personnage de Kebbour.


 

Hassan El Fed : On a réussi à libérer “Kabbour” de l’emprise et du succès de “Lcouple”

Libé : Comment expliquez-vous le succès du personnage de Kabbour?
Hassan El Fed : S’il y a une raison, c’est qu’il s’agit d’un personnage proche de la réalité mais qui en même temps est invraisemblable. Un personnage attachant mais qui bouscule la morale sociale, auquel on s’identifie sans vouloir être à sa place.  

Comment êtes-vous parvenu à assurer ce succès ?
Pour faire perdurer le succès d’un personnage, il faut maîtriser le métier, d’autant plus que Kabbour peut adopter plusieurs types de comportements et  interagir dans des situations inextricables. En plus, il est capable de donner lieu à des scènes drôles de façon interminable. Il faut dire qu’on a réussi à installer ce personnage dans le référentiel culturel marocain et maintenant on peut en sortir tout ce qu’on souhaite. On peut non seulement l’exposer à des situations différentes mais également le ramener sur des terrains artistiques différents. On peut même le mettre sur scène, c’est un vrai show man. Aujourd’hui, si on veut faire un stand-up avec Kabbour, c’est tout à fait possible.

Le caractère de Kabbour le rend-il plus attachant ?
C’est un personnage loufoque, foncièrement maladroit et qui applique très mal sa mauvaise foi. Il est bête et malin en même temps et c’est ce qui le rend plus drôle et plus attachant.

En créant ce personnage, pensiez-vous pouvoir capitaliser sur lui pour faire autant de choses ?
Pour être sincère, non. Ce sont de  petites expériences qui s’accumulent ; plus on avance et plus de nouvelles perspectives s’ouvrent devant nous. Ce serait prétentieux de dire que je savais depuis le début que ça devrait se passer comme ça. Ce n’est pas vrai. L’idée de départ était de faire un «one shot» mais comme c’est le cas dans beaucoup de sagas : sitôt que le premier coup réussit, les succès s’enchaînent.

Kabbour doit d’ailleurs son succès à «Lcouple».
Oui mais on a réussi à libérer «Kabbour» de l’emprise et du succès de «Lcouple». Je n’ai aucune gêne à le dire. «Lcouple» est un énorme succès mais il ne doit pas emprisonner Kabbour. On devait le libérer pour plusieurs raisons. D’abord pour pouvoir l’exploiter  parce qu’on ne pouvait plus le faire dans «Lcouple» et puis pour lui faire vivre de nouvelles expériences.

Cette nouvelle saison de «Kabbour et Lhbib» serait-elle aussi composée de petites capsules de 3 minutes ?   
Non pour cette nouvelle saison, nous avons essayé d’allonger les capsules puisque notre écriture a changé. Au début, nous étions sur des formats très courts, des «punchlines» avec une idée et une chute mais on s’est rendu compte après avoir écris «Who is Kabbour» que les personnages sont devenus plus bavards. Donc on peut dire que le style de «Kabbour et Lhbib 2» est totalement différent des précédentes éditions.

Concernant l’écriture, vous travaillez seul ou en équipe ?
Je travaille toujours avec une cellule d’écriture. Pour la télévision, on ne peut pas écrire seul et être pertinent et rigoureux sur toute la ligne. C’est un travail artistique mais avec une optique commerciale.

L’écriture d’un seul épisode vous demande combien de temps ?
En général, un seul épisode représente trois jours d’écriture. On est trois personnes et on travaille toujours ensemble en atelier. L’écriture de cette saison nous a pris quatre mois en travaillant tous les jours.

Comment s’opère votre choix des acteurs ?
C’est principalement sur la base de leur talent. C’est souvent des gens qui ont du talent, du moins une grande volonté de réussir.  Parfois les deux. Et puis le hasard des rencontres fait le reste.

Vous êtes le directeur artistique de ce projet. Vous avez donc la mission de diriger les comédiens sur le plateau mais vous travaillez également avec un réalisateur. Comment arrivez-vous à faire cohabiter vos deux visions artistiques ?
C’est une façon de travailler. Comme vous l’avez souligné, je suis directeur artistique dans ce projet et pour information, ce poste n’existe souvent pas dans les projets marocains. Ma mission consiste, en effet, à accompagner le travail depuis l’idée jusqu’au montage et faire en sorte qu’il n’y ait pas de segmentation du travail ni d’interférences entre les différents intervenants. Donc, mon rôle n’est pas de remplacer qui que ce soit mais d’accompagner le projet dans les différentes étapes de la production. Je suis également amené à expliquer au réalisateur le choix et l’orientation artistiques voulus par le scénario et superviser, plus tard, le montage pour mettre en lumière les spécificités à souligner.

