Est-ce si difficile de faire rire ?


Par Abdeslam El Khatib
Samedi 21 Novembre 2009

Etre humoriste n’est certainement pas une mince affaire comme certains ont tendance à le croire. Cela suppose une connaissance très profonde de la société dans laquelle on vit, ses préoccupations, ses attentes et ses interrogations. Et comme cela change d’une classe sociale à une autre, d’un niveau d’instruction à un autre et d’une contrée à une autre, l’humoriste se doit non seulement de concevoir des textes assortis avec tous ces paramètres mais aussi et surtout, prendre garde de ne pas froisser les sentiments d’une minorité, d’une ethnie ou des personnes atteintes de certaines anomalies physiques.
Au Maroc, l’humour a beaucoup évolué depuis quelques décennies mais pas toujours dans le bon sens. Et si certains humoristes travaillent leurs styles et leurs gags en allant passer des stages et en cherchant toujours à parfaire leurs prestations, aidés en cela par un niveau d’instruction conséquent, voire parfois assez important, d’autres restent très limités, répètent les même clichés sans savoir dans certains cas qu’ils versent dans la ségrégation plutôt que dans l’humour et sans faire la distinction entre la blague (Noukta) et l’humour. Des années durant, ils ont repris les mêmes images, les mêmes stéréotypes comme si la vie de tous les jours stagnait. On retrouve ainsi la même dualité, citadin - compagnard, Arabe - Berbère, Noir-Blanc , etc.
D’autres par contre, font un travail plus recherché et plus raffiné. Ils sont au courant de tout ou presque, ils connaissent parfaitement l’actualité marocaine et étrangère parce qu’ils lisent beaucoup et sont à l’affût de toutes les nouveautés, qu’elles soient politiques, sociales, économiques ou encore sportives. D’ailleurs, le mois de Ramadan est le thermomètre par excellence pour mesurer le degré de créativité et de maturité des humoristes qu’on nous propose après la rupture du jeûne. Souvent, malheureusement, cela tourne au matraquage pour ne pas dire au harcèlement.
Rares sont les humoristes qui se démarquent. Houssine Benyaz, Hanane Fadili, Hassan El Fed, Said Naciri, pour ne citer qu’eux, sont les seuls à proposer un travail élaboré et fin. Mais cela se comprend dans la mesure où ces artistes ne cessent de chercher le mot adéquat, la phrase expressive et la tournure magique qui vous secoue.
Hassan, on le sait, est un artiste accompli : il est artiste plasticien, musicien, comédien et j’en passe. Hanane, elle , ne rate pas une occasion pour aller parfaire ses connaissances. Quant à Said Naciri , on sait qu’il est imbu de la fibre humoristique pour laquelle il a laissé tomber une bonne carrière professionnelle , en plus du fait qu’il soit intellectuel et avisé, alors que Benyaz est l’exemple type de la personne qui sait évoluer et qui parvient à transcender les conjonctures et les époques. Les autres, dans la plupart n’évoluent guère et pour justifier cette situation, on avance des motifs qui ne sont pas convaincants du genre « les Marocains ne rient pas facilement ou que les choses sont tellement mauvaises qu’on n’a plus envie de rire ». C’est en quelque sorte, justifier la médiocrité de certains humoristes auxquels on ouvre grandes les portes de la télévision, des soirées ou encore des spots publicitaires et qui déçoivent dans la plupart des cas pour ne pas dire dérangent .

Hanane Fadili :
allaitée et sevrée
d’humour
D’une famille artiste jusqu’à la moelle, Hanane Fadili a certes une longueur d’avance. Son milieu familial étant très propice, elle n’avait qu’à travailler et encore travailler pour être a la hauteur de son appartenance. Hanane a fait sa première apparition à la télévision dans l’émission TV3 qui, à l’époque, était une véritable révolution dans le tube cathodique avec des effets et des trucages très en avance par rapport à ce qui existait. D’ailleurs, il n’y avait qu’une seule chaîne. Mais c’est avec Taieb Seddiki qu’elle entre dans le vif du sujet alors qu’elle n’avait que 17 ans. Cela coïncidait d’autre part avec le début de 2M où Hanane est choisie dans un casting pour présenter une émission humoristique «Foukaha ».
C’est certainement ses débuts à la 2ème chaîne qui lui ont valu l’admiration du public, parce qu’elle avait quelque chose de nouveau que les autres n’en avaient pas.
Après, elle fait des stages et suit des formations en France notamment. Mais ses apparitions se font de plus en plus rares. Une chose est sûre cependant : quand Hanane Fadili disparaît, c’est qu’elle travaille, et quand elle revient, c’est pour nous «tuer» de rire.


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