Six pays --les Pays-Bas, la France, l'Allemagne, la Suède, la Finlande et le Danemark-- bloquent l'intégration des deux pays déjà membres de l'Union européenne et exigent des résultats plus marqués dans la lutte contre la criminalité et la corruption.
Or, l'adhésion doit être approuvée par une décision unanime des gouvernements des 26 Etats de l'Espace Schengen.
Trois pays de l'UE, le Royaume-Uni, l'Irlande et Chypre sont restés hors de cet espace, auquel ont adhéré en revanche la Suisse, la Norvège, l'Islande, et le Liechtenstein, non membres de l'Union. Les élus européens ont jugé par 487 voix contre 77 et 29 abstentions que la Bulgarie et la Roumanie pouvaient adhérer, car ils sont techniquement prêts à assurer le contrôle de leurs frontières et à même de protéger les données du système d'information Schengen.
L'avis du Parlement européen sera discuté jeudi à Luxembourg par les ministres de l'Intérieur de l'UE, mais aucune décision ne sera prise à cette occasion, ont indiqué des sources diplomatiques.
Les gouvernements attendent le rapport que la Commission européenne doit publier en juillet sur les réformes de la justice et la corruption dans les deux pays.
Les adhésions seront à nouveau discutées en septembre, «mais il n'est pas certain qu'un accord sera trouvé», ont reconnu des diplomates bulgares. Le ministre néerlandais chargé des Affaires européennes Ben Knapen a été très clair lors de ses entretiens avec les autorités bulgares en mai.
«Pour nous, ce qui est décisif, c'est l'assurance que les progrès réalisés ici sont durables et irréversibles et nous voulons être convaincus que c'est bien le cas», a-t-il averti.
La possibilité de réintroduire des contrôles aux frontières nationales avec un Etat de l'espace incapable de contrôler ses frontières, actuellement à l'étude, devrait permettre de lever les réserves de la France.
La Bulgarie et la Roumanie espèrent convaincre cet été et être admises dans Schengen avant la fin de l'année.
L'entrée de la Roumanie et de la Bulgarie dans l'espace Schengen est une question sensible s'agissant de deux pays qui deviendront alors les gardiens des frontières extérieures orientales de l'Union européenne.
Leur intégration à l'Europe sans frontières, initialement prévue en mars, a été retardée en raison des préoccupations exprimées par la France et l'Allemagne sur leur capacité à lutter contre la corruption.
«La région Bulgarie-Turquie-Grèce est l'une des plus sensibles aux frontières extérieures de l'Union européenne en termes d'immigration clandestine», souligne l'eurodéputé portugais Carlos Coelho, rapporteur sur la question.
Sofia et Bucarest, qui ont commencé à mettre en œuvre les normes et les procédures de l'espace Schengen depuis leur adhésion à l'Union européenne en 2007, sont jugés désormais «suffisamment préparés», ajoute-t-il.