Qu’est-ce qui vous a poussé à changer de réalisateur ?
Il faut dire que le choix des artistes avec qui je collabore dépend de beaucoup de paramètres. Je ne suis par le seul à décider là-dessus. Des fois, c’est juste une question de calendrier ou d’affinités avec telle ou telle boîte de production ou avec moi-même. Maintenant, je retravaille avec Abdelhak Chaâbi, plus connu sous le nom de Chacha, parce que j’ai enfin réussi à le trouver disponible depuis qu’on a travaillé sur «El Fed Tv». Et ce qui est agréable avec lui, c’est qu’en plus d’être un technicien compétent, c’est un grand artiste qui a son propre univers.
Depuis qu’on a travaillé ensemble, on a créé une superbe relation où il n’y a pas de place à une fierté mal placée. On s’entraide, on se charrie, on se marche dessus mais on travaille beaucoup. Son rôle est très important parce qu’il constitue une vraie valeur ajoutée pour l’esthétique du projet. Et puis, j’adore son image. Il n’y a qu’à voir ce qu’il a fait dans «Cowboy» qui est pour moi le meilleur truc que j’ai fait durant toute ma carrière.

Abdelhak Chaabi : Quand l’équipe est performante et efficace, le résultat est souvent réussi

Libé : Quelle a été votre réaction quand on a fait appel à vous en tant que réalisateur pour cette nouvelle saison de «Kabbour et Lhbib» ?

Abdelhak Châabi : J’étais très heureux  de pouvoir retrouver l’ambiance spéciale qui règne sur tous les tournages avec Hassan El Fed. Et puis je sais qu’avec sa rigueur et son perfectionnisme, toute l’équipe essaie d’être très performante et efficace. Le travail final est alors souvent très réussi.  

Ça fait un  bon bout de temps que vous n’avez pas travaillé avec El Fed ?
Oui, huit ans exactement ! Depuis qu’on a travaillé ensemble sur El Fed TV. Le temps passe si vite à vrai dire. Pour moi, c’est comme si c’était hier. Ce qu’il faut savoir, c’est que Hassan El Fed travaille avec un système bien à lui. Il considère que tel réalisateur convient à ce genre de projet et tel à un autre. On peut dire que c’est ce qui a principalement motivé son choix du réalisateur pour cette nouvelle saison de «Kabbour et Lhbib».

Vos visions artistiques sont-elles rapprochées ?
Absolument ! Mais est-ce que deux réalisateurs peuvent travailler sur un seul projet même avec deux visions artistiques rapprochées ? Je dirais que c’est là où réside la force du technicien de cinéma. En effet, ma mission dans ce projet consiste à fournir des images exactement comme les a imaginées le créateur de la série.
Il s’agit de concilier ma vision technico-artistique à celle du scénariste et du directeur artistique.  Dans le cas de «Kabbour et Lhbib», c’est Hassan qui dirige les acteurs parce qu’il est meilleur que moi dans ce domaine et n’oublions que c’est un professeur d’art dramatique chevronné. En plus, c’est lui qui écrit les textes, donc il a une certaine façon de voir les choses.  Il faut, par ailleurs, souligner que la direction d’acteur constitue une grande partie du boulot d’un réalisateur parce qu’on ne peut tout simplement pas aller bien loin avec des comédiens qui jouent mal.

Abdelkader Ayzoune : Avec la mise en scène de “Kabbour et Lhbib” je me sens transporté sur scène

Libé : Comment se passe le tournage avec Hassan El Fed et son équipe ?
Abdelkader Ayzoune :J’ai la chance de tourner avec un directeur artistique très doué (NDLR : Hassan El Fed) et des artistes aussi talentueux. C’est une chance incroyable de tourner dans ce genre de projet mais il ne faut pas se tromper, le métier de comédien est épuisant. On ressort d’un tournage totalement lessivé après avoir tout donné mentalement et physiquement.

Avec «Kabbour et Lhbib», on dirait que vous avez retrouvé votre première vocation: le théâtre.  
Disons que j’ai toujours aimé le théâtre, avec la souffrance qu’il provoque et le plaisir qu’il procure. Et c’est vrai qu’avec la mise en scène de «Kabbour et Lhbib» je me sens transporté sur scène. Cela est dû à la vision de notre directeur artistique qui est avant tout un homme de théâtre et un professeur d’art dramatique.

Pensez-vous justement que l’acteur, quelles que soient ses performances artistiques, a besoin d’un directeur artistique qui l’encadre et le dirige ?
Bien entendu. Un comédien a toujours besoin d’un directeur artistique pour le diriger. Ceci est très important. Et Dieu sait que nous avons au Maroc des metteurs en scène très brillants, qui savent tirer le meilleur d’un acteur. Cela dit, il ne faudrait pas que cet encadrement  soit une entrave au travail de l’acteur. Celui-ci, quand il étudie son rôle à venir, quand il prend connaissance du scénario, devrait lui aussi avoir son mot à dire. Il doit donc apporter sa propre réflexion et exprimer son point de vue. 

Quelle est votre préférence entre le théâtre, le cinéma et la télévision ?
Il y a un point commun, un fil conducteur entre le théâtre, le cinéma et la télévision. C’est le fait de toujours incarner des personnages, mais les techniques sont très différentes, bien entendu. Jouer devant une caméra est une chose et sur une scène de théâtre en est une autre. Au théâtre, il y a cet échange direct avec le public. Vous pouvez modifier les intonations de votre voix, accentuer votre gestuelle… Mais devant une caméra, tout est calculé à l’avance. Bref, le théâtre est pour moi un lieu magique, mais j’aime aussi la télé et le cinéma. 


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