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Et si le PJD voyait également sa bosse ?

Benkirane s’amuse à flinguer les partis “Made in administration”


Hassan Bentaleb
Lundi 27 Juin 2016

Benkirane a une définition étrange du concept de parti politique. D’après lui, une formation politique est d’abord un rassemblement de personnes  cherchant à réformer la société.  Et cette mission n’aura pas lieu que si le parti est constitué d’hommes et de femmes liés par la foi et par une  volonté de réforme et de sacrifice.  « Vous ne pouvez pas réformer avec des personnes corrompues puisque Dieu n’aime pas les prévaricateurs », a déclaré le chef du gouvernement lors d’une rencontre tenue dimanche dernier à la Maison de la presse à Tanger. 
Une définition qu’on a du mal à accepter de la part du  secrétaire général du PJD qui n’est pas un novice du champ politique.  Idéalisation de l’action politique ? Naïveté ou simplement populisme ? S’il est vrai que le parti est un groupement de personnes, il n’en demeure pas moins qu’il ne représente pas une position unifiée puisque traversée par des courants qui n’ont pas souvent les mêmes positions concernant telle ou telle question. 
Autre reproche et non des moindres à la définition par Benkirane de ce qu’est un parti politique. C’est que ce dernier ne sert  pas que l’intérêt général et des idéaux  mais également les ambitions personnelles, les intérêts catégoriels et ceux de ses dirigeants. Max Weber est catégorique : un parti, c’est avant tout une lutte pour la conquête de postes et un tremplin pour donner aux militants des chances de poursuivre des objectifs (prestige, le sentiment d’appartenance à un groupe, obtenir un bon poste politique).
Pour Benkirane, le PJD n’est pas une organisation religieuse, mais un parti politique qui s’inspire du référentiel islamique et ses militants ne sont pas des saints mais des personnes qui œuvrent conformément à  leurs croyances et convictions.    « Nous ne voulons pas dominer l’Etat ou les citoyens. Au contraire, nous voulons exercer la politique comme l’édicte la loi qui autorise  l’existence des partis politiques et la participation politique », a-t-il indiqué avant d’ouvrir le feu sur son ennemi éternel, le PAM, et les partis dits de l’administration en annonçant que ces formations n’ont pas d’avenir et qu’elles subiront le même sort que le Front pour la défense des institutions constitutionnelles (FDIC) créé le 21 mars 1963 par feu Ahmed Réda Guédira. 
Pourtant, Benkirane a fait peu de cas de deux détails de grande importance. D’abord, celui des origines du parti de la Lampe qui croisent elles aussi celles des partis de l’administration. 
Nul n’ignore que le PJD est sorti du Mouvement populaire démocratique et constitutionnel (MPDC) du docteur Abdelkrim El Khatib,  qui lui même a été partie prenante dans la création du (FDIC). Derrière cet accouchement forcé qui a donné naissance en juin 1996 au PJD, il y avait un certain  Driss Basri. L’imparable ministre de l’Intérieur de l’époque  a voulu que le MPDC reprenne vie en s'ouvrant à des membres du Mouvement Unité et Réforme (MUR), regroupant notamment d’anciens membres de la Chabiba Islamiya qui s’étaient engagés à renoncer à la violence.
Ensuite, Benkirane semble oublier que sa majorité actuelle abrite un parti de l’administration qui n’est autre que le Rassemblement national des indépendants (RNI) fondé à la fin des années 1970 par Ahmed Osman, ex-Premier ministre.
Enfin, le secrétaire général du PJD a également oublié que l’ensemble de ces partis dits de l’administration ont amorcé depuis quelques années une mutation dont l’objectif était de se départir de l'étiquette de « parti de l'administration » qui leur avait été attribuée sous le règne de Hassan II. Ces partis tentent, tant bien que mal, de s’inscrire aujourd’hui sur l’échiquier politique en tant que partis d’une droite modérée,  économiquement libérale et prônant la démocratie.



